Les membres du gouvernement togolais devront désormais s’acquitter eux-mêmes de leurs factures d’eau et d’électricité à usage domestique. C’est ce que stipule une lettre circulaire signée le 23 mai 2025 par le ministre de l’Économie et des Finances.
Cette décision se situerait dans le cadre de la réforme de la gouvernance publique et des mesures de réduction des charges supportées par le budget de l’État.
Si la décision en soi est à saluer, les questions que l’on est en droit de se poser sont : pourquoi c’est seulement maintenant que l’on prend une pareille décision ? Quel lien a-t-elle avec la récente augmentation des factures d’électricité ? Et quelle sera réellement sa portée économique dans un magma de gaspillage financier ?
Pourquoi seulement maintenant ?
Question assez importante. Pourquoi seulement après vingt années d’exercice du pouvoir ?
Faure Gnassingbé, même, avait déclaré depuis plusieurs années, que c’est une minorité qui accapare les richesses du pays. Pourquoi alors attendre tout ce temps avant de prendre une décision aussi simple et aussi banale ?
Une décision qui aurait pu, tant soit peu, faire des économies au trésor public et permettre, aussi minimes soient-elles, quelques investissements dans les secteurs sociaux de base dont les prestations sont indispensables à la vie et à la préservation de la dignité humaine.
Des économies qui pouvaient permettre de soulager un peu la souffrance des pauvres populations.
Pourquoi seulement maintenant, quand les populations ont croupi durant des années sous le poids d’une pauvreté ambiante ?
En tout cas, il était quand même temps.
Il vaut vraiment mieux tard que jamais, n’est-ce pas ?
Quel lien avec l’augmentation récente des factures d’électricité ?
On se rend compte que cette décision arrive quelques jours seulement après l’annonce de l’augmentation des factures d’électricité. On a l’impression que, parce que l’on veut augmenter les factures d’électricité et que la population proteste, on cherche une mesure cosmétique pour calmer les colères. Ce rapprochement crée des doutes réels quant à l’objectif affiché de cette décision et à sa mise en œuvre effective.
*La décision du 23 mai 2025, “une goutte d’eau hors de l’océan”
Nous pensons que ce qu’il convient d’appeler désormais la décision du 23 mai 2025, pour nous, n’est “qu’une goutte d’eau hors de l’océan”.
La plaie causée par le gaspillage économique et le sabotage du patrimoine national à notre pays est tellement béante que cette décision minime et isolée ne peut y constituer une quelconque thérapie.
Obliger les membres du gouvernement à payer leurs factures d’eau et d’électricité eux-mêmes ferait bien sûr des économies au trésor public, mais face aux problèmes existants, cette mesure est un non-événement.
Les frais d’eau et d’électricité des ministres ne représentent pratiquement rien par rapport aux déperditions économiques que connaît ce pays avec la corruption, les travaux publics mal exécutés, les surfacturations, les rétrocommissions…
Ce que M. Faure Gnassingbé aurait dû faire depuis longtemps et qu’il n’a pas fait jusqu’à ce jour, était de recadrer clairement et vigoureusement, au vu et au su de tout le monde, la minorité qui accapare les richesses du pays.
De cette manière, il rendrait plus service à notre cher pays.
Dr Georges WILLIAM-KOUESSAN