A la suite de l’hommage que nous avons rendu à Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO au cours de la veillée de prières en sa faveur en l’église Cristo Risorto de Hedzranawoe à Lomé le mercredi soir, le 31 janvier 2024, qu’il nous soit permis d’approfondir cet hommage en l’élargissant à Monseigneur Bernard ATAKPAH.
Qu’il me soit permis de faire cet approfondissement en notre qualité politique de Président du Mouvement du Peuple pour la Liberté (MPL-ABLODEVIWO), mais aussi en nos qualités universitaires de professeur et de théologien.
Comme peu de fidèles chrétiens le savent et le mettent en pratique, le baptême confère à tout fidèle chrétien la qualité, la mission et le pouvoir de prêtre, de prophète et de roi, par participation aux fonctions sacerdotales, prophétiques et royales suprêmes de Jésus-Christ, comme le précise le chapitre IV de « la constitution dogmatique l’Eglise Lumière des nations » du Concile Vatican II.
Après Jésus-Christ lui-même, le premier modèle pour les fidèles chrétiens pour l’exercice de leur qualité, mission et pouvoir de prophète pour leur société et leur temps est Saint Jean-Baptiste, élevé par Jésus-Christ lui-même au rang du « plus grand des prophètes » en Matthieu 11, 1-15, qui interpellait avec vigueur et rigueur tous les acteurs de sa société sur leurs dérives dans l’exercice de leurs fonctions. Comme rapporté en Luc 3, Saint Jean-Baptiste disait aux plus riches comme aux plus pauvres de sa société « que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même ». Il disait aux collecteurs d’impôts réputés être de grands voleurs : « n’exigez rien au-delà de ce qui vous est prescrit », et aux soldats, réputés brutaliser les civils sans armes comme au Togo et dans bien d’autres pays : « ne molestez personne, n’extorquez rien, et contentez-vous de votre solde ». Comme rapporté en 2 Samuel 12, du temps du roi David, le prophète Nathan avait publiquement et vivement reproché à son roi David le double crime de commanditaire de la mort du chef de son armée et de son adultère avec sa femme, adultère duquel est né le successeur du roi David, le roi Salomon. A l’exemple du prophète Nathan, « le plus grand des prophètes » avait publiquement et vivement reproché à son roi Hérode Antipas son adultère en cours avec Hérodiade la femme de son frère. Contrairement au prophète Nathan, cette dénonciation publique des moeurs de son roi coûta finalement à Saint Jean-Baptiste sa décapitation sur ordre du roi Hérode et sur la demande de sa femme adultère Hérodiade par sa fille Salomé, comme rapporté par Matthieu 14, 1-11, Marc 6, 21-28 et Luc 3, 19-20.
La première et la plus grande figure de Saint Jean-Baptiste pour notre temps et pour le Togo est incontestablement Monseigneur Bernard ATAKPAH, qui est à ce jour le seul évêque africain à avoir été consacré par un Pape. Ce fut le Saint Pape Paul VI à Bombay en Inde le 3 décembre 1964. Après avoir publiquement condamné l’assassinat du « Père de l’indépendance et de la Nation du Togo » et Président du Togo, Sylvanus Olympio, le 13 janvier 1963, ainsi que le coup d’état du 13 janvier 1967, contrairement aux autres évêques du Togo, jusqu’à ce jour, Monseigneur ATAKPAH demeure la seule personnalité publique au Togo à avoir publiquement dénoncé les dérives du pouvoir du dictateur Togolais Eyadema GNASSINGBE, notamment sa politique culturelle « d’animation » et les défaillances de sa politique de développement économique. Ces dénonciations courageuses à l’exemple de Saint Jean-Baptiste coûteront à Monseigneur ATAKPAH les répressions violentes de la part du dictateur togolais, qui a fait brûler en 1974 la cathédrale « Sainte famille » d’Atapkamé, ainsi que l’évêché flambant neuf d’Atakpamé construit grâce aux dons et aux réalisations d’amis personnels italiens du Saint Pape Paul VI. C’est des chocs produits sur la santé de