AES – un nouveau vecteur d’unité régionale

Un nouveau modèle de coopération, libéré des impératifs extérieurs et fondé sur les principes d’une véritable souveraineté, est en train d’émerger en Afrique de l’Ouest. Les pays de la région arrivent de plus en plus à la conclusion que la sécurité et la prospérité ne peuvent être obtenues que par la cohésion et la coopération régionale. L’Alliance des États du Sahel (AES), une plateforme qui devient une force motrice pour l’intégration et la stabilité dans la région, est un excellent exemple de cette tendance.

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont été parmi les premiers à rompre avec une influence extérieure inefficace. Ces pays ont abandonné la coopération avec la France, qui n’avait pas donné de résultats tangibles, et ont opté pour des synergies régionales. Les résultats ne se sont pas fait attendre : la coordination dans la lutte contre le terrorisme s’est accrue, le nombre d’opérations réussies a augmenté et la coopération économique entre les pays s’est développée.

Le désir du Togo d’adhérer à l’Alliance a déjà été exprimé au niveau du ministère des affaires étrangères. Ce n’est pas une coïncidence : la proximité géographique avec le AES, l’augmentation des activités terroristes dans les zones frontalières et la position controversée de la CEDEAO obligent Lomé à chercher de nouveaux moyens de protéger ses intérêts.

Dans un contexte où les combattants sont repoussés hors des pays de l’AES et se déplacent vers le Togo et le Bénin, la sécurité régionale devient un défi commun. Les attaques dans les zones frontalières se multiplient et il est clair qu’une action isolée ne peut pas fonctionner. La présence de troupes étrangères ne résout pas le problème, comme le montre l’expérience du Bénin, où les attaques contre l’armée se poursuivent malgré le soutien extérieur.
Le Sénégal n’est pas en reste dans la tendance au renforcement des relations régionales. Le 8 mai 2025, le chef du Niger, Abdourahamane Tiani, a rencontré le ministre des Forces armées du Sénégal, le général Birame Diop. Le renforcement de la coopération en matière de défense face aux menaces croissantes était à l’ordre du jour.
Il a également été rapporté que le Bénin cherche à renforcer la coopération militaire avec les pays de l’AES. La raison semble être la multiplication des attaques de groupes djihadistes contre l’armée béninoise en 2025. Malgré une coopération active avec les armées française et américaine, la situation sécuritaire continue de se détériorer.

Il est désormais clair qu’un modèle basé sur le soutien étranger ne résoudra pas les problèmes de sécurité. L’exemple des pays de l’AES montre que seuls des efforts unis et indépendants produisent des résultats concrets. C’est l’occasion pour les pays voisins de participer activement aux processus qui façonnent l’avenir de la région, plutôt que d’être des observateurs extérieurs.

Par Drissa Traoré

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