Le Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD) se retrouve au centre d’une vive polémique après la diffusion d’une lettre adressée au conseiller municipal Sika Kossi (Yoto 3). Dans ce courrier daté du 19 mai 2025, le président national du parti, Jonas Komlan Siliadin, conditionne l’acceptation de sa démission — déposée le 11 mai — au paiement intégral de ses obligations financières en tant que militant et élu.
« Le bureau politique du MPDD a pris connaissance de votre courrier du 11 mai 2025 par lequel vous nous informez de votre démission prenant effet à compter du 12 mai 2025. Je vous informe que votre démission ne peut prendre effet qu’à compter de la date à laquelle vous aurez acquitté vos obligations financières, aussi bien de militant que d’élu du MPDD », peut-on lire dans la correspondance, dont IciLome a obtenu copie.
Une exigence qui suscite l’étonnement, voire l’indignation. Car si l’adhésion à une formation politique est libre, la démission devrait l’être tout autant. Conditionner un départ à des critères financiers soulève des interrogations sur les pratiques internes du parti et sur la vision qu’il se fait de la liberté politique.
Cet épisode, bien que singulier, s’inscrit dans un contexte plus large. En effet, depuis la prise de fonction de Jonas Siliadin à la tête du MPDD en octobre 2024, le parti a amorcé un virage politique significatif. Fini le ton radical et l’opposition farouche incarnés par son président fondateur, le feu Agbéyomé Kodjo. Le nouveau dirigeant parle désormais de transition vers une « opposition modérée », d’ouverture au dialogue et d’alliances stratégiques, quitte à s’asseoir à la même table que le régime jadis combattu.
« Nous sommes un parti de centre républicain, qui a pour principal objectif d’être dans une opposition constructive », avait déclaré Siliadin à son arrivée à la présidence du parti.
Seulement, cette mutation « stratégique » peine à porter ses fruits. Aux dernières élections sénatoriales, le MPDD n’a remporté aucun siège, un revers cuisant pour cette formation politique.
Entre départs de militants, échec électoral et remise en cause idéologique, le MPDD donne aujourd’hui l’image d’un parti en quête d’identité, écartelé entre l’héritage d’Agbéyomé Kodjo et les ambitions réformatrices de son successeur.