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Coup d’État en Guinée-Bissau : Ce qu’il faut savoir de la situation politique

En Guinée-Bissau, l’armée a annoncé mercredi 26 novembre avoir pris le « contrôle total du pays », en pleine attente des résultats de la présidentielle et des législatives organisées dimanche. Les militaires ont proclamé la suspension du processus électoral, ordonné la fermeture des frontières et décrété un couvre-feu obligatoire.

Le président sortant, Umaro Sissoco Embalo, donné favori du scrutin, a été arrêté et placé « en détention à l’état-major », selon des sources militaires. Il a brièvement confirmé à la presse internationale avoir été « renversé ».

Un nouveau coup de force dans un pays habitué aux crises politiques

Située entre le Sénégal et la Guinée, la Guinée-Bissau — qui a connu quatre coups d’État depuis 1974 — replonge dans l’instabilité. Depuis 2020, l’Afrique de l’Ouest est marquée par une succession de putschs (Mali, Burkina Faso, Niger, Guinée).

Les événements de mercredi ont débuté par des tirs près du palais présidentiel, poussant les habitants à fuir le centre de Bissau. Des soldats ont ensuite pris position autour des principaux axes de la capitale.

Dans l’après-midi, le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire de la présidence, a annoncé la création d’un « Haut commandement pour la restauration de l’ordre », chargé de diriger le pays « jusqu’à nouvel ordre ».

Les militaires évoquent un “plan de déstabilisation”

Le général N’Canha affirme que l’armée a agi pour « garantir la sécurité nationale » et « rétablir l’ordre », évoquant la découverte d’un plan visant à déstabiliser le pays, impliquant selon lui des « barons de la drogue ». Les services de renseignement auraient confirmé l’introduction d’armes destinées à « changer l’ordre constitutionnel ».

La Guinée-Bissau, pays de 2,2 millions d’habitants, est régulièrement citée comme point de transit du trafic de drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe.

Arrestation de l’opposition et tensions accrues

Le principal opposant, Domingos Simões Pereira, leader du PAIGC et exclu de la présidentielle, a également été arrêté. Selon ses proches, il « n’est pas en sécurité ». Des hommes armés auraient fait irruption lors d’une réunion de campagne du candidat Fernando Dias, utilisant des gaz lacrymogènes pour tenter d’arrêter les deux hommes. La situation de Fernando Dias restait incertaine en fin de journée.

Les rues de la capitale étaient quasi désertes dans la soirée, sous la surveillance de l’armée.

La Commission nationale des élections a également été attaquée par des hommes armés non identifiés, selon un responsable de l’institution.

Un processus électoral déjà contesté en Guinée-Bissau

La veille, les camps du président Embalo et de Fernando Dias revendiquaient chacun la victoire, alors que la Commission électorale devait publier les résultats provisoires jeudi. Le pays avait déjà connu une grave crise post-électorale en 2019, lorsque Embalo et Domingos Simões Pereira s’étaient mutuellement proclamés vainqueurs.

Fin octobre, l’armée avait annoncé avoir déjoué une tentative de renversement de l’ordre constitutionnel.

Le gouvernement portugais, ancienne puissance coloniale, a appelé mercredi à la retenue et à la reprise du processus électoral. D’autres réactions sont attendues dans la région, alors que la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) suit de près la situation.

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