Des assises nationales: le seul moyen pour Faure Gnassingbé de quitter la scène par une porte moins petite

Les Allemands diraient «eine Sackgasse», une voie sans issue. Oui, c´est la situation dans laquelle se trouve actuellement Faure Gnassingbé, le président de fait de notre pays qui a épuisé tous les alibis possibles qui lui assureraient un règne à vie sur le Togo. À première vue on croirait que le «prince-héritier» togolais est devenu sérein avec l´avènement au forceps de sa cinquième république impopulaire, qui projette les Togolais, sans leur avis, dans un hypothétique système parlementaire. Non, Faure Gnassingbé a du souci à se faire quant à son avenir politique, quant à son avenir tout court.

Le fils de Gnassingbé Éyadéma sait très bien que tous les pays qui nous entourent, francophones comme anglophones, connaissent l´alternance au sommet de leurs états depuis plusieurs années. Il sait pertinemment que les errements politiques qui ont cours au Togo, par le fait de son régime, hérité de son père, appartiennent à l´histoire dans notre entourage immédiat. Il sait aussi et surtout que toutes les gymnastiques de sa part, pour ne pas devoir quitter le pouvoir, sont illégales et ne reposent sur aucune loi de la république togolaise.

Faure Gnassingbé et son entourage immédiat savent qu´ils sont une vilaine exception dans la sous-région, mais s´accrochent au pouvoir, à leurs privilèges et ne veulent pas que les choses changent. De l´autre côté, le peuple togolais et son opposition, même réduite en peau de chagrin, résistent et se battent pour que le pouvoir politique au Togo cesse d´être l´occasion où le plus fort écrase le plus faible, comme c´est le cas actuellement. Oui, la persécution tous azimuts dont sont victimes les populations et les leaders de l´opposition togolaise est bien réelle. Le calvaire des réfugiés politiques, dont beaucoup sont déjà morts en exil, l´angoisse des prisonniers politiques, dont bon nombre ont quitté ce monde en détention, les acharnements quotidiens sur beaucoup de citoyens, taxés d´opposants: voilà le lot des persécutions, des violations des droits de l´homme, doublé d´une totale impunité pour les auteurs, dont l´écho a depuis longtemps traversé nos frontières. Et un régime de dictature comme celui que nous subissons au Togo, depuis plus d´un demi-siècle, ne doit sa longévité qu´à des complicités extérieures et surtout intérieures.

Et nous venons de le voir avec la nomination de grands-pères et grands-mères de familles pour sièger dans un supposé sénat qui ne repose sur aucune légitimité populaire. Des Togolais et des Togolaises d´un certain âge qui, malgré la souffrance des populations togolaises, ne voient que leurs privilèges et leurs intérêts personnels, après avoir, pour beaucoup d´entre eux, contribué à asseoir la dictature du père Éyadéma Gnassingbé. Il en va de même pour les «parlementaires» siégeant dans une assemblée nationale de pacotille, majoritairement aux couleurs du parti de dictature UNIR. Et comme nous l´indiquions au début de notre propos, l´unilatéral basculement de notre pays dans une hypothétique 5e république, synonyme d´un système parlementaire, avec l´«élection» et la nomination de supposés sénateurs, constituent aujourd´hui, malgré les apparences, un casse-tête chinois pour le régime togolais. En effet, contesté de partout par les Togolais et leur opposition, Faure Gnassingbé sait très bien qu´il n´est nullement au bout de ses peines quant à ses incohérentes gymnastiques pour rester éternellement au pouvoir, malgré le ton clair de la constitution de 1992 qui s´y oppose. C´est une telle situation de blocage institutionnel délibéré que nous qualifions de voie sans issue. Car, quel que soit le temps que ça dure, aucun régime au monde, aussi cruel soit-il, n´est jamais venu à bout d´un peuple déterminé comme celui du Togo qui n´a que trop souffert.

Alors, comme notre titre l´indique, il ne peut y avoir d´échappatoire raisonnable, à même de contribuer relativement à sauver la face, pour Faure Gnassingbé et son régime, que de remettre la balle à terre et d´accepter de mettre de l´eau dans leur vin. En d´autres termes, l´utilisation permanente de la force, donc de la persécution pour faire peur, n´a jamais eu d´avenir nulle part ailleurs, et est également, tôt ou tard, vouée à l´échec dans le cas togolais. C´est pourquoi, comme beaucoup de compatriotes l´ont déjà proposé avant nous, nous estimons que notre pays ne pourra pas faire l´économie de sincères pourparlers inter-togolais, que nous pouvons également désigner par assises nationales, si le régime actuel autour de Faure Gnassingbé veut vraiment mettre fin, sans grands dégâts, à la crise politique togolaise qui dure depuis plusieurs décennies. Et comme c´est Faure Gnassingbé et son équipe qui sont aujourd´hui en possession de tous les leviers du pouvoir, la balle est dans leur camp et il leur revient de faire le pas dans la bonne direction. À cet effet, la volonté et le courage politiques devraient animer le président de fait de notre pays et ses collaborateurs, civils comme militaires, pour commencer à adopter un comportement qui faciliterait une amnistie générale, avec pour conséquence le retour des réfugiés et la libération des prisonniers politiques. Voilà les conditions qui permettraient que les Togolais de tous horizons cessent enfin de se regarder en chiens de faïence pour se faire confiance.

Et pour obtenir ces conditions qui aboutiraient à des assises nationales, l´opposition togolaise, unie et parlant enfin d´une voix, devrait énormément y contribuer en organisant avec le peuple, qui n´attend que ça, des campagnes et mouvements de contestation et de pression, au pays et dans la diaspora, sur le régime de Faure Gnassingbé. Nous estimons que la priorité, aujourd´hui, n´est plus aux pertes de temps qui consisteraient, pour les partis politiques de la vraie opposition, à se préparer pour une quelconque élection quelle qu´elle soit. Les malheureuses expériences du passé, en termes d´élections, qui ne sont que synonyme d´accompagnement et de légitimation d´un régime qu´on prétend combattre, ne suffisent-elles pas pour servir de leçons?

Samari Tchadjobo
Allemagne

2 thoughts on “Des assises nationales: le seul moyen pour Faure Gnassingbé de quitter la scène par une porte moins petite

  1. Il faut une revolution populaire de la RUE pour faire quitter Faure et son regime militaire l’unir Rpt au Togo.

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