Togo- Le MMLK dénonce 35 ans d’injustices dans la zone franche

Depuis 35 ans, la zone franche togolaise, censée être un moteur d’emploi et de développement, s’est transformée en un espace d’exploitation et d’injustices pour des milliers de travailleurs. Le Mouvement Martin Luther King (MMLK) hausse le ton et interpelle la SAZOF dans une lettre ouverte cinglante. Lisez!

Lettre ouverte à Monsieur le Directeur Général de la Société d’Administration de la Zone Franche (SAZOF).

Le MMLK refuse de se taire face aux injustices que font subir les patrons aux employés du secteur de la Zone franche au Togo depuis 35 ans. Une véritable prise de conscience s’impose !!!

Mouvement Martin Luther King (MMLK)

Le Président

À

Monsieur le Directeur Général de la Société d’Administration de la Zone Franche (SAZOF)

Objet : 35 ans après, la zone franche demeure une « vache à lait » pour les opérateurs au détriment des travailleurs

Monsieur le Directeur Général,

C’est avec consternation et indignation que nous vous adressons cette lettre pour dénoncer l’aliénation et l’exploitation dont sont victimes nos compatriotes travaillant dans les sociétés de la zone franche depuis maintenant 35 ans.

En effet, dès sa création dans les années 1990 sous l’impulsion du feu Président GNASSINGBÉ Eyadéma, la zone franche avait pour objectif de réduire le chômage et d’offrir des opportunités d’emploi à la jeunesse togolaise. Or, 35 ans plus tard, force est de constater que, pour les milliers d’employés de ces entreprises, le quotidien est fait de regrets et d’amertume.

La plupart de ces sociétés, détenues majoritairement par des expatriés, se sont transformées en zones de non-droit, où les règles élémentaires du travail sont bafouées. En 2009 déjà, le Mouvement Martin Luther King alertait sur cette situation en publiant un rapport intitulé « Zone franche ou esclavage des temps modernes ? ». Malheureusement, ce titre reste toujours d’actualité.

Les employés travaillent sans relâche mais sont faiblement rémunérés et, pire encore, dans des conditions précaires et inhumaines. Voici quelques réalités alarmantes :

• Les salaires sont dérisoires, souvent en deçà du SMIG fixé à 52 500 FCFA il y a deux ans.

• La majorité des travailleurs sont sous contrat à durée déterminée (CDD), avec très peu d’accès aux contrats à durée indéterminée (CDI).

• L’absence de bulletins de paie et de congés est monnaie courante.

• Les heures supplémentaires ne sont pas rémunérées à leur juste valeur.

• La sécurité et la protection au travail sont négligées, exposant les employés à des accidents dont la prise en charge repose généralement sur eux-mêmes.

Pire encore, le droit de grève, pourtant reconnu comme un recours fondamental des travailleurs, est formellement interdit dans ces entreprises. Toute tentative de contestation est réprimée par des licenciements abusifs, comme en témoigne le cas récent des délégués du personnel de la société Mèches Amina. Malgré les efforts des organisations syndicales, ces violations des droits des travailleurs persistent.

Monsieur le Directeur Général,

Face à ces injustices flagrantes et répétées, nous constatons avec regret l’inaction de la SAZOF, qui demeure silencieuse, tout comme certains inspecteurs du travail accusés de complaisance et de complicité avec les opérateurs économiques. L’impression qui se dégage est que la SAZOF se préoccupe davantage de la protection des employeurs que de celle des travailleurs.

35 ans après, alors que les entreprises de la zone franche bénéficient d’avantages douaniers, fiscaux et administratifs considérables, elles maximisent leurs profits en laissant l’État togolais et ses citoyens dans la précarité. Ce n’était certainement pas la vision de l’initiateur du projet, qui voulait offrir un avenir meilleur à la jeunesse.

En conséquence, le Mouvement Martin Luther King, toujours engagé dans la défense des travailleurs et l’amélioration de leurs conditions de vie, formule les recommandations suivantes :

1. Une réforme en profondeur des statuts de la zone franche, afin de garantir des conditions de travail dignes et équitables.

2. Le respect strict de la législation du travail en vigueur au Togo, notamment en ce qui concerne les contrats, les salaires et les droits sociaux des employés.

Le drame de la Société Nouvelle d’Industrie à Gbatope

Monsieur le Directeur Général,

Savez-vous réellement ce qui se passe dans les entreprises de la zone franche ? Savez-vous ce que nos compatriotes endurent quotidiennement ?

Un exemple frappant est celui de la Société Nouvelle d’Industrie à Gbatope, dans la préfecture de Zio. Ce qui s’y passe relève purement et simplement de l’esclavage moderne. Les employés y sont traités avec un mépris total, y compris par l’administration togolaise.

Depuis plusieurs mois, un bras de fer oppose les travailleurs à la direction de cette entreprise, ces derniers réclamant des conditions de travail et de vie plus dignes. En réponse, ils ont été violemment réprimés. Plusieurs d’entre eux ont été roués de coups par des vigiles et agents de sécurité de la société, au point d’être hospitalisés à Tsévié.

C’est une situation inadmissible ! Comment peut-on accepter que des étrangers viennent imposer leur loi sur notre sol en toute impunité ? Le calvaire se poursuit, avec encore aujourd’hui des travailleurs alités dans les hôpitaux, tandis que les auteurs de ces violences restent impunis.

Monsieur le Directeur Général, que fait la SAZOF face à ces violations répétées des droits des travailleurs ? Pourquoi, dans la zone franche, les bourreaux sont-ils systématiquement protégés au détriment des victimes ?

Un appel à l’action

Face à cette situation, le Mouvement Martin Luther King se réserve le droit de lancer une grande manifestation dans les jours à venir pour exiger des réformes urgentes et une justice pour les travailleurs de la zone franche.

Dans l’attente d’actions concrètes de votre part, veuillez agréer, Monsieur le Directeur Général, l’expression de nos salutations distinguées.

Lomé, le 17 mars 2025

Le Président,

Pasteur Edoh KOMI

One thought on “Togo- Le MMLK dénonce 35 ans d’injustices dans la zone franche

  1. Madame la Voix des Sans-Voix, une zone industrielle est dite franche justement parce qu’elle offre beaucoup d’avantages aux investisseurs. Les travailleurs qui prennent des emplois dans la zone franche n’ont pas les mêmes droits et responsabilités que ceux qui sont en dehors de la zone. Vous le savez, mais versez dans le populisme…

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