Togo- “À l’ombre du baobab” : Gnimdéwa Atakpama critique le dernier livre de Henri Koudjolou Dogo

Pour Gnimdéwa Atakpama, auteur de « La nuit est longue, mais la révolution vient », le dernier ouvrage de Henri Koudjolou Dogo, “À l’ombre du baobab”, semble célébrer le régime en place, en contradiction avec les principes démocratiques et sociaux qu’il défendait dans son premier livre. Une publication qui interpelle particulièrement la jeunesse togolaise sur l’écart entre paroles et actes. Lisez !

Un opposant nommé Henri Koudjolou Dogo

Par Gnimdéwa Atakpama, auteur de « La nuit est longue, mais la révolution vient »

Lomé, le 23.10.2025

Henri Koudjolou Dogo a écrit deux livres. Le second contredit tout ce que défendait le premier.

En 1982, après 17 ans comme cheville ouvrière de la planification togolaise, il écrivait : ” Doit-on remettre en cause la liberté, la justice, la démocratie au nom de la stabilité ? “

Cette question du ministre du Plan contenait sa propre réponse : non, mille fois non.
” L’Etat doit permettre au citoyen de s’épanouir dans une société de liberté individuelle et collective garantie.”

43 ans plus tard, il publie “À l’ombre du baobab “.
Un livre qui célèbre exactement ce qu’il dénonçait.

Je suis tombé sur ses deux ouvrages par hasard.
Le premier, “Togo 2000, planification togolaise et voie africaine de développement”, défend des principes démocratiques et économiques solides.
Le second chante les louanges du régime Gnassingbé.

C’est ça, l’hypocrisie politique dans sa forme la plus aboutie. Dénoncer brillamment les maux d’un système tout en étant son architecte.

Entre les deux livres ?
8 ans comme ministre du Plan (1973-1981).
9 ans comme conseiller présidentiel (1981-1990).
Membre fondateur du parti unique RPT.

Dogo a vu les opposants emprisonnés, torturés, exilés. Il a élaboré les politiques économiques qui ont enrichi une élite pendant que le peuple togolais s’appauvrissait.

En 1982, il écrivait : “Les ressources naturelles doivent profiter à la collectivité.”
Mais les phosphates togolais ont enrichi qui, exactement ?
Il avait les chiffres, les rapports, les statistiques.
Et il n’a rien dit.

Pire.
En 2025, il bénit la succession dynastique : “Le baobab est couché, un frêle bourgeon pousse sur sa racine… Ce bourgeon perpétuera-t-il la Grande Œuvre de son Digne Père ? C’est là mon vœu le plus cher.”

Son propre conseil de 1982 ? “Jugez les actes, pas les paroles.” Appliquons-le :
Ses paroles prônaient la démocratie.
Ses actes ont soutenu 58 ans d’autoritarisme.

Quelle “Grande Œuvre”?
Celle d’un pays classé parmi les plus pauvres du monde malgré ses ressources ?
Celle où trois générations n’ont connu qu’une seule famille au pouvoir ?

Et il ose lancer un “appel patriotique à la jeunesse”.
Leur demande de “faire fi des réseaux sociaux qui relèvent de la fiction” pour “renouer avec la lecture qui retrace la vérité”.

Les réseaux sociaux seraient de la fiction.
Mais les mémoires hagiographiques d’un courtisan seraient “la vérité” ?

Cette jeunesse sait lire, justement.
Elle compare le Dogo de 1982 et celui de 2025.
Elle constate l’écart abyssal entre les principes théoriques brillants et la pratique politique déplorable.

Voilà ce qu’on appelle une trahison de ses propres principes.

Gnimdéwa Atakpama, auteur de « La nuit est longue, mais la révolution vient »

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