Le Professeur Robert Dussey, Ministre des Affaires Étrangères de l’Intégration Régionale et des Togolais de l’extérieur, a encore pris la parole lors d’un symposium organisé les 29 et 30 janvier 2025, à l’occasion du 140e anniversaire de la Conférence de Berlin de 1884-1885. Ce fut une occasion pour rappeler les profondes conséquences historiques de cet événement qui a marqué l’histoire de l’Afrique. Au cœur de son discours, le ministre a dénoncé la partition du continent africain « sans les Africains », soulignant que 140 ans après, l’Afrique demeure un acteur absent de son propre destin sur la scène internationale.
LA CONFÉRENCE DE BERLIN 1884-1885 OU « LE PARTAGE DE L’AFRIQUE SANS L’AFRIQUE »
– Monsieur Stefan Wintels, Président du conseil d’administration de KfW
– Prof. Dr. Horst Kohler, Ancien Président de la République Fédérale d’Allemagne
– Mme Ellen Johnson-Sirleaf, Ancienne présidente de la République du Liberia
– Chère Juliana Lumumba, ancienne Ministre de la République Démocratique du Congo
Chers organisateurs de l’évènement qui nous réunit en ce jour,
Mesdames et Messieurs, chers amis de la presse à vos rangs et grades respectifs
Il y a, de nos jours, un ardent besoin de dialogue entre l’Afrique et l’Europe et des occasions de ce genre sont des moments de dialogue qui ne disent pas leur nom. C’est pourquoi, je voudrais féliciter les promoteurs de cet évènement et les remercier pour l’invitation qui m’a été faite de prendre la parole pour partager avec vous mes vues et convictions sur la Conférence de Berlin de la fin du XIXe siècle et ses implications pour l’Afrique en tant que continent, mais aussi en tant qu’actrice de la scène internationale.
L’Afrique avec une Superficie de 30 370 000 km2 ; est plus grande que toute l’Europe, la Chine et les Etats-Unis réunit. L’Afrique possède 60% des terres arables, 90% des réserves de matières premières, 40% des réserves mondiales d’or. L’Afrique regorge de 33% des réserves mondiales de diamant, 80% des réserves mondiales de coltan, métal utilisé pour la production de téléphone et l’électronique surtout en République Démocratique du Congo, 60% des réserves mondiales de cobalt, métal utilisé pour la fabrication de batterie de voiture. L’Afrique est riche en pétrole, en gaz naturel, en manganèse en fer, en bois….Les terres agricoles en RDC seulement sont capables de nourrir toute l’Afrique. La population mondiale des jeunes en Afrique devraient atteindre 25.000.000 d’ici 2050. L’Afrique représente l’avenir de l’humanité. Oui c’est cet immense continent que vous aviez divisé, partagé selon vos intérêts sans tenir compte des intérêts des africains.
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de me retrouver en Allemagne, votre pays dont j’ai des années durant bu du lait de vos imminents penseurs qui ont façonnés la pensée européenne en générale et celle du siècle des lumières en particulier. Je voudrais citer ici: Friederich Hegel, Martin Heidegger, Edmund Husserl, Anna Arendt, Arthur Schopenhauer, Karl Max, Jürgen Habermas, Theodore Adorno, … Leo Strauss, Karl Jaspers et bien sûr Emmanuel Kant dont je suis un disciple de la pensée. J’ai eu l’opportunité déjà d’intervenir ici dans les universités allemandes, dans un cadre d’échanges d’expérience interuniversitaire, à dispenser dans le passé des cours… Et c’est fort de cette amitié que je voudrais en tant que kantien que l’on se pose ensemble les trois questions auxquelles l’ensemble de sa philosophie s’est efforcée de répondre: QUE PUIS CONAITRE? Que dois-je savoir sur la conférence de Berlin ? Que m est-il permis d’espérer? Ou autrement dit Que s’était-il passé? Que s’était-il dit ici à Berlin ?
J’ai beaucoup d’amis ici parmi vous et en tant qu’ami, je voudrais être sincère avec vous et aussi vous dire la vérité. La sincérité est l’identité de l’être et du paraître, de l’intérieur et de l’extérieur, la parfaite transparence à soi-même. On ne se connaît qu’en s’arrangeant, et lorsque nous savons ce que nous sommes, nous ne sommes déjà plus ce que nous étions.Du point de vue de Kant, l’absence de sincérité tient d’abord au fait de vouloir simuler des convictions que l’on n’a pas, en allant jusqu’à se cacher à soi-même ses propres doutes, et en exigeant des autres qu’eux aussi ils simulent la conviction.
