Face à ce qu’elle qualifie de “fuite en avant de la dictature de Faure Gnassingbé”, la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) a tiré, vendredi 5 décembre 2025, la sonnette d’alarme sur “la dégradation continue de la situation sociopolitique” au Togo. Présentant à la presse les conclusions de son séminaire de novembre, la coalition d’opposition a dénoncé l’adoption “forcée” de la Constitution de mai 2024, les “dérives dictatoriales” du régime, la “mal gouvernance chronique” et le “silence complice” de la communauté internationale, appelant à une mobilisation nationale pour restaurer l’ordre constitutionnel.
Réunis en conférence de presse à Lomé, les responsables de la DMP n’ont pas mâché leurs mots. Revenant sur les “conclusions alarmantes” des travaux tenus les 14 et 15 novembre, la coalition a dressé un constat sévère : « depuis six décennies, le peuple togolais est soumis à un système qui a confisqué l’espoir d’un véritable État de droit ». Pour les responsables, la situation a franchi un nouveau seuil depuis l’adoption de la Constitution du 6 mai 2024, qualifiée de “tournant antidémocratique” destiné à “verrouiller la succession au pouvoir”.
La DMP a particulièrement étrillé le discours prononcé par Faure Gnassingbé le 2 décembre. Un texte qu’elle juge marqué par un “cynisme institutionnel”, ignorants selon elle “les aspirations profondes du peuple”. La coalition estime que le chef de l’État “invoque l’ordre constitutionnel alors même que les articles 59 et 144 de la Constitution de 1992 ont été violés”, pointant de multiples “incohérences politiques” entre les déclarations gouvernementales et la réalité des arrestations, restrictions de libertés et dérives autoritaires.
Sur le terrain social et économique, le mouvement dénonce une “mal gouvernance” endémique, une corruption “systémique” et un effondrement du pouvoir d’achat. Il fustige aussi l’attitude des élites nationales, accusées de “silence complice” face à l’urgence nationale. La communauté internationale n’est pas épargnée : la CEDEAO, la France, l’Allemagne ou encore les États-Unis sont pointés du doigt pour leur “ambiguïté” et leur soutien “tacite” au régime.
Face à ce “verrouillage antidémocratique”, la DMP estime que la seule voie restante est la mobilisation. « La mobilisation populaire totale et permanente est la seule alternative viable », affirme-t-elle, en référence à l’article 150 de la Constitution de 1992. La coalition appelle ainsi à la création d’un front citoyen de libération nationale, tout en invitant les forces de sécurité à “rejoindre le camp de la dignité”.
« L’avenir du Togo nous appartient tous. La victoire est au peuple », conclut la déclaration.
Lire la déclaration dans son intégralité
DYNAMIQUE POUR LA MAJORITE DU PEUPLE (DMP)
DECLARATION LIMINAIRE
Le peuple togolais face à la fuite en avant de la dictature de Faure Gnassingbe.
Faisant suite aux conclusions alarmantes des travaux du séminaire des 14 et 15 novembre 2025 sur la crise de légitimité et la nécessité d’une transition démocratique au Togo, la conférence des présidents de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) exprime sa plus vive indignation et sa profonde inquiétude face à la dégradation continue de la situation sociopolitique au Togo.
L’adoption forcée de la Constitution du 6 mai 2024, mettant en place la 5ème République qui instaure ainsi un régime parlementaire et verrouillant la succession au pouvoir, marque un tournant antidémocratique et une rupture de confiance totale entre le peuple et ses dirigeants actuels. Le régime en place, dirigé par Faure Gnassingbé, s’enfonce dans une fuite en avant caractérisée par des dérives dictatoriales flagrantes, une mal gouvernance chronique et une restriction systématique des libertés fondamentales.
Depuis six décennies, le peuple togolais est soumis à un système qui a confisqué l’espoir d’un véritable Etat de droit, de démocratie et de la bonne gouvernance. Les promesses de changement ne sont plus que des leurres face à la réalité des arrestations arbitraires de citoyens, d’activistes et de journalistes dont le seul crime est d’exercer leur droit d’expression.
L’État de droit est quotidiennement bafoué, transformant les institutions censées garantir la justice en instruments de répression et de conservation du pouvoir.
A) Le discours de Faure Gnassingbe du 2 décembre 2025 : Un cynisme institutionnel
Le discours prononcé par Faure Gnassingbé le 2 décembre 2025 est une nouvelle illustration du déni de réalité et du cynisme institutionnel qui caractérisent ce régime. Sous couvert d’un appel à l’unité et d’un plaidoyer pour la “stabilité” de la 5ème République, Faure Gnassingbe a ignoré les aspirations profondes du peuple et les fondements mêmes de l’État de droit.
