Togo- Jour de vote sous haute surveillance dans un climat calme mais tendu

Ce 17 juillet, plus de 3 millions d’électeurs doivent renouveler leurs élus municipaux. Ces élections locales interviennent dans un climat tendu, le pays ayant connu en juin une vague de manifestations réclamant le départ de Faure Gnassingbé, dont la famille règne depuis près de soixante ans sur le pays. La ville de Lomé reste encore calme, alors que s’annonce une journée politiquement chargée.

Ce jeudi 17 juillet 2025 est jour de vote au Togo. Lomé, la capitale, à l’instar des villes de l’intérieur, dans l’attente des élections [municipales], respire la quiétude, loin des craintes d’agitation qui se dessinaient. Les appels à manifester lancés par le mouvement M66 [ou “Mouvement du 6 juin”, mouvement citoyen qui s’est formé principalement sur les réseaux sociaux et qui s’est donné pour objectif d’intensifier les manifestations contre l’ancien président Faure Gnassingbé, désormais président du Conseil des ministres] n’ont pas été suivis, et les populations ont vaqué à leur quotidien, sous la surveillance discrète mais assez dissuasive des forces de sécurité.

Alors que le Togo s’apprête à élire 1 527 conseillers municipaux dans 117 communes, le pays présentait une sérénité prudente. La campagne électorale s’est achevée la veille, à minuit, conformément au Code électoral. Depuis, le pays est entré dans une période de silence électoral, que la ville semble respecter à la lettre.

Du quartier d’Avedji à celui de Bè, en passant par Gta, Hedzranawoe ou encore le port autonome de Lomé, la vie suit son cours normal. Boutiques ouvertes, marchés animés. Malgré la fluidité de la circulation, sans doute à cause de l’enjeu électoral, les activités économiques ne semblent pas perturbées.

Dans les lieux traditionnellement sensibles, notamment les anciens bastions de l’opposition, aucune tension n’est à signaler. Le calme ambiant contraste nettement avec les rumeurs et appels à la mobilisation lancée par le Mouvement du 6 juin (M66), qui avait annoncé des manifestations pour le mercredi [16 juillet] et le jeudi [17 juillet], jour du scrutin.

Un territoire quadrillé

Si l’ambiance est apaisée, la vigilance des forces de l’ordre n’en était pas moins de mise. Les éléments de la Force sécurité élections municipales (Fosem), forte de 12 000 hommes – policiers, gendarmes et militaires confondus – sont déployés sur l’ensemble du territoire. À Lomé, leur présence reste discrète mais bien visible, notamment aux abords des lieux névralgiques. Quelques patrouilles ont été aperçues dans les quartiers, renforçant le sentiment de sécurité des populations, mais provoquant la peur chez ceux qui n’ont pas l’esprit tranquille. Les élections, en Afrique, n’ont jamais été une partie de plaisir.

“Ce calme apparent est de bon augure, à condition que tous les acteurs continuent de faire preuve de responsabilité”, estime un observateur international présent à Lomé. Selon lui, l’absence de heurts ou de mobilisation violente pourrait permettre la tenue de scrutins pacifiques, surtout si les règles démocratiques sont respectées.

Enjeu local et national

Ce jeudi, plus de 3 millions d’électeurs sont attendus dans les bureaux de vote pour élire leurs représentants municipaux. Ces élections, qui doivent renforcer le processus de décentralisation entamé depuis 2019, revêtent un enjeu important pour le développement local.

Comme le prévoit la loi, les frontières terrestres du pays sont fermées ce jeudi, jour de vote. Ce dispositif complète les mesures sécuritaires prises à l’échelle nationale. Le rendez-vous électoral de ce 17 juillet sera un test important, non seulement pour la stabilité du pays, mais aussi pour la maturité démocratique de ses acteurs politiques et de sa société civile.

Source : Courrier International [Titre original:  Les élections municipales au Togo, un test pour le pouvoir en place]

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