Monseigneur ATAKPAH par ces violences que ce denier décéda finalement le 26 février 1977, après avoir obtenu du Saint Pape Paul IV le privilège rare de désigner lui-même son successeur comme évêque d’Atakpamé, Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO, comme le prophète Elie désigna lui-même son successeur le prophète Elisée, comme rapporté dans 1 Rois 19, 19-21. Le Général Eyadéma GNASSINGBE, en bon militaire, eut le mérite de respecter son plus farouche adversaire politique public, Monseigneur ATAKPAH, et surtout d’assister à ses obsèques à Atakpamé le 12 mars 1977, contrairement à son fils le Président Faure GNASSINGBE, qui n’assista pas aux obsèques le jeudi 1er février 2024 à Lomé de l’un de ses plus courageux et rigoureux adversaires politiques publics, Monseigneur KPODZRO, alors que le Président togolais participa activement aux obsèques à Lomé le 9 mai 2014 du prédécesseur de Monseigneur KPODRZO comme arhevêque de Lomé, Monseigneur Robert DOSSEH. La grande injustice faite à Monseigneur Bernard ATAKPAH, de ne pas être reconnu et honoré comme le premier opposant public au Togo au régime héréditaire togolais mérite d’être réparée le plus tôt possible, par tous les acteurs politiques ou médiatiques de la vie politique togolaise. A cette fin, qu’il nous soit permis de recommander le précieux livre du regretté Père Théodore Assogba, intitulé « Monseigneur Bernard OGUKI-ATAKPAH, un témoin », publié en 2019 à Lomé par les édition Artcom, ainsi que l’excellent article publié par le journal Liberté n° 2961 du 16 juillet 2019 sous le titre « Révélations et interpellation d’un fidèle catholique ».
La scène du « baptême de Jésus-Christ » dans le Jourdain par le prophète Jean-Baptiste, unanimement rapportée par les quatre évangélistes dans Matthieu 3, 13-17, Marc 1, 9-11, Luc 3, 21-22 et Jean 1, 29-34, constitue une première « théophanie », c’est-à-dire manifestation, du « Dieu Trinitaire », à la fois « Père, Fils et Saint-Esprit », qui explique l’importance accordée par Jésus-Christ lui-même à Saint Jean-Baptiste en l’élevant au rang du « plus grand des prophètes ». La scène de la « transfiguration de Jésus-Christ », rapportée dans Matthieu 17, 1-8, Marc 9, 2-8, Luc 9, 28-36 et 2 Pierre 1, 16-18, constitue une seconde « théophanie du Dieu Trinitaire », qui explique l’importance accordée par Jésus-Christ lui-même également aux prophètes Moïse et Elie, et également au prophète Saint Jean-Baptiste comme « une figure éminente du prophète Elie », comme rapporté dans Matthieu 17, 9-13. « L’ascension du prophète Elie », qui préfigure « l’Ascension de Jésus-Christ », est rapportée dans 2 Rois 2, qui rapporte également comment le disciple Elisée du prophète Elie a hérité de « la double part de l’esprit » et de la puissance de son maître. Quant à 2 Rois 5, 20-27, il rapporte comme de manière prémonitoire comment le serviteur Géhazi du prophète Elisée, qui escroqua son maitre, fut puni par Dieu avec la lèpre. La puissance des prophètes Elie et Elisée est admirablement mise en valeur dans Ecclésiastique 48, 1-14, disant entre autres : « Comme tu étais glorieux, Elie, dans tes prodiges ! Qui peut dans son orgueil se faire ton égal ? Toi qui a arraché un homme à la mort et au shéol, par la parole du Très-Haut… Tel fut Elie qui fut enveloppé dans un tourbillon. Elisée fut rempli de son esprit. Pendant sa vie aucun chef ne put l’ébranler, personne ne put le subjuguer. Rien n’était trop grand pour lui et jusque dans sa mort son corps prophétisa. Pendant sa vie, il fit des prodiges, et dans sa mort ses œuvres furent merveilleuses ». Jésus-Christ lui-même souligne également l’importance de la figure prophétique d’Elisée en disant, comme rapporté en Luc 4, 27 : « Il y avait aussi beaucoup de lépreux en Israël au temps du prophète Elisée, et aucun d’eux ne fut purifié, mais bien Naaman, le Syrien ».