La vérité est définie comme l’adéquation entre un jugement et la réalité. Pour le sens commun, une proposition ou une théorie est « vraie » lorsqu’elle est conforme au réel et qu’elle peut être attestée par l’observation ou par l’expérimentation. Ici le réel est clair, les faits sont là.
Pour nous Africains, Berlin, cette belle ville, symbolise le partage de l’Afrique sans l’Afrique.
En Afrique, avant l’esclavage, la vie des africains était assez similaire à celle des européens qui nous ont asservi plus tard. Certains vivaient dans de grandes villes, d’autres dans des petites villes, d’autres encore vivaient à la campagne. Certains étaient riches, d’autres pauvres…..
Quelles sont les structures de l’organisation de la société africaine ?
Elles sont utiles pour la compréhension des trois ordres qui caractérisent principalement les sociétés africaines : le lignage, la chefferie et l’État hybride.
L’Afrique est restée longtemps une terra incognita, mais que, même si de la période homérique (VIIIe siècle avant notre ère) à celle d’Hérodote (Ve siècle avant notre ère), l’Afrique était vue comme un continent obscur, ses contacts avec l’extérieur existaient néanmoins. Tout ceci se transforme bien avant le début de la colonisation. Celle-ci marque plus un changement qu’un début d’insertion de l’Afrique dans le système européen dont les contours, même s’ils n’étaient pas encore définitivement stabilisés, étaient alors relativement clairs.
La réponse. A la question fondamentale à la lumière de la philosophie d’Emmanuel Kant est que LA CONFÉRENCE DE BERLIN A CONDUIT À LA PARTITION DE L’AFRIQUE sans les Africains et a l’établissement de frontières arbitraires entre les territoires coloniaux sources de conflits inter ethniques, Étatiques…..etc.
À Berlin, l’Afrique était présente tout en étant absente. Elle a été présente en tant que butin dont il faut définir les conditions du partage et a été au cœur de la conférence sans être partie prenante. Le présent et l’avenir durable de l’Afrique ont été décidés en Europe ici en Allemagne sans l’Afrique et en absence de l’Afrique. Et l’absence de délégations africaines à la conférence de Berlin signifie que les intérêts et les perspectives des Africains n’ont pas été pris en compte.
La Conférence de Berlin avait pour but de réguler la colonisation et le commerce en Afrique pour éviter les conflits entre puissances européennes, d’établir des règles entre européens pour la reconnaissance des revendications territoriales. La suite est connue. L’Afrique a été de façon systématique envahie malgré les résistances héroïques de nos peuples.
Ce qui s’était passé à Berlin entre le 15 novembre 1884 et le 26 février 1885 ne serait pas aussi choquant et humainement inacceptable s’il ne s’agissait pas du sort de tout un continent et à l’époque de plus de 100 millions de personnes dont le destin immédiat, proche et futur était engagé. Berlin avait servi de cadre à un dessein aussi funeste que le projet impérial et colonial européen.
Après, l’impérialisme européen s’était imposé avec brutalité à l’Afrique et s’est rendu coupable des crimes et assassinats de masse. La brutalité s’était exprimée par des viols des femmes africaines, la violence policière, les massacres et la déportation des résistants, la perpétration des actes de crimes contre l’humanité et de génocides.
Mesdames et Messieurs,
La philosophie de Kant est généralement comprise comme une philosophie purement spéculative. Cependant, elle est directement issue de préoccupations pratiques, et vise à la solution de problèmes pratiques. Kant est profondément touché par la chose politique. L’œuvre majeure de Kant, la critique de le raison pure est indissociable dans son inspiration de la critique de la raison pratique et de la Métaphysique des mœurs. Et c’est fort de ce dernier ouvrage que nous continuerons notre réflexion sur les conséquences de Berlin sur la vie des africains. Ce que nous voulons, c’est discuter avec sincérité de la Conférence de Berlin, aborder l’histoire coloniale et parvenir à un apprentissage et une mémoire commune même quand elle semble difficile à accepter afin d’approfondir le partenariat africano-européen et de discuter ensemble de notre futur commun. Pour ce faire, nous devons nous dire la vérité. Car Pendant la colonisation, la quasi-totalité des peuples d’Afrique ont été privés de leurs droits à disposer d’eux-mêmes. Le colonialisme était un régime incompatible avec la liberté des peuples colonisés, avec ce qu’Aimé Césaire a appelé le «droit à l’initiative historique » des peuples colonisés. L’Afrique a été soumise à la domination sur fond d’imposition de ce que le philosophe africain Valentin-Yves Mudimbe a appelé dans son beau livre L’invention de l’Afrique « la bibliothèque coloniale ».
