Togo – Sécurité routière : un système à bout de souffle malgré une légère amélioration

Route Lomé-Cotonou/Photo: DR

Au Togo, les routes continuent de tuer, malgré quelques signes timides d’amélioration. Selon les derniers chiffres publiés par la Police nationale, le pays a enregistré 117 décès liés aux accidents de la route au troisième trimestre de 2023, contre 145 victimes au trimestre précédent — une baisse d’environ 20 %. Une évolution encourageante, certes, mais qui ne masque pas les failles profondes d’un système de sécurité routière à bout de souffle.

Cette légère embellie s’explique notamment par le renforcement du port du casque, un meilleur respect des feux tricolores et la mise en œuvre de nouvelles mesures de prévention. En moyenne, 18 accidents ont été recensés chaque jour, causant la mort de deux personnes et blessant 26 autres. Un bilan qui demeure alarmant.

Pour Maître Jean Dégli, président du parti Bâtir le Togo, la situation reste « dramatique ». « La sécurité routière au Togo souffre énormément », déplore-t-il. Selon lui, le problème est systémique et s’étend à tous les niveaux : des infrastructures dégradées à la corruption qui gangrène le contrôle routier.

Les routes en piteux état, « les crevasses qui s’élargissent », les feux tricolores en panne depuis des années, comme celui du carrefour Y qu’il cite en exemple, sont autant de dangers quotidiens. À cela s’ajoutent des comportements anarchiques sur les routes : « Des gens sont arrivés du village, ils n’ont jamais vu de feu tricolore […] et puis ils ont la moto et ils font ce qu’ils veulent », observe-t-il.

Le dysfonctionnement ne s’arrête pas là. Le contrôle routier est lui aussi défaillant, miné par des pratiques de corruption : « On donne de l’argent en chemin et puis on passe », regrette Dégli. Résultat : des véhicules non conformes circulent librement, et les permis de conduire sont parfois délivrés sans véritable formation.

Face à ce « cocktail explosif », Maître Dégli appelle à une réforme d’envergure : entretien rigoureux des routes, éducation civique des conducteurs et contrôle strict et impartial. « Il faut qu’on s’y penche sérieusement », prévient-il, car « nos concitoyens meurent de morts qu’ils ne devraient pas connaître ».

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *