Le 6 juin 2025, une tentative de mobilisation populaire au Togo, initiée par des influenceurs de la diaspora sur les réseaux sociaux, a marqué les esprits, bien que l’élan espéré n’ait pas été au rendez-vous.
Cette manifestation, visant à réclamer la libération de l’artiste Aamron, arrêté pour ses critiques du régime sur TikTok, et à exiger de meilleures conditions de vie, s’est heurtée à un faible engouement. Dans la foulée, plus d’une cinquantaine de manifestants ont été interpellés. Certains ont été libérés en début de semaine. Mais dans un pays où l’espace civique est sévèrement restreint, certains observateurs estiment que cet événement est un déclic, un premier signal de réveil citoyen.
La peur et le manque d’organisation
Interrogé par nos confrères de la Deutsche Welle, Paul Amégankpo, président de l’Institut Tamberma pour la gouvernance, pointe du doigt la peur de la répression policière comme frein majeur à la mobilisation du 06 juin dernier : « C’est la peur de la répression policière, mais il va sans dire que la peur ne saurait expliquer cette faible mobilisation des Togolais dans les rues. » Il souligne également un manque d’organisation : « Les manifestations pacifiques exigent une organisation structurée. Le Togolais lambda ne s’était pas suffisamment approprié le mot d’ordre, même si le ras-le-bol exprimé a été largement partagé. »
Un premier signal de rupture
Pour le politologue Madji Djabakété, cette mobilisation, bien que modeste, marque une rupture : « L’espace civique est restreint depuis des années. Les Togolais sont conscients qu’il y aura toujours une répression, mais ils sont arrivés à un moment où ils ne peuvent plus s’empêcher de s’exprimer. » Il voit dans le 6 juin un « test » pour des mouvements futurs : « Les Togolais comprennent que s’ils ne revendiquent pas, ils risquent d’être laissés à eux-mêmes. Les gens sont conscients qu’il y aura répression, mais ils vont sortir. »
Dans un pays où les manifestations sont systématiquement interdites, ce frémissement, nourri par la colère exprimée en ligne, pourrait préfigurer des actions plus structurées. La faible mobilisation du 6 juin reflète les défis d’unité et d’organisation, mais témoigne d’une prise de conscience croissante. La mobilisation se poursuit sur les réseaux sociaux, où les commentaires de la jeunesse togolaise deviennent de plus en plus hostiles au régime et à ses soutiens, laissant présager une tension grandissante. Les semaines à venir révéleront si ce « test » transformera le mécontentement numérique en un engagement collectif durable.