L’Europe n’a pas été seulement brutale envers l’Afrique. Elle avait lié brutalité et malice, elle déstructurait le continent tout en prétendant l’ouvrir à la civilisation et aux bienfaits de l’économie et du commerce dans un monde en marche vers le progrès. Elle a tenté de justifier ses crimes en s’octroyant une prétendue mission civilisatrice. Ignorait-elle que l’Afrique est le berceau des civilisations millénaires qui, suivant Cheikh Anta Diop, avait mis l’humanité dans son ensemble sur la voie de la civilisation ?
À la vérité, pour citer Aimé Césaire du Discours sur le colonialisme, la colonisation, c’est des « sociétés vidées d’elles-mêmes, de cultures piétinées, d’institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées ». Césaire avait eu en son temps l’audace de la vérité lorsqu’il ne voyait dans la colonisation rien d’autre que la déshumanisation et jamais une mission civilisatrice.
Le colonialisme, disait pour sa part Frantz Fanon, c’est « la violence à l’état de nature », il est « une négation systématisée de l’autre, une décision forcenée de refuser à l’autre tout attribut d’humanité ».
Nous, Africains, avions des raisons d’en vouloir à l’Europe puisqu’on ne traite pas ses voisins aussi cruellement comme l’Europe l’avait fait suite à la Conférence de Berlin. L’éthique de la responsabilité chère à Max Weber avait manqué aux politiques européens qui s’étaient rendus coupables des crimes contre les peuples d’Afrique.
Mesdames et messieurs,
Le choc de la conférence de Berlin nous conduit à la formulation d’un « impératif catégorique » de Kant qui dit : « Agis uniquement d’après une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle », ou encore : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature. » Le mensonge, la dissimulation deviennent le prototype de l’acte immoral : la volonté s’y contredit elle-même. L’acte moral, a contrario, révèle une raison pratique, un usage régulateur pour l’action du principe de non-contradiction ou d’universalité formelle. Kant déduit de ce principe des applications aux problèmes moraux traditionnels. Il faut comprendre que le « respect » de la loi morale se confond avec la « dignité » de l’homme. L’impératif catégorique peut alors se reformuler : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »
Le passé colonial est un passé qui ne passe pas, qui refuse de passer parce que l’Afrique en garde une mémoire vive. Les peuples d’Afrique sont accueillants et respectueux. Mais ils ont la mémoire des crimes coloniaux et cette mémoire structure leurs rapports à l’Europe.
Curieusement, l’esprit colonial demeure présent chez plusieurs pays anciens colonialistes et gouverne leurs comportements envers l’Afrique. Régis Debray a vu juste lorsqu’il a affirmé que les pays européens ont enlevé le casque de la colonisation tout en gardant une tête coloniale. Certaines anciennes puissances colonisatrices continuent de voir en l’Afrique leur terre d’influence et cela est inacceptable pour nous générations d’Africains actuels.
Ce qui se passe au Conseil de Sécurité des Nations Unies depuis bientôt 80 ans malgré des demandes pressantes de réformes de l’Afrique est comparable à des conférences de Berlin bis où les grandes puissances décident du sort de l’Afrique sans la présence de l’Afrique et sans tenir compte des perspectives africaines.
Le sort qui continue d’être celui de l’Afrique sur la scène internationale est en partie le résultat de la colonisation de l’Afrique, donc de la Conférence de Berlin. L’Afrique est le seul continent au monde qui continue d’être manipule de l’extérieur et qui est au cœur des convoitises du monde. C’est cette Afrique-là que nous ne voulons plus et tout ceux qui entendent entretenir de bonnes relations avec l’Afrique qui n’ont pas encore compris cela se trompe d’époque et de la réalité de ce que l’Afrique est en passe de devenir.
Notre génération appartient à l’Afrique qui a décidé de reprendre en main propre son Histoire, d’être elle-même sur la grande scène de l’Histoire universelle. De la Conférence de Berlin à la période d’occupation coloniale en passant par les années des indépendances et la fin de l’apartheid en Afrique du Sud jusqu’au temps actuels, l’Afrique est passée du statut d’un « continent chosifié », pour reprendre un concept de la philosophe allemande un continent « réifié » à celui d’un continent qui, suivant l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, entend désormais agir « en tant qu’acteur et partenaire fort, uni et influent sur la scène mondiale ».
140 ans après la conférence de Berlin, l’Afrique entend d’être au centre de ses propres décisions, s’autodéterminer, parler d’elle-même et porter sa propre voix sur la scène internationale. Le renouveau actuel de l’idéal panafricain sur le continent et chez les diasporas africaines devrait être compris comme tel.
