Au Togo, l’opposition démocratique semble parler d’une seule voix. Des organisations de la société civile, ainsi que des formations politiques telles que l’Alliance nationale pour le changement (ANC), les Forces démocratiques pour la République (FDR) et le parti Santé du Peuple, réclament la démission du président Faure Gnassingbé. En toile de fond : une réforme constitutionnelle controversée, adoptée sans référendum, et une répression jugée systématique à l’encontre des citoyens en quête de liberté.
Arrivé au pouvoir en 2005 dans des conditions sanglantes, Faure Gnassingbé, après quatre mandats à la tête du pays marqués par un bilan jugé catastrophique par l’opposition, a procédé à une modification de la Constitution. Ce changement, opéré sans consultation populaire, fait basculer le pays dans une Ve République, imposée sans le consentement du peuple.
« L’imposition d’une Constitution dite de la 5ᵉ République, sans référendum, sans consultation populaire et sans consensus national, constitue un acte de haute trahison contre le peuple togolais et la démocratie », ont déclaré l’ANC, les FDR et plusieurs représentants de la société civile lors d’une conférence de presse à Lomé.
Du côté du parti Santé du Peuple, dirigé par le Dr Georges William-Kouessan, la position est tout aussi ferme. Dans une vidéo publiée sur TikTok, l’ancien candidat à la présidentielle de 2020 s’est adressé directement au chef de l’État, dénonçant la gouvernance actuelle et ses dérives.
« Notre pays va mal. (…) Les menaces, la répression des manifestations, les gardes à vue, les emprisonnements ne sauraient jamais constituer une solution durable à cette crise. L’usage permanent de la force ne résoudra jamais, de manière péremptoire, les sérieux problèmes auxquels notre société reste confrontée. Je suis contre la manière dont le pays est gouverné, avec force et sans reddition de comptes, plongeant les pauvres populations dans la misère, l’asservissement et la peur constante du lendemain », a-t-il martelé.
Le président de Santé du Peuple appelle Faure Gnassingbé à écouter les aspirations du peuple togolais, qui réclame son départ. Il l’invite à quitter le pouvoir avec dignité.
« Après presque soixante années de règne sans partage d’un même régime, les Togolais ont une énorme soif de changement. (…) Le peuple togolais veut vous voir passer le témoin à un de vos compatriotes. Une passation de témoin qui vous fera entrer dans l’histoire et qui donnera à notre pays une fierté », a souligné Dr William-Kouessan.
À l’instar de ses homologues du mouvement « Touche pas à ma Constitution », le leader du Santé du Peuple exige également la libération de l’ensemble des détenus politiques, condition qu’il juge essentielle pour apaiser le climat social.
La tension reste vive dans le pays, particulièrement depuis l’arrestation, puis la libération, de l’artiste engagé Aamron. Des manifestations sont annoncées pour les 26, 27 et 28 juin, tandis que les appels à descendre dans la rue se multiplient sur les réseaux sociaux. Le gouvernement, pour sa part, met en garde contre toute mobilisation non autorisée.