Alors que les bulldozers poursuivent les démolitions le long des rails, l’ancien député Gerry Taama dénonce l’absence de solutions de relogement et appelle les autorités locales à plus d’humanité face à la détresse des familles expulsées.
Démolition le long des rails. Nul n’a choisi d’être pauvre.
Depuis quelques jours, les scènes de désolation qui accompagnent la démolition des baraques de fortune le long des rails me brisent le cœur. Et la seule question que je pose est celle ci. Ne pouvait-on pas faire autrement ?
Attention. Je suis un ex homme politique et je ne céderai pas au populisme en condamnant unilatéralement la récupération par l’état d’espace public. Je sais aussi que dans certaines situations, certains occupants traînent à vider les lieux. Mais cette résistance à une raison principale. Les gens ne savent pas où aller.
Et c’est à ce moment que j’ai du mal à comprendre le silence des services de la mairie. Beaucoup des personnes dont les installations ont été démolies payaient les taxes municipales, contribueaient a l’économie de la commune et de la ville. Ces personnes étaient installées là bas faute de mieux. Parfois, on a l’impression que être pauvre dans notre pays est une malédiction, alors que le principe d’un état est surtout de veiller au bien être de la population.
C’est donc bien de demander au gens de partir, mais c’est surtout mieux de les relocaliser. Et cette tâche revient aux services de la mairie.
Par humanisme aussi, il revient aussi d’observer un moratoire quand les engins arrivent. Voir des engins démolir les baraques alors que des gens tentent désespérément de récupérer leur effet est déchirant. Pourquoi autant de cruauté ? Oui, les gens n’ont peut être pas respecté les ultimatums. Quand les engins sont là et il est avéré que la démolition est imminente, ça coûte quoi de laisser les gens retirer leurs effets ? Ou se trouve notre humanité.
Le plus scandaleux dans cette histoire est que ces déguerpissements peuvent, comme ce fut le cas à plusieurs reprises, donner lieu à aucun projet. On deguepit, on ne fait rien, et l’endroit est occupé progressivement par d’autres pauvres hères, qui n’ont nulle part où aller. La nature a horreur du vide.
Parfois, j’ai l’impression que certains s’emploient à provoquer une explosion sociale. Coûte sur coûte. La ville souffre de plusieurs maux qui s’appellent assainissement, accès à l’eau et à l’électricité, transport urbain et j’en passe, et ce qu’on trouve, c’est en rajouter à la précarité.
Et tout ceci se passe sans qu’aucun maire, député ou ministre n’intervienne . Circulez, il n’y a rien à voir.
Pauvres de nous. Nul n’a choisi d’être pauvre. Parmi les gens propriétaires des petits commerces qui ont été démolis, certains sont probablement diplômés, travailleurs, honnêtes et justes. Leur faute, c’est que personne ne leur a jamais tendu la main. Personne. Absolument personne.
Pauvres de nous.
Gerry.


