Togo- Trois jours pour étouffer les municipales ?

Trois jours. C’est le temps ridicule que le gouvernement togolais a accordé pour réviser les listes électorales dans chaque zone avant les municipales – du 7 au 23 avril 2025 selon le décret 2025-030/PR. Pour les cinq partis d’opposition – CAR, PSR, Santé du Peuple, Le Togo Autrement et UDS-Togo –, ce n’est pas une coïncidence, mais un braquage en règle.

Dans leur communiqué du 5 avril, ils “constatent avec étonnement” que cette décision, prise “sans concertation avec l’opposition”, pue la magouille. Leur verdict est sans appel : ce calendrier absurde vise à “empêcher les électeurs des zones considérées comme favorables à l’opposition de s’inscrire sur les listes électorales”.

Le timing est une insulte. “Zone 1 : Région Maritime + Préfecture de Haho du lundi 7 Avril au mercredi 9 Avril 2025” – trois jours pour des régions entières, suivis de fenêtres tout aussi étriquées pour les zones 2 et 3. Les signataires ne passent pas par quatre chemins : ils parlent de “précipitation et d’opacité” et d’une “manœuvre qui consiste, dans certaines zones, à donner peu de temps aux électeurs pour s’inscrire et à y déployer des machines réglées pour fonctionner très lentement”. Une tactique déjà vue, disent-ils, lors du “dernier recensement électoral en 2023” et ses “graves dysfonctionnements”. Le but ? Écarter le maximum d’électeurs qui ne voteraient pas pour le pouvoir en place.

Mais l’opposition ne baisse pas les bras. Elle cogne fort avec des demandes précises : “prolonger de dix (10) jours les opérations” dans la zone 1, “accompagner les opérations d’une campagne de communication” avec la CENI et les partis, et “convoquer une réunion du Cadre Permanent de Concertation (CPC)” pour arrêter ce massacre électoral. Surtout, elle met le peuple dans la boucle : “Conscients des graves dangers que fait planer sur notre pays un processus électoral bâclé”, ils appellent “toutes les Togolaises et tous les Togolais âgés de dix-huit (18) ans et plus” à défier le piège en se ruant dans les centres de recensement. Un cri de guerre face à un pouvoir qu’ils accusent de “mépris pour les acteurs politiques”.

À peine le processus électoral lancé, la tension est palpable. L’opposition juge dérisoires les trois jours décrétés par le régime pour la révision des listes électorales. Elle n’y voit pas une simple contrainte logistique, mais une manœuvre délibérée pour exclure son électorat.

One thought on “Togo- Trois jours pour étouffer les municipales ?

  1. Une bonne appréciation de tous les acteurs politiques de la révision des listes électorales constitue une bonne fondation pour les élections à venir… Les Gouvernants doivent mettre les ressources nécessaires pour qu’aucune revendication n’entache la transparence des élections à venir.

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