CNAC-TOGO : Un plaidoyer urgent pour sauver le secteur culturel

Le Conseil National des Arts et de la Culture du Togo (CNAC-TOGO), qui réunit quatorze fédérations d’artistes et d’organisations culturelles, a tenu une conférence de presse ce mardi à Lomé afin de présenter son cadre fédérateur et d’alerter sur les difficultés majeures qui paralysent le secteur culturel togolais.

Créé en 2020 puis formalisé en 2024, le CNAC-TOGO s’affirme aujourd’hui comme l’instance représentative et consultative des acteurs des arts et de la culture, avec pour mission de structurer, promouvoir et défendre ce secteur vital pour l’identité nationale, la cohésion sociale et le rayonnement international du Togo.

Trois préoccupations centrales ont été exposées avec force. La première concerne le Fonds National de Promotion Culturelle (FNPC), censé remplacer l’ancien Fonds d’Aide à la Culture. Trois ans après sa création, il demeure inactif, faute de nomination d’un directeur et de mise en place d’un conseil d’administration. Ce blocage prive les artistes d’un outil de financement essentiel et bloque des projets porteurs pour le pays.

La deuxième, jugée extrêmement urgente, porte sur la rémunération pour copie privée, issue de la Directive UEMOA n°07/2023/CM du 22 septembre 2023. Ce dispositif vise à compenser les auteurs, artistes, producteurs et éditeurs pour la reproduction privée de leurs œuvres, à l’heure où la multiplication des copies numériques fragilise considérablement leurs revenus. Conformément à la directive, les États membres disposent de deux ans pour transposer cette disposition dans leur droit national. Or, il reste moins d’un mois avant l’expiration du délai, et le Togo n’a toujours pas agi. Pour le CNAC-TOGO, ce retard est une alerte rouge : sans la mise en œuvre immédiate de cette rémunération, les créateurs togolais seront exclus d’une ressource financière vitale, déjà en vigueur dans d’autres pays de l’Union, ce qui creuserait encore plus l’écart et accentuerait la précarité des artistes. Il en va de la survie économique de tout un pan du secteur culturel.

Enfin, la troisième préoccupation concerne la réforme de la loi sur le droit d’auteur et les droits voisins, en vigueur depuis 1991 et aujourd’hui obsolète face aux réalités du numérique et à la diffusion internationale des œuvres. Une réforme préparée et soumise au Parlement reste bloquée, au grand désarroi des créateurs qui attendent une protection moderne et adaptée aux standards internationaux.

Au-delà de ces trois points, le CNAC-TOGO a lancé un appel pressant à l’action collective, soulignant que le développement culturel ne pourra se faire sans une mobilisation conjointe des autorités, des acteurs culturels, du secteur privé et du public. La culture, rappelle-t-il, n’est pas un luxe mais un moteur de développement, d’identité et de rayonnement.

Le message est clair : le temps presse. L’opérationnalisation du FNPC, l’adoption rapide de la réforme sur le droit d’auteur et, surtout, la mise en œuvre immédiate de la rémunération pour copie privée sont des mesures urgentes et incontournables pour relancer la dynamique culturelle du Togo et offrir aux créateurs les moyens de continuer à faire vivre l’art et la culture.

Richard Laté Lawson-Body

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