De même que le plus grand honneur et mérite du prophète Elisée est d’avoir été le digne successeur de son mentor Elie, le plus grand honneur et mérite de Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO, au delà de ses mandats éminents de second évêque d’Atakpamé (1976-1992) à la suite de Monseigneur Bernard ATAKPAH (1964-1976), de troisième archevêque de Lomé (1992-2007) à la suite de Monseigneur Joseph STREBLER (1955-1961) et de Monseigneur Robert DOSSEH (1962-1992), de Président de la Conférence Nationale Souveraine du Togo (1er juillet 1991-28 août 1991), de Président de l’Assemblée Nationale togolaise HCR (20 août 1991-février 1994), et de Père de la Constitution togolaise de 1992 depuis lors dénaturée, c’est d’avoir été un digne successeur de son mentor et principal bienfaiteur Monseigneur Bernard ATAKPAH, en restant dans l’histoire du Togo comme une éminente figure prophétique pour notre temps de Saint Jean-Baptiste, « le plus grand des prophètes », à la suite de Monseigneur Bernard ATAKPAH.
Par l’accomplissement de manière exemplaire et admirable de leur mission prophétique baptismale, nous pouvons donc soutenir que Monseigneur Bernard ATAKPAH a également été pour notre temps et pour le Togo la figure la plus éminente du prophète Elie, comme Saint Jean-Baptiste l’a été pour son temps et pour son pays, conformément à Matthieu 17, 9-13, et que Monseigneur Philippe KPODZRO a également été pour notre temps et pour le Togo la figure la plus éminente du prophète Elisée. A la lumière de cette comparaison entre le prophète Elisée et Monseigneur Philippe KPODZRO, il ne serait pas étonnant que son assistant durant ses six dernières années, qui est actuellement sous le coup d’une plainte auprès de la justice suédoise déposée par la famille biologique de Monseigneur Philippe KPODZRO, subisse finalement un sort comparable à celui du serviteur d’Elisée.
La mission politique à laquelle le prophète Moïse a consacré toute la partie la plus importante de sa vie jusqu’à sa mort, a été de faire sortir le « peuple de Dieu en Egypte » de « la servitude de la misère et de la misère de la servitude », pour le faire entrer dans « la terre promise » de la « liberté et de la prospérité ». Malgré « la traversée du désert » durant des décennies, le prophète Moïse, qui a bien commencé sa « mission de libération de peuple de Dieu en Egypte », n’a pas eu la faveur divine de vivre lui-même « l’entrée dans la terre promise de la liberté et de la prospérité ». Ce sont les « continuateurs de la mission politique de Moïse », sous la houlette de Josué, qui ont bénéficié de cette faveur divine.
De même, la mission politique, conformément à « la doctrine sociale de l’Eglise », à laquelle Monseigneur Bernard ATAKPAH et Monseigneur Philippe KPODZRO ont consacré la partie la plus importante de leurs vies de « pasteurs du Peuple de Dieu au Togo », a été de faire sortir « le peuple de Dieu au Togo » de « la servitude de la misère économique, morale et spirituelle et de la misère de cette servitude » dans lesquelles ont plongé les coups d’Etat des 13 janvier 1963 et 1967, avec l’assassinat du « Père de l’Indépendance et de la Nation du Togo », dénoncés avec vigueur par Monseigneur Bernard ATAKPAH, conformément à la « prophétie d’Isaïe » en Isaïe 21,12 : « le matin vient, mais la nuit va revenir ».
Conformément à « la doctrine sociale de l’Eglise », le but de cette « sortie de la servitude de la misère et de la misère de la servitude », c’est l’entrée dans « la terre promise de la Liberté Totale (ABLODE GBADJA) et de la prospérité », conformément également à l’hymne national togolais : « Que viennent les tyrans, Ton cœur soupire vers la liberté, Togo debout, luttons sans défaillance, Vainquons ou mourons, mais dans la dignité. Grand Dieu, Toi Seul nous a exaltés, Du Togo pour la prospérité, Togolais viens, bâtissons la cité ».
