Au Togo, des initiatives pour éviter les « traitements dégradants » infligées aux veuves

Au Togo, les veuves se voient fréquemment imposées des traitements dégradants à la suite de la mort de leur époux. Face à ces coutumes, les confessions chrétiennes veulent proposer des accompagnements et des cérémonies inculturées plus respectueuses.

Selon les Nations Unies, il y a environ 258 millions de veuves dans le monde dont une sur dix vit dans une pauvreté extrême. Face à cette situation qui touche notamment des Togolaises, plusieurs personnes et institutions s’engagent pour défendre les droits de ces femmes vulnérables. C’est le cas de Philomène Mondedji qui a lancé le projet Aide à l’épanouissement des veuves du troisième âge du Togo, avec l’ONG Action population plus.

Des rites de deuil dégradants

En cas de décès, le code togolais des personnes et de la famille reconnaît au conjoint survivant, « le droit de refuser de se soumettre à des rites de deuil dégradants ou de nature à porter atteinte à sa dignité, à son intégrité corporelle, morale, psychologique ou à sa délicatesse ». Pourtant, « les veuves sont souvent marginalisées et subissent une double peine du fait de la disparition de leur mari, puis des traitements dégradants auxquels elles sont soumises sous prétexte de rites de veuvage et autres », déplore Philomène Mondedji, qui a elle-même perdu son époux.

Au Togo, des traitements dévalorisants peuvent être infligés, variant d’une coutume à une autre. « Certaines femmes sont accusées d’être l’auteure du décès de leur mari, puis chassées de la maison conjugale, leurs enfants sont retirés, et certains rites de veuvage traditionnel sont dangereux et humiliants comme brûler du piment dans la chambre de la veuve sans droit d’éternuer, contrainte de garder une position figée dans la chambre pendant des jours », dénonce Philomène Mondedji.

Chez les catholiques togolais, le veuvage est célébré dans les paroisses avec possibilité de bénédiction des membres de la famille du défunt, explique le père Michel Mingnanguibe, chargé de la pastorale familiale dans le diocèse de Dapaong, au nord du pays. « Le rituel inculturé, dit-il, prévoit le rite de bénédiction de la veuve, des orphelins, du repas et de tous les invités en ces circonstances au domicile du défunt. »

Marginalisation et misère

D’autres confessions religieuses offrent d’autres services aux veuves qui les sollicitent. « L’Église méthodiste du Togo accompagne les veuves car elle reconnaît qu’elles constituent souvent un groupe marginal qui doit être protégé pour garantir leurs droits à travers un accompagnement spirituel, psychologique et pastoral, ainsi que des actions d’éveil de conscience », indique le pasteur Emmanuel Ajavon, promoteur d’un plaidoyer en cours lancé à Lomé par la Conférence des Églises de toute l’Afrique (Ceta) le 23 juin à l’occasion de la journée internationale des veuves. Ce pasteur explique qu’en raison de certaines normes et croyances culturelles et cultuelles, « de nombreuses veuves sont soumises à des pratiques déshumanisantes qui les privent de leurs droits et de leur dignité, et sont victimes de stigmatisation ».

Rita Amendah, écrivaine et défenseure des droits humains au sein du Groupe de réflexion et d’action femme, démocratie et développement (Gf2d) au Togo s’insurge également contre ce phénomène. « En plus de souffrir de la disparition de leur époux, certaines veuves sont très vite confrontées à la misère, du fait de l’accaparement des biens du disparu par des parents ». D’où les recours à l’aide auprès de l’organisation de la charité pour un développement intégral (Ocdi/Caritas) dans les diocèses, des associations ecclésiales et civiles telles, entre autres, l’Association catholique de la veuve et de l’orphelin (Acvo), le fonds d’aides aux veuves et orphelins (Fondavo).

africa.la-croix.com

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