L’affaire Abdoul Aziz Goma, condamné le 3 février 2025 par la Cour d’assises de Lomé à dix ans de réclusion criminelle pour « complot contre la sécurité intérieure de l’État » et « groupement de malfaiteurs », défraie la chronique depuis quelques semaines. Bien que relevant d’une procédure régulière devant les juridictions togolaises, certains lobbyistes tentent d’en faire un sujet de pression politique auprès du Parlement européen, aussi bien à Bruxelles qu’à Paris.
A Lomé, le discours est clair. Plusieurs responsables approchés par notre Rédaction évoquent une « instrumentalisation » et une « tentative d’ingérence » visant à contraindre le Togo à renier son propre code pénal et à céder à des pressions étrangères jugées contraires aux principes du droit international, qui consacre la souveraineté judiciaire des États. « Le Togo n’a fait qu’appliquer ses lois, en garantissant au prévenu toutes les voies de recours ainsi qu’un suivi médical constant attesté par la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) », confie une source proche du pouvoir.
Pour ces mêmes sources, cette « agitation » reflète une attitude « condescendante », celle « d’une Europe qui prétend dicter sa lecture des droits et de la justice aux nations africaines, alors même qu’elle tolère ou ignore des cas similaires en son sein». Elles dénoncent un « deux poids, deux mesures » difficilement acceptable.
« Le Togo, comme tout État souverain, reste maître de son appareil judiciaire et n’a de compte à rendre qu’à son peuple et aux institutions qu’il s’est librement données », ajoute notre source.
Un autre responsable rappelle que la condamnation de Goma « n’est pas politique mais pénale », soulignant qu’elle s’appuie sur des faits jugés graves par les juridictions compétentes. Selon lui, les tentatives de présenter ce dossier autrement s’apparentent à « une manœuvre d’influence qui menace la crédibilité du droit africain ».
Au-delà du cas individuel, l’enjeu est clair : il s’agit de savoir si les pays africains, et le Togo en particulier, ont le droit de faire respecter leurs lois sans être systématiquement suspectés, instrumentalisés ou contraints par des pressions extérieures. « La justice togolaise a dit le droit, rien que le droit. Toute autre interprétation relève d’une volonté politique extérieure et non du respect des normes universelles», ajoute notre interlocuteur.
Depuis le 27 août, Abdoul Aziz Goma observe une grève de la faim à la prison civile de Lomé pour dénoncer les conditions de détention. Il a récemment adressé une lettre ouverte au Président du Conseil, Faure Gnassingbé.