Conformément à « la doctrine sociale de l’Eglise », le but, c’est l’entrée dans « la terre promise de la Liberté Totale (ABLODE GBADJA) et de la prospérité », par « l’alternance politique pacifique et cordiale au Togo », conformément également au premier point du « programme du Mouvement du Peuple pour la Liberté (MPL-ABLODEVIWO) » : « Travailler et lutter résolument pour l’avènement et l’enracinement du « changement dans la gouvernance du Togo », par « l’alternance politique pacifique cordiale au Togo », comme en Afrique du Sud à la fin de l’Apartheid, en « reprenant et en portant haut le flambeau de la Liberté » qui a permis au Togo de conquérir son indépendance, et en mettant en œuvre avec la non-violence et la détermination légendaires de Jésus, de Gandhi, de Martin Luther King et de Nelson Mandela, l’exhortation de l’hymne national togolais : « Togo debout, luttons sans défaillance ».
Conformément à « la doctrine sociale de l’Eglise », le but, c’est l’entrée dans « la terre promise de la Liberté Totale (ABLODE GBADJA) et de la prospérité » dans l’unité nationale et familiale, conformément également à l’hymne national togolais : « Dans l’unité nous voulons te servir,c’est bien là de nos cœurs, le plus ardent désir,clamons fort notre devise, que rien ne peut ternir », et conformément au second point du « programme du Mouvement du Peuple pour la Liberté (MPL-ABLODEVIWO) » : « pour « resserrer les liens de fraternité indissoluble du peuple togolais dans la justice, l’égalité, et la convivialité », conformément au slogan « le Togo, un seul peuple, une seule famille », et faire des « Forces Armées Togolaises » des « Forces Armées Togolaises Républicaines » garants de l’unité nationale et de la démocratie républicaine ».
Conformément à « la doctrine sociale de l’Eglise », le but, c’est l’entrée dans « la terre promise de la Liberté Totale (ABLODE GBADJA) et de la prospérité », et conformément au troisième point du « programme du Mouvement du Peuple pour la Liberté (MPL-ABLODEVIWO) » : «pour inaugurer et consolider le « changement dans la vie de tous et chacun », grâce au « travail rémunérateur pour tous et chacun », garanti par des mesures et des réformes révolutionnaires à prendre par l’état pour toutes les catégories de travailleurs potentiels, en particulier pour les agriculteurs avec la réforme révolutionnaire des « entreprises agricoles », pour les travailleurs citadins diplômés avec la révolution de « l’offshore informatique », et pour les travailleurs citadins non diplômés avec la révolution de « l’offshore industriel » dans la « zone franche industrielle » sur toute l’étendue du territoire national, et plus spécialement dans l’extension du port de Lomé, le seul port en eaux profondes de toute la côte ouest-africaine, à 200 km du plus grand marché national africain de 200 millions de consommateurs Nigérians ».
Malheureusement, comme ce fut le cas pour le Prophète Moïse, Dieu n’accorda pas de leur vivant à Monseigneur Bernard ATAKPAH et à Monseigneur Philippe KPODZRO la faveur de vivre eux-mêmes l’entrée dans « la terre promise de la Liberté Totale (ABLODE GBADJA) et de la prospérité » dans leur « Pays bien aimé ». Dieu, dans la liberté et le secret de son agenda, comme pour le prophète Moïse, a réservé cette faveur divine aux « continuateurs authentiques et méritants de la mission politique de Monseigneur Bernard ATAKPAH et de Monseigneur Philippe KPODZRO », quelques soient leurs sensibilités partisanes, qu’ils soient du MPL-ABLODEVIWO, de l’ANC, de la DMK, de la DMP, du PNP, ou d’autres partis politiques togolais, à condition qu’ils honorent sincèrement toutes les exigences morales de l’hymne national togolais, notamment celle déjà citée sur l’unité nationale et familiale, ainsi que la suivante : « aimer servir, se dépasser, faire encore de toi sans nous lasser, Togo chéri, l’or de l’humanité ».
Pour toutes les raisons évoquées, nous pouvons soutenir pour conclure que, par leurs engagements politiques exemplaires conformément à la doctrine sociale de l’Eglise, Monseigneur Bernard ATAKPAH et Monseigneur Philippe KPODZRO sont également des figures éminentes et admirables pour notre temps et pour le Togo du prophète Moïse.