a) Incohérences Constitutionnelles :
Le régime prétend tirer sa légitimité de la Constitution de mai 2024. Or, ce texte, adopté en force et sans référendum, est l’incarnation même du verrouillage successoral. Le discours est fondamentalement incohérent : il invoque l’ordre constitutionnel alors même que les articles 59 et 144 de la constitution de 1992 ont été violés pour faire adopter le texte qu’il invoque. La même constitution de 1992 impose au citoyen le devoir défendre la forme républicaine de l’État contre ceux qui cherchent à la dévoyer. La tentative du régime d’enterrer l’esprit démocratique de la Constitution de 1992, seul garant de la souveraineté populaire, ne trompera personne.b) Incohérences Politiques :
Affirmer la bonne gouvernance et les progrès économiques alors que le pays s’enfonce dans l’endettement et que la corruption gangrène les institutions est une insulte à l’intelligence des citoyens. Prétendre œuvrer pour la paix et l’inclusion tout en multipliant les arrestations des opposants et la restriction des rassemblements publics est une contradiction flagrante. Ce discours n’est pas un appel à la cohésion, mais une tentative désespérée de légitimer l’illégitime.
c) La légitimation de l’impunité :
Faure Gnassingbe prétend promouvoir une bonne gouvernance tout en ignorant de façon ostentatoire les nombreux crimes économiques qui secouent la république depuis sa prise de pouvoir il y a 20 ans. Le plus ahurissant est la banalisation des activités des miliciens du régime qui opèrent à visage découvert et qui se sentent bien protégé par le pouvoir lors des manifestations sauvagement réprimées.
La DMP dénonce une fois encore avec vigueur l’attaque violente menée par ces groupes de miliciens à la solde du pouvoir le 29 Septembre 2024 contre les députés Guy Marius Sagna du Sénégal et Madame Kafui Adjamagbo Johnson ainsi que l’ensemble des participants de la conférence citoyenne organisée par ces derniers au siège de la CDPA et dont l’enquête n’a connu aucune suite à ce jour. Une preuve de plus de l’impunité garantie pour certains citoyens qui sèment la terreur à travers le pays.
B) La Mal Gouvernance et la faillite des élites
La mal gouvernance économique et sociale a atteint un seuil intolérable. Malgré l’abondance des ressources et des opportunités d’investissement, les bénéfices de la croissance ne profitent qu’à un cercle restreint, laissant la majorité de la jeunesse et des familles dans une précarité criante. L’opacité dans la gestion des fonds publics, la corruption systémique et l’absence de redevabilité sapent toute perspective de développement durable.
La DMP est très préoccupée par la fuite des responsabilités des élites nationales. Pendant que le tissu social se déchire et que les libertés publiques sont étouffées, une partie des élites économiques, politiques et intellectuelles choisit le silence complice ou la collaboration passive. Leur inaction et leur manque de courage politique face à l’urgence nationale sont une trahison de l’idéal républicain.
C) Le Silence complice de la Communauté Internationale
La DMP dénonce l’attitude ambiguë et souvent complice des acteurs internationaux dans le drame qui se joue au Togo.
La DMP interpelle la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En tant que garant théorique de la bonne gouvernance et des processus démocratiques régionaux, l’inaction de la CEDEAO face aux manipulations constitutionnelles répétées et aux violations des droits humains au Togo est un manquement grave à ses propres chartes et encourage l’impunité du régime.
La DMP interpelle également les puissances historiques et les partenaires privilégiés du Togo – notamment la France, l’Allemagne et les États-Unis qui continuent de soutenir tacitement le régime togolais et foulent aux pieds les valeurs démocratiques. C’est important de noter que le drame togolais se joue aussi dans ce silence intéressé et soutien complice qui frise l’incohérence politique et l’immoralité institutionnelle dans nos Etats africains.D) Appel solennel à l’unité et à la détermination
Face à ce mur d’intransigeance et au verrouillage antidémocratique des espaces de liberté, rendant impossible toutes voies à l’alternance mais aussi aux manifestations pacifiques, le peuple n’aura d’autre choix que celle de la désobéissance civile inscrite dans la constitution de 1992 en situation de coup de force comme c’est le cas.
La DMP lance un appel solennel et vibrant à toutes les forces vives de la nation pour : Exiger la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques et l’instauration d’une amnistie générale permettant le retour sécurisé de tous les exilés, condition sine qua non à une réconciliation nationale véritable.
Elle appelle urgemment à la formation d’un front de libération nationale composé des citoyens patriotes et engagés contre le coup de force de mai 2024. Seule cette unité permettra de créer les conditions de la libération nationale.
a) La mobilisation est la seule alternative
La DMP affirme que la mobilisation populaire totale et permanente est la seule alternative viable pour mettre fin au régime des Gnassingbé puisque ce dernier a choisi la voie de l’autocratie. Ce droit est légitimé par l’esprit de l’article 150 de la Constitution 1992 (devoir de défendre la forme républicaine de l’État et l’ordre constitutionnel). L’heure n’est plus à la participation illusoire, mais à la contestation globale.
b) Aux forces de sécurité
La DMP exhorte les forces de défense et de sécurité à se souvenir de leur serment de protection du peuple et s’abstenir d’être les instruments de la répression et en rejoignant le camp de la légitimité et de la dignité.
Le combat que mène le mouvement M66 est un combat légitime pour la restauration de la République. Tout le monde doit se sentir concerné.
L’heure n’est plus aux atermoiements. L’avenir du Togo nous appartient tous. C’est dans la mobilisation et la détermination que nous tracerons, ensemble, le chemin vers une véritable alternance démocratique et la construction d’une nation togolaise libre, juste et prospère.
La Victoire est au Peuple.
Fait à Lomé le 05 Décembre 2025
La conférence des Présidents


