Ce samedi 9 août 2025, Abidjan a vu défiler plusieurs milliers de manifestants contre la candidature du président sortant Alassane Ouattara à un quatrième mandat. L’événement, organisé par les deux principaux partis d’opposition ivoiriens, le PDCI et le PPA-CI, s’est tenu sans heurts et avec l’autorisation des autorités.
Sur les réseaux sociaux, la mobilisation ivoirienne a rapidement été comparée aux récentes manifestations au Togo, jugées moins massives. Des comptes connus pour leur proximité avec le pouvoir togolais ont profité de l’occasion pour ironiser sur la faible affluence observée lors des marches organisées à Lomé et dans d’autres villes ces derniers mois.
À part ces comparaisons, parfois moqueuses, on note également une réaction teintée de frustration et d’appel à la prise de conscience chez certains Togolais en exil. Kodjovi Toguin, membre fondateur du Mouvement du 6 Juin (M66), a lancé : « Regardez la marche de l’opposition en Côte d’Ivoire… On fait ça en 24 heures, on dégage ce régime. Réveillez-vous mes compatriotes. » Le blogueur Hodako TV, également visé par des mandats d’arrêt internationaux, a exprimé un sentiment similaire, y voyant la preuve que les Ivoiriens répondent massivement à l’appel à manifester, contrairement à de nombreux Togolais qui, malgré leur mécontentement, ne se déplaceraient pas en nombre.
Les grandes différences entre les manifestations dans les deux pays
Pourtant, les conditions d’organisation et de participation aux manifestations diffèrent nettement entre les deux pays. En Côte d’Ivoire, la marche du 9 août était autorisée et encadrée, alors qu’au Togo, toutes les récentes manifestations — notamment celles des 6, 26, 27 et 28 juin — ont été interdites et violemment dispersées, parfois par des milices, causant selon la société civile la mort de sept personnes, dont des mineurs. Depuis plusieurs années, même les meetings de l’opposition et de la société civile sont la cible d’attaques sans protection policière, comme ce fut le cas le 29 septembre 2024.
De plus, les dernières mobilisations togolaises n’étaient pas portées par les principaux partis politiques mais par le M66, un collectif d’influenceurs en grande partie basé à l’étranger, sans expérience politique directe, confronté à des campagnes de dénigrement, des restrictions d’Internet et d’importants obstacles logistiques.
La mobilisation ivoirienne du 9 août rappelle toutefois un précédent togolais : celle d’août 2017, principalement organisée par le Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam, qui avait rassemblé des foules similaires et conduit à l’interdiction générale de manifester.
Il faut toutefois reconnaître que de nombreux Togolais souhaitent la fin d’un régime en place depuis plusieurs décennies. Mais, privés d’une véritable liberté d’expression et confrontés à des répressions parfois meurtrières, beaucoup choisissent d’éviter les manifestations, surtout lorsqu’elles ne sont pas autorisées. Ce climat de méfiance se traduit également par un boycott récurrent des scrutins, dont la crédibilité est largement contestée en raison d’irrégularités régulièrement signalées.
La grande différence est qu’en Côte d’Ivoire, ce sont des responsables de partis politiques connus et redevables qui ont demandé à manifester… Au Togo ce sont des individus des réseaux sociaux ou des individus fondateurs d’ONG virtuelle qui organisent les manifestations. Les chefs de partis politiques du Togo doivent prendre leur responsabilité.