Le 15 février prochain, les tout premiers sénateurs de l’histoire du Togo seront élus. La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a publié, ce vendredi, la liste provisoire des 92 candidats en lice pour ces élections.
Selon les chiffres communiqués par la CENI, 41 candidatures ont été enregistrées dans la région Maritime (incluant le Grand Lomé), 23 dans les Plateaux, 10 dans la Centrale, et 9 dans chacune des régions de la Kara et des Savanes.
Sur ces 92 prétendants, 40 proviennent du parti présidentiel Union pour la République (UNIR), tandis que les 52 restants représentent divers partis d’opposition et groupes indépendants. On y retrouve notamment des membres du CAR, de l’ADDI, du NET, de l’UFC, ainsi que d’autres formations politiques.
En matière de parité, seules 17 candidatures féminines ont été recensées, contre 75 masculines, soulignant une représentativité encore largement déséquilibrée.
Ces élections visent à élire 41 sénateurs, chargés de représenter les 39 préfectures du pays. Conformément à la Constitution, 20 autres sénateurs seront directement nommés par le président de la République, portant ainsi le nombre total de sièges à 61.
La liste provisoire des candidats sera soumise à la Cour constitutionnelle, qui disposera de 72 heures pour statuer sur sa validité, après un examen minutieux des dossiers.
Les caciques du régime en lice
Dans le contexte politique togolais, dominé par le régime des Gnassingbé, les promesses de transparence électorale peinent à se concrétiser. Les prochaines élections sénatoriales ne semblent pas déroger à la règle. Les législatives d’avril 2024, où le parti au pouvoir a raflé 108 des 113 sièges de l’Assemblée nationale, laissant à l’opposition un maigre butin de 5 sièges, annoncent déjà la couleur.
Parmi les candidats, on retrouve des figures emblématiques et fidèles du régime UNIR : Dama Dramani, ancien président de l’Assemblée nationale, Adji Otèth Ayassor, ex-ministre de l’Économie et des Finances, Barry Moussa Barqué, grand chancelier des ordres nationaux, Komlan Mally, ancien Premier ministre, et James Victor Sossou, PDG du groupe Midnight Sun.
Ces 40 candidats d’UNIR, quasi-exclusivement issus du cercle restreint du pouvoir, sont des piliers du régime ayant largement contribué à sa pérennité. Il est peu probable qu’un seul d’entre eux échoue dans sa quête du Sénat. Quant aux 20 sénateurs que nommera personnellement Faure Gnassingbé, l’idée même qu’ils proviennent des rangs de l’opposition relève de l’utopie.
Les candidats de l’opposition et des groupes indépendants, bien qu’animés d’espoir, risquent fort de déchanter. Depuis l’instauration de la 5e République, imposée contre la volonté populaire, le pouvoir en place a opté pour une stratégie de verrouillage total. La moindre parcelle d’influence politique semble désormais hors de portée de l’opposition, une dynamique confirmée par les récentes consultations législatives.
Une chambre taillée sur mesure
La configuration de cette nouvelle chambre sénatoriale s’annonce sans surprise : une réplique presque parfaite de l’actuelle Assemblée nationale, dominée de manière écrasante par les députés bleus d’UNIR.
Ce scrutin, présenté comme un acte démocratique, semble davantage servir de prétexte pour redistribuer les privilèges au sein du cercle rapproché du pouvoir. Une fois encore, les attentes citoyennes en matière de gouvernance et de représentativité risquent d’être reléguées au second plan.