La récente sortie du député Abass Kaboua sur l’affaire des 400 millions de francs CFA dérobés au ministre de l’Habitat, Kodjo Adedzé à son domicile n’est pas une surprise. A son aise, le leader du Mouvement des Républicains Centristes (MRC) n’est pas allé du dos de la cuillière pour dézinguer l’autorité à un niveau où l’acteur politique, Nathaniel Olympio se demande si le parlementaire est intouchable.
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Abass Kaboua intouchable ?
Dans une des émissions radio qu’il affectionne, le député n’a pas été tendre avec le ministre qui aurait perdu des centaines de millions de francs cfa à son domicile. Les mots sont crus, directs et accablants, voire déshonorants.
En l’écoutant, je me suis dit qu’à ce niveau d’invective, il fera sans doute l’objet d’une poursuite judiciaire. En fait, alors que je n’avais pas fini ma réflexion, je l’entends lui-même inviter le membre du gouvernement à le poursuivre. « Il n’a qu’à commencer par porter plainte contre moi » dit-il, considérant que le ministre a déjà porté plainte contre les journalistes qui ont dévoilé cette affaire. Très étonnant de la part du député.
Je m’interroge. Abass Kaboua, est-il protégé par quelqu’un plus puissant qu’un ministre ou est-ce juste une sorte de « fou de la République » qui dit des vérités incontestables, avec preuves à l’appui comme il l’affirme ?
Si c’est le cas, alors, mon frère Abass, il faut porter les preuves à la justice pour ne pas être soumis à « complicité d’entrave au bon fonctionnement de la justice ». Ce chef d’accusation est à la mode en ce moment.
Dans ce pays, des journalistes, des politiques et des leaders des organisations de la société civile sont fréquemment jetés en prison pour bien moins que ça, sur plainte de barons du régime ou de ministres en fonction. Même des députés ont, à plusieurs reprises, été dépouillés de leur immunité et mis sous les verrous.
Abass Kaboua n’a pas sa langue dans sa poche, tout le monde le sait. Sans langue de bois et sans détour, il dit ce qu’il pense. Et depuis qu’il est député, avec le bouclier de l’immunité parlementaire, il est encore plus tranchant dans son expression.
Quand il était dans l’opposition, on pouvait comprendre ses diatribes contre le pouvoir. Cela lui a d’ailleurs valu la prison, alors qu’il était innocent dans l’affaire des incendies des marchés de Kara et Lomé. Mais, maintenant qu’il entretient une proximité politique avec le régime, sa posture devient paradoxale. Aucune autre personnalité gravitant autour du pouvoir ne se permet de telles libertés, de telles audaces. Il n’hésite pas à égratigner publiquement le chef de l’Etat lui-même.
Or, au Togo, de la candidature à la proclamation des résultats, « les heureux élus » ne le sont que par la volonté du pouvoir. Les élections législatives de 2018 n’ont pas échappé à cette pratique. Ainsi, les députés doivent leur statut à l’Exécutif, ce qui engendre une certaine redevabilité. Dans ce genre de situation, les députés sont plutôt conciliants avec les membres de l’Exécutif. C’est ce qu’on observe à l’Assemblée nationale.
Alors, l’attitude du député Abass Kaboua reste une énigme qu’il faudra bien comprendre un jour.
Gamesu
Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais
Moi j’adore cette sortie d’AK.