Mesdames et Messieurs chers amis et participants, loin de nous l’idée de faire un procès à l’Europe car pour nous africain nous partagerons au sens kantien une humanité commune, surtout que l’Afrique est le berceau de l’humanité. Mais sachez ceci:
L’Afrique ne veut plus s’aligner sur les grandes puissances quelles qu’elles soient. Le rôle assigné à l’Afrique se résume en votre zone d’influence. L’Afrique ne revêt un intérêt aux yeux de certaines puissances (je dis bien certaines, pas toutes) issue de la conférence de Berlin que lorsqu’elles se retrouvent en difficulté. Aujourd’hui, l’Afrique n’occupe pas la place qu’elle devrait tenir sur la scène internationale.
Pour certains d’entre vous, le continent africain n’a pas de rôle à jouer en tant qu’acteur « majeur » au sens kantien du terme sur la scène internationale.
Depuis Berlin il y a 140 ans, Les grandes puissances veulent réduire l’Afrique à une entité purement instrumentale au service de leurs causes et ne veulent visiblement pas que le continent puisse jouer un rôle important.
Mais aujourd’hui, s’il vous plaît, faites attention. Écoutez ce que je vous dis. Mes propos sont amicaux.
L’Afrique a pris conscience de sa responsabilité propre et parle de plus en plus d’une seule et même voix. L’Afrique veut être elle -même, elle ne veut plus se faire manipuler.
L’Afrique attend à plus d’égalité, de respect, d’équité et de justice dans ses relations et partenariats avec le reste du monde. Aujourd’hui les africains veulent être de vrais partenaires du reste du monde.
Au demeurant, l’Afrique attend un vrai partenariat et nos alliés que vous êtes (sans rancune et dans un esprit ouverts) doivent faire un effort pour accepter l’esprit d’un tel partenariat. L’Afrique veut coopérer avec ses alliés sur la base de ses intérêts bien compris comme vous le faites-vous mêmes en défendant vos intérêts. Pour ce faire, vous devez vous défaire des imaginaires qui sont en grande partie forgés ici à Berlin.
Au demeurant, les priorités actuelles de l’Afrique dans ses relations avec vous et le reste du monde, c’est d’œuvrer à une meilleure représentativité du continent sur la scène internationale, la réparation les crimes coloniaux et la restitution de son patrimoine culturel qui est à plus de 90% à l’extérieur du continent dans les grands musées selon les chiffres de l’Unesco. C’est Faire justice vers la réparation de Berlin.
Ici nous voulons féliciter le peuple et le gouvernement allemand pour votre courage à affronter votre histoire en général et votre histoire coloniale en particulier dans une discussion sincère et franche avec certaines de nos anciennes colonies dont la Namibie. Vous avez pris la décision courageuse de réparer les crimes commis. Je vous félicite et prie l’assistance de vous applaudir.
Avant de conclure, je voudrais rappeler ceci.
Notre objectif n’est pas de ressasser les actes odieux de la colonisation et de l’impérialisme qu’il convient aujourd’hui de classer dans la catégorie crimes contre l’humanité et de GENOCIDE. Notre objectif majeur est de lever le voile sur ce côté trop longtemps ignoré dans les récits et enseignements, à savoir les victimes et les stigmates que portent encore les descendants que nous sommes ainsi que la condition de l’Afrique pillée, meurtrie, écartelée et marginalisée par des siècles d’exploitation et de domination sous la forme de la colonisation et de l’impérialisme continu. Il n’est pas de nos coutumes de cultiver la rancœur et la vengeance. Mais il est de l’exigence de la raison d’entretenir la mémoire des souffrances vécues et surtout d’exiger la réparation des torts et injustices. Ma génération à la profonde conviction que certains ne tirent pas suffisamment leçon du passé et les velléités de récidiver ne semble pas avoir quitté leurs esprits. Le vrai repentir, c’est que ceux qui ont partagé et pillé l’Afrique financent, je ne dis pas aident, plus sérieusement son relèvement, le recollement de ses morceaux et son développement soutenu et durable.
En conclusion , je voudrais en toute sincérité, amitié, fraternité, et parce que je suis ici à Berlin la capitale dans laquelle l’Afrique a été divisé comme un gâteau par les grandes puissances, vous dire cette vérité a la lumière de l’Impératif catégorique kantien qui exprime le principe d’humanité de la manière suivante : « Agis de telle manière que tu traites l’humanité, soit dans ta propre personne, soit dans la personne de tout autre, jamais simplement comme un moyen, mais toujours en même temps comme une fin » qui est le fil conducteur de mes propos:
⁃ Non nous ne voulons plus servir vos intérêts contre les intérêts de nos pays, de notre continent de nos populations, nous voulons être des alliés sûrs
⁃ Non, nous ne voulons plus être manipulé par qui que ce soit,
⁃ Non, nous ne voulons plus être infantilisé
Nous voulons rester nous-mêmes, nous-mêmes et nous-mêmes dans le respect et la dignité.
Prof. Robert Dussey