Togo- Conférence-débat de TPAMC: Ce qu’il faut retenir du bilan des 20 ans de gouvernance de Faure Gnassingbé

Ce 24 avril 2025 à Lomé, à l’occasion du 20ᵉ anniversaire de l’élection présidentielle de 2005, marquée par des violences ayant coûté la vie à environ 500 personnes, le front « Touche Pas À Ma Constitution » a organisé une conférence-débat intitulée « Gouvernance des 20 dernières années – Bilans et Perspectives ».

Cet événement, tenu à Lomé, a réuni des experts et acteurs de la société civile pour dresser un bilan critique des deux décennies de gouvernance sous Faure Gnassingbé et envisager des alternatives pour l’avenir du Togo.

Un bilan multidimensionnel accablant

Les communications présentées ont abordé quatre dimensions fondamentales : sociale, État de droit, économique et politique. Les intervenants ont souligné une gouvernance marquée par l’autoritarisme, l’injustice sociale, la corruption et l’absence de vision stratégique pour le développement du pays.

  • Sur le plan social : Togoata Apédo-Amah a dénoncé une gouvernance chaotique ayant plongé le Togo dans l’insécurité, la paupérisation et l’inculture. Les libertés fondamentales sont bafouées, et la misère s’est généralisée, avec des chiffres alarmants de pauvreté (50 à 90 % selon les régions). La jeunesse, privée de perspectives, est contrainte à l’exil ou à des emplois précaires.
  • Sur l’État de droit et les libertés publiques : Ouro-Djikpa Tchatikpi a mis en lumière les violations systématiques des droits humains, la répression des opposants et la mainmise du pouvoir exécutif sur le système judiciaire. Les libertés d’expression, de réunion et d’association sont sévèrement restreintes, instaurant un climat de peur et d’autocensure.
  • Sur le plan économique : Ouro-Akpo Tchagnao a critiqué une gouvernance basée sur la privatisation des secteurs stratégiques au profit d’intérêts étrangers et l’endettement massif. La dette publique a explosé, passant de 760 milliards de FCFA en 2005 à 4 080 milliards en 2025, sans impact significatif sur le développement. Les politiques économiques, malgré des ambitions affichées, n’ont pas permis de réduire les inégalités ni d’améliorer les conditions de vie des Togolais.
  • Sur le plan politique : Gnimdéwa Atakpama a analysé la transformation du paysage politique sous Faure Gnassingbé, marquée par une gouvernance dynastique et des réformes constitutionnelles visant à pérenniser le pouvoir familial. Les élections sont qualifiées de mascarades, et les divisions ethniques sont instrumentalisées pour maintenir le régime en place.

Des perspectives pour l’avenir

Nathaniel Olympio, Premier Porte-parole du front « Touche Pas À Ma Constitution », a appelé à une mobilisation citoyenne pour mettre fin à la dictature et engager une transition démocratique. Il a souligné la nécessité de repenser la lutte politique en mettant de côté les intérêts partisans pour défendre l’intérêt général. Selon lui, la voie des urnes est une impasse face à un régime qui organise des élections frauduleuses. La résistance patriotique doit aboutir à une phase de transition pour reconstruire les fondations de la Nation.

Un appel à l’action collective

Les intervenants ont exhorté les Togolais à s’unir pour conquérir leurs libertés et leurs droits. Ils ont également interpellé la communauté internationale, notamment les pays de la CEDEAO, à cesser leur complaisance envers le régime et à soutenir les aspirations démocratiques du peuple togolais.

Cette conférence-débat marque un tournant dans la prise de conscience collective et appelle à un sursaut national pour bâtir un Togo plus juste, démocratique et prospère. Les participants ont insisté sur l’urgence de mettre fin à la gouvernance de prédation et à la présidence à vie, tout en soulignant la nécessité d’une transition politique pour redéfinir les bases de la Nation.

Les défis à relever

  1. Restauration de l’État de droit : Il est impératif de rétablir l’indépendance du pouvoir judiciaire et de garantir le respect des droits humains fondamentaux. La lutte contre la corruption et l’impunité doit être une priorité pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions.
  2. Réformes économiques et sociales : Une gouvernance transparente et responsable est nécessaire pour redresser l’économie et améliorer les conditions de vie des Togolais. Cela inclut la réduction de la dette publique, la promotion de l’entrepreneuriat local et la mise en place de politiques sociales inclusives.
  3. Renforcement de la société civile : La société civile doit jouer un rôle central dans la défense des droits humains et la promotion de la démocratie. Il est crucial de soutenir les organisations de la société civile et de protéger les défenseurs des droits humains.
  4. Unité nationale et réconciliation : La réconciliation nationale est essentielle pour surmonter les divisions ethniques et politiques. Un débat inclusif et sincère doit être initié pour apaiser les tensions et construire une vision commune pour l’avenir du Togo.

Conclusion

La conférence-débat « Gouvernance des 20 dernières années – Bilans et Perspectives » a mis en lumière les échecs et les défis de la gouvernance sous Faure Gnassingbé. Les intervenants ont appelé à une mobilisation collective pour mettre fin à la dictature et engager une transition démocratique. Le peuple togolais, soutenu par la communauté internationale, doit se lever pour conquérir ses libertés et ses droits, et bâtir un avenir meilleur pour les générations futures.

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