Les Togolais désormais livrés sans défense à la répression de Faure Gnassingbé dans un état qui n´existe plus

La stratégie de la terreur, pour faire taire toute opposition au régime Gnassingbé, avait commencé avec le père Éyadéma. La prise de pouvoir de Faure Gnassingbé en 2005 aux allures d´une succession au trône royal, avec plusieurs centaines de morts, donna le ton d´une gouvernance qui n´a que faire du respect des institutions de la république, des droits de l´homme et du citoyen. Avec à sa disposition une armée très loin d´être républicaine, des milices désormais à la solde de son pouvoir, une certaine communauté internationale hypocrite, dont la duplicité est le point fort, le tout couronné par une totale impunité, Faure Gnassingbé peut désormais faire de son peuple ce qu´il veut pour que tout le monde reste tranquille et le laisse gérer le Togo comme un bien personnel ou familial. Le sort des prisonniers politiques, qui sont aujourd´hui au nombre de presqu´une centaine et demie, dont le propre frère du président de fait du Togo, Kpatcha Gnassingbé, est le dernier des soucis du pouvoir togolais.

À ces incarcérés pour des raisons politiques dont beaucoup ont déjà passé plus de six années en détention, sans parler des malades et de la dizaine de décédés, est venue s´ajouter, il y a quelques jours, Marguerite Gnakadé. L´ancienne ministre des armées de Faure Gnassingbé, une très proche, sinon une intime de la famille, fut arrêtée, ou plutôt kidnappée le mercredi 17 septembre 2025 à son domicile. La native de Tchitchao dans la Kozah serait accusée de trouble aggravé à l’ordre public, d´appel au soulèvement populaire, d´incitation de l’armée à la révolte, d´association de malfaiteurs, de financement du terrorisme et d´atteinte à la sûreté nationale. Alors que par ses prises de position assez courageuses, elle ne demandait à ses anciens collègues du pouvoir, dont en tête Faure Gnassingbé, qu´un changement de cap pour que le Togo soit dirigé plus humainement, plus démocratiquement.

Et on n´a pas besoin de cogiter de midi à quatorze heures pour trouver les nombreux arguments qui donnent raison à Marguerite Gnakadé qui ne dit et ne réclame que ce qu´une grande majorité de Togolais et de togolaises, au pays et dans la diaspora, demandent: le départ d´un Faure Gnassingbé au bout du rouleau sur tous les plans depuis son arrivée catastrophique au pouvoir, il y a vingt ans. En effet, vu ce qui se passe de dramatique sur le plan socio-politique depuis plus d´un demi-siècle, ajouté à la supposée 5e république, improvisée du chapeau de magicien de Faure Gnassingbé et de son entourage, où tout est sens dessus-dessous, tout observateur, de l´intérieur ou de l´extérieur, peut aujourd´hui affirmer sans se tromper qu´il n´y a plus d´état au Togo. Et pour cause; depuis quatre mois au moins le supposé président du conseil, Faure Gnassingbé, est incapable de former un gouvernement; ce qui rend une gouvernance déjà hasardeuse et mal en point, encore plus prompte à opter pour l´improvisation. Comme on le voit aujourd´hui, non seulement le pouvoir d´état n´existe pas ou se trouve dans la rue depuis plusieurs décennies, mais l´état lui-même n´existe plus que de nom.

Un tel échec dû à la corruption endémique, au népotisme, aux détournements massifs de l´argent public prévu pour des projets de développement qui ne voient jamais le jour, aux violations massives des droits de l´homme et du citoyen, le régime togolais autour de Faure Gnassingbé ne peut plus le cacher ou le nier, sans passer par le mensonge d´état, comme l´a démontré, par exemple, vendredi dernier, à la tribune des Nations Unies, le supposé ministre des affaires étrangères, Robert Dussey, qui n´a pas hésité, toute honte bue, à parler d´un Togo imaginaire qui ne ferait que progresser sur tous les plans. Que c´est méchant, très méchant ! Et comme si l´humiliation, les insultes répétées et toutes les violations à l´égard du peuple togolais ne suffisaient pas, on met en place une structure comme la CVJR (Commission Vérité Justice et Réconciliation) pour, dit-on, réparer les injustices ayant trait aux violations des droits de l´homme dans un passé récent, dédommager les victimes et réconcilier les Togolais entre eux. Une arnaque, puisque Faure Gnassingbé n´a jamais rien reconnu comme délit de sa part et ne s´est jamais excusé. Pire, aucun des nombreux tortionnaires et tueurs, militaires comme civils, au profit du régime Gnassingbé, depuis le père jusqu´à aujourd´hui, pourtant bien connus, n´a jamais été inquiété ; parce que l´impunité leur est totalement garantie comme elle l´est également à tous ceux qui, autour du «prince», volent et s´enrichissent sur le dos du peuple et le narguent.

Pendant ce temps, beaucoup de pays dans la sous-région sont déjà sur la voie de la démocratie et de l´alternance et se développent. Au Togo, nous avons d´un côté des populations aspirant, comme tous les peuples du monde, à la liberté, à la démocratie et à la prospérité. De l´autre côté un régime politique se comportant comme en terre conquise, refusant tout droit à son peuple, même celui d´être libre et de disposer de sa vie. Et il est clair que les choses doivent changer.
Faure Gnassingbé et son entourage pourront-ils revenir à de meilleurs sentiments et avoir l´humilité de reconnaître que le système politique sans nom qui est aujourd´hui le leur, n´a pas d´avenir, et qu´il faille repartir sur de nouvelles bases avec toutes les composantes de la société togolaise autour d´une table ? Ou continueront-ils à réprimer un peuple sans défense qui ne demande qu´à vivre en paix ? C´est la grande question !

Samari Tchadjobo
Allemagne

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