Voilà bientôt un an que Targone Sambiri N’Wakin, coordonnateur de la DMP et président des DSA, attend un document censé être prêt en deux semaines : son passeport. Onze mois d’allers-retours, de promesses creuses et d’explications alambiquées. À la DGDN, on lui répète que son dossier est complet… mais mystérieusement « retenu par quelqu’un ». Par qui ? Pourquoi ? Silence radio.
« Lors du dépôt du dossier, les agents m’ont informé que je pourrai venir retirer mon passeport dans deux semaines », explique-t-il. Mais lors de ses multiples visites au service des passeports, le même scénario se répète : son dossier est complet, mais serait mystérieusement « retenu par quelqu’un ».
Les agents eux-mêmes semblent dépassés par la situation, promettant des rappels qui ne se font jamais. « A ma grande surprise, deux semaines après, je n’ai reçu aucun appel. C’est alors que je me suis rendu au service des passeports. Les agents ont passé à la vérification et m’ont dit que le dossier est complet, mais est retenu par quelqu’un. Ils m’ont dit qu’ils vont aller voir le chef. J’étais assis là pendant des heures. L’agent qui était parti voir n’est plus revenu. Les autres agents ne comprenant plus la situation, m’ont conseillé de laisser mon numéro de téléphone et de partir, dès que l’autre sera de retour, ils vont m’appeler. C’est ce que j’ai », confie Targone Sambiri N’Wakin.
« Après deux semaines, pas d’appel. J’ai décidé d’y retourner. Ce fut toujours le même langage : ton dossier ne comporte aucun problème, nous allons t’appeler la semaine prochaine ; soyez patient. Et voilà, aujourd’hui cela fait 11 mois que mes allés et retours n’ont donné aucune suite à mon dossier de passeport », déplore-t-il.
Pour l’ancien député, ce blocage administratif n’est que la dernière manifestation d’un acharnement contre sa personne depuis plus d’une décennie. « Depuis 2013, je demeure victime d’un acharnement inédit de la part du régime de Faure contre ma personne », affirme-t-il.
Dès son élection à l’Assemblée nationale en 2013, Targone Sambiri N’Wakin est persécuté par des tenants du régime. Il accuse nommément Dadja Maganawé, alors préfet de Dankpen, d’avoir déposé une « plainte imaginaire » contre lui, marquant ainsi le début d’un harcèlement systématique.
Après la fin de son mandat parlementaire en 2018, il dit avoir été privé de son salaire pendant 13 mois, alors que ses anciens collègues députés percevaient leurs émoluments dès le premier mois suivant le dépôt de leurs dossiers. Une discrimination flagrante qu’il attribue à sa posture d’opposant. L’épisode le plus troublant survient lors d’un voyage en Europe en 2019.
En Belgique, son passeport est confisqué par la police. Les autorités belges lui expliquent que la France et l’Allemagne refusent de l’accueillir sur leur territoire, ayant reçu des informations des autorités togolaises le présentant comme « une personne dangereuse, voire un terroriste ». « Un consul belge dans un pays africain, à qui j’avais adressé une plainte, était étonné d’apprendre que j’étais député dans mon pays », rapporte-t-il. Ce diplomate lui aurait même confié que « vu le traitement fait dans son passeport, il comprend que sa vie soit en danger » et lui a conseillé « d’être prudent ».
Lors des élections municipales de 2025, un cadre du parti UNIR a laissé entendre que d’après les autorités locales, « il fallait me tuer pour avoir une tranquillité au nord, car je suis un poison qui s’associe avec les nationalistes du Sud pour déstabiliser le régime ».
L’on se souvient également des évènements de septembre 2024 au siège de la CDPA où l’opposant a été victime d’une agression physique lors de l’attaque contre le député sénégalais Guy Marius Sagna au siège de la CDPA. « Les miliciens du régime UNIR ont porté plusieurs coups sur ma tête avec des cailloux », raconte-t-il, ajoutant qu’il souffre encore des séquelles de ces blessures. Plus inquiétant encore, il révèle qu’il y a quelques mois, deux militaires en civil se sont présentés clandestinement à son épouse pour l’avertir que « cinq militaires ont reçu ordre et mission dans leur camp pour me suivre et me poignarder sans laisser de traces ».
Pour Targone Sambiri N’wakin, le message du régime est clair : « On reste dangereux et une cible à abattre aux yeux du régime UNIR, une fois que l’on refuse de manger avec eux ou si l’on refuse de participer au pillage des richesses du peuple avec eux ». Face à qu’il qualifie de « torture psychologique et physique », Targone Sambiri N’wakin lance un appel aux organisations de défense des droits de l’homme et à la communauté internationale à œuvrer pour que son passeport lui soit restitué et que cessent les menaces de mort à son endroit.
IciLome avec Libertetogo.tg


