Largement contesté par son peuple, au bout du rouleau, Faure Gnassingbé semble attendre le coup de grâce fatidique

«À chaque montée de tension sociale, chaque manifestation populaire marquant un ras-le-bol ou une revendication légitime, un phénomène inquiétant refait surface : l’apparition de miliciens dans les rues. Ces groupes agissent à visage découvert, sans uniforme, mais avec une assurance troublante, comme s’ils avaient reçu une forme de légitimation tacite. Ils s’attaquent violemment aux manifestants, les traquent, les brutalisent, parfois avec plus de zèle que les forces régulières de sécurité. Le tout, souvent, sous le regard passif, voire complice des autorités, ce qui interroge sur la nature de leur mission et les protections dont ils bénéficient.» (togoactualité.com)


Cette honteuse pratique, o combien criminelle, qui consiste à déverser des miliciens en ville lors des manifestations pour s´en prendre sauvagement à de paisibles citoyens, est encouragée par le ministre Gilbert Bawara lors de son monologue à New World TV mercredi dernier. Son intervention qui fait l´apologie de ceux qui auraient le droit, selon ses termes, de se défendre et de défendre leurs quartiers, est venue confirmer ce que beaucoup de Togolais savaient déjà. À savoir, le recrutement, le financement par le régime Gnassingbé des miliciens qui, armés de gourdins, d´armes blanches et d´armes à feu, sèment la terreur aux côtés des forces de l´ordre régulières, en toute impunité.

Qui a oublié la sauvage agression par des miliciens à la solde du régime de dictature du député sénégalais de la CEDEAO, Guy Marius Sagna? C´était le 29 septembre 2024 à Lomé en plein jour, lors d´une conférence de presse en présence de Madame Brigitte Kafui Adjamago de la DMP. Et jusqu´à ce jour aucun de ces nervis n´a été inquiété. Et cette pratique est devenue depuis longtemps la marque de fabrique du régime de dictature autour de Faure Gnassingbé. Une pratique qui est l´apanage des régimes impopulaires, vomis par leurs peuples, comme celui du Togo.

Et Monsieur Bawara, croyant défendre l´indéfendable et soutenir l´insoutenable en racontant sa vie, n´avait fait qu´étaler au grand jour l´hérésie d´une prétendue 5e république, surtout l´incompétence et le caractère effacé de son chef Faure Gnassingbé.

Et comme d´habitude, après la première journée de manifestations des jeunes Togolais et Togolaises, jeudi 26 juin 2025, pour dénoncer la mauvaise gouvernance faite de crimes humains, de malversations financières, du manque d´un début de développement, et surtout pour demander à Faure Gnassingbé et à sa clique de débarrasser le plancher, on compte malheureusement de nombreuses victimes des répressions sauvages des forces dites de l´ordre et des miliciens à la solde de certains barons autour du dictateur. Gilbert Bawara qui parlait au nom du gouvernement sortant et qui se faisait surtout l´avocat du diable pour défendre Faure Gnassingbé, pourtant irrémédiablement perdu, avait averti et menacé tous ceux qui seraient tentés de suivre le mot d´ordre de manifester né sur les réseaux sociaux; et ses menaces furent effectivement mises à exécution.

On voit donc que la stratégie de la terreur et de l´impunité qui a toujours maintenu ce régime en place, à défaut de la légalité et de la légitimité qu´il n´a pas, semble être encore aujourd´hui le choix de cette minorité de Togolais pour rejeter les légitimes revendications de leurs concitoyens pour ne jamais quitter le pouvoir et leurs privilèges indus. Faure Gnassingbé semble aujourd´hui ne plus rien contrôler. En effet, en dehors de la jouissance du pouvoir dont il a hérité de son père dans les circonstances calamiteuses que tout le monde connait, personne, même dans son propre camp, n´a jamais fait mystère de l´incompétence et du manque de poigne du personnage placé malencontreusement par le destin au sommet du Togo. Dans un de nos derniers articles nous écrivions que Faure Gnassingbé continue, sans se soucier de ce qui se passe autour de lui, à s´amuser avec son «jouet Togo».
C´est vraiment irresponsable, surtout quand on n´a aucun bilan digne de ce nom à présenter, comme c´est le cas du président de fait du Togo qui s´est aujourd´hui piégé lui-même en tentant, par cette modification unilatérale de la constitution de notre pays, un passage en force pour rester au pouvoir ad vitam eternam. Voilà deux mois que les prétendus président de la république et président du conseil sont «confirmés» dans leurs fonctions et que les anciens ministres sont encore à leurs postes, parce qu´un nouveau gouvernement n´est pas encore formé.

Qu´est-ce qui peut expliquer ce retard dans la formation d´une nouvelle équipe gouvernementale, si ce n´est le fait que Faure Gnassingbé ne sait vraiment plus ce qu´il fait? Malgré les sornettes avancées par Gilbert Bawara pour tenter d´expliquer et d´embellir la malheureuse stagnation dans la conduite de la nation, en dehors du fait que les togolais soient habitués que leur premier responsable ne s´adresse jamais à eux, le silence et l´absence du «président du conseil», après la mascarade constitutionnelle, saute encore plus aux yeux; car c´est le moment où tout observateur s´attend à ce que Faure Gnassingbé soit plus présent sur l´échiquier national, et surtout sur les medias, pour essayer d´expliquer et de convaincre ses concitoyens qui le contestent de plus en plus. «Élu» à 86 ans, Jean-Lucien Savi de Tové, le supposé président de la république, pressenti pour inaugurer les chrysanthèmes, est porté disparu à peine revenu des cérémonies de «prestation de serment». Les deux premiers responsables du Togo sont aux abonnés absents, le pays est sans gouvernement depuis deux mois, la soldatesque au service du dictateur, épaulée par des miliciens financés par le régime, bastonne et tue les manifestants aux mains nues, jusque dans les domiciles privés.

Pendant que tout change positivement autour de notre pays, jusqu´à quand Faure Gnassingbé va-t-il encore continuer à falsifier les textes de la république à son avantage pour ne jamais partir? Surtout, pendant combien de temps encore va-t-il garder le silence au moment où il est de plus en plus contesté et que des manifestants aux mains nues sont entrain d´être massacrés? Pendant combien de temps, la «grande muette», qui n´est pas tellement muette au Togo, et que Madame Marguérite Gnakadé, une connaisseuse du système, a à plusieurs reprsises mise devant ses responsabilités, attendra-t-elle encore pour montrer à l´Afrique, au monde et surtout aux Togolais qu´elle a vraiment juré fidélité au drapeau togolais, donc à la république, et non à un homme, à une famille, moins encore à une ethnie?

Samari Tchadjobo
Allemagne

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *