Dans un communiqué publié ce 28 juin, la Fédération Nationale des Associations Professionnelles en Art Visuel du Togo (FENAPAV-TOGO) s’insurge contre l’interpellation du performeur Cosmakete, KETE Atsou, survenue deux jours plus tôt à Ségbé lors d’une action artistique pacifique. Pour la fédération, cette arrestation constitue une violation flagrante de la liberté d’expression artistique, pourtant protégée par la Constitution. Elle exige sa libération immédiate et rappelle que l’art ne saurait être assimilé à un délit.
Libérez l’artiste Cosmakete : l’urgence d’un acte citoyen
Un artiste, qu’il soit poids plume discret ou poids lourd de la scène culturelle, porte en lui la même mission : témoigner, réveiller, transmettre. Ce rôle, qui fait la noblesse de la création, inquiète de plus en plus les hautes sphères du pouvoir togolais. Deux trajectoires le prouvent : Aamron et Cosmakete. L’un vient d’être relâché après un mois de détention psychiatrique. L’autre reste au secret depuis quarante‑huit heures. Ensemble, ils éclairent le climat délétère qui entoure aujourd’hui la liberté d’expression au Togo.
Le 26 juin 2025 à Ségbé, Cosmakete, plasticien et performeur reconnu commence une performance silencieuse : bras écartés, tête levée, regard tourné vers le ciel. Aucun slogan ni mégaphone. Quelques minutes plus tard, des hommes en tenue militaire noire l’emmènent. Depuis, l’artiste demeure détenu sans qu’aucune charge ne soit rendue publique. Dans les premières quarante‑huit heures critiques, ni accès garanti à un avocat ni certificat médical indépendant ne sont signalés.
Cosmakete n’est pas un électron libre isolé. Il est membre actif de la Fédération nationale des associations professionnelles en arts visuels du Togo (FENAPAV), organe censé fédérer et défendre les plasticiens du pays. Or, en dépit de cette appartenance, la Fédération est restée silencieuse pendant quarante‑huit heures. Ce n’est que le 28 juin, via un communiqué sobre publié sur les réseaux sociaux, qu’elle s’est « inquiétée » du sort de l’artiste sans annoncer la moindre action judiciaire ni rassemblement de soutien. Le contraste est saisissant. Un an plus tôt, la même FENAPAV signait en grande pompe un partenariat pour promouvoir l’art de la récupération et multipliait les déclarations sur « la valorisation des artistes togolais ». Ses statuts insistent d’ailleurs sur la nécessité de « mieux s’organiser en se regroupant en fédération professionnelle » afin de « rechercher une synergie interactive » entre créateurs fenapavtogo.wordpress.com. Face à l’arrestation d’un de ses propres membres, cette synergie s’est évaporée. Ce mutisme révèle la fragilité des structures artistiques togolaises, souvent promptes à célébrer les réussites symboliques mais démunies et réticentes lorsqu’il s’agit de défendre concrètement la liberté de création. Aux actions urgentes devraient répondre des réactions promptes ; en se contentant d’un post sur les réseaux sociaux, la FENAPAV a montré les limites d’une institution encore frileuse face au pouvoir.La performance avortée de Cosmakete aura donc mis en lumière deux silences : celui imposé à l’artiste et celui, assourdissant, d’une organisation censée porter sa voix. Tant que la seconde n’apprendra pas à briser le sien, la première continuera de régner.
L’inaction de la fédération illustre la vulnérabilité des structures professionnelles face au pouvoir. Lorsqu’un créateur est arrêté, la solidarité ne peut se résumer à un post. Les premières heures de garde à vue sont décisives : elles conditionnent l’accès au médecin, à l’avocat, aux garanties procédurales. Aux actions urgentes doivent répondre des réactions promptes.