Togo – Violence contre manifestants : Si c’est légal, pourquoi cacher leurs visages ?

Alors que des vidéos montrent des civils passés à tabac par des hommes armés, masqués et non identifiables, une question brûle les lèvres : si l’opération est légale, pourquoi tant d’anonymat ?

Depuis la reprise des manifestations contre le régime de Faure Gnassingbé au Togo, des scènes de violence suscitent l’indignation. Dans plusieurs vidéos relayées sur les réseaux sociaux, des hommes encagoulés, armés, parfois en civil ou en uniforme, circulent à bord de véhicules administratifs et frappent violemment des civils. Certains de ces actes ont même lieu jusque dans les domiciles des victimes, selon plusieurs témoignages.

Aucun bilan officiel n’a été communiqué par le gouvernement togolais. Pourtant, de nombreux habitants de Lomé signalent des blessés graves et même des morts. C’est depuis leurs fenêtres ou balcons que des citoyens filment, de peur d’être eux-mêmes pris pour cible. Les images obtenues confirment des exactions brutales, commises par des individus dont les visages sont presque toujours dissimulés.

Pourquoi, si ces opérations relèvent de l’ordre public, leurs auteurs sont-ils masqués ? Pour plusieurs observateurs, cela pourrait viser à éviter toute identification, responsabilité ou poursuite judiciaire à l’avenir.



Des organisations de la société civile dénoncent une dérive violente. Le mouvement TPAMC, par exemple, dénonce « une barbarie d’État », dans un contexte où les ressources publiques devraient, selon lui, servir au développement et non à l’entretien de milices.

Le chanteur et militant Zaga Bambo affirme dans une vidéo : « La plupart de ces hommes parlent anglais avec un accent libérien. Ce ne sont pas des Togolais, c’est pour cela ils peuvent tuer qui que ce soit sans pitié. Ils sont financés par Faure Gnassingbé pour exécuter ce sale boulot. » Bien que ces affirmations ne soient pas encore vérifiées, elles soulèvent une inquiétude majeure : qui sont ces individus, et sous quelle autorité opèrent-ils ?

La presse indépendante, elle aussi, fait face à des restrictions sévères. Le cas de la journaliste de TV5 Monde, interpellée le 6 juin et contrainte de supprimer ses images, est encore dans les esprits. Quelques jours plus tard, France 24 et RFI ont été suspendus pour « manque d’impartialité ».



Face à cette opacité, la société civile appelle à une réaction urgente de la communauté internationale. Elle exige une enquête indépendante, la libération des personnes arrêtées, la fin des exactions, la dissolution des milices, et des sanctions ciblées contre les responsables.

Pendant que les auteurs des violences opèrent masqués, l’impunité, elle, ne se cache plus.


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