Jeudi, le siège du Parti des Togolais à Lomé a accueilli une conférence-débat initiée par “Touche Pas A Ma Constitution”, réunissant militants, sympathisants, acteurs politiques, universitaires et membres de la société civile. L’événement avait pour objectif de dresser un bilan des 20 années de gouvernance de Faure Gnassingbé, qui a accédé à la tête du pays après la mort de son père, le Général Eyadema. Un bilan qui, selon les intervenants, laisse un goût amer sur tous les plans.
Des transformations sociales inquiétantes selon le Professeur Togoata Apedo-Amah
Le Professeur Togoata Apedo-Amah, enseignant-chercheur et défenseur des droits humains, a ouvert la série des interventions. Il a exposé les transformations sociales survenues sous le régime des Gnassingbé et les conséquences qu’elles ont eues sur la vie quotidienne des Togolais. Pour lui, plusieurs maux minent la société togolaise, parmi lesquels la perte d’identité culturelle et la manipulation ethnique.
« Il faut combattre ce système et le chasser. Ils sont là depuis près de 60 ans, mais le pays n’avance pas. Aujourd’hui, ils décapitent l’opposition en provoquant des défections au sein des partis. Mais c’est une grave erreur. Le jour où ce peuple va se lever, il n’y aura plus personne pour prendre le devant de la lutte, avec qui ils vont vouloir dialoguer. Et le peuple, telle une marée, va les raser », a averti le professeur, appelant à une résistance active.
Un échec économique flagrant, selon l’économiste Ouro-Akpo Tchagnao
L’économiste et coordonnateur du mouvement Lumière pour le Développement (LPD), Ouro-Akpo Tchagnao, a dressé un constat alarmant des politiques économiques menées sous le régime de Faure Gnassingbé. Selon lui, toutes les initiatives de développement mises en place, de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE) au Plan National de Développement (PND), sont un échec retentissant. Il a particulièrement dénoncé la corruption au sommet de l’État, la privatisation des sociétés d’État et la politique d’endettement comme moyens de redresser l’économie.
« En 2024, la dette publique du Togo a atteint 4 217,73 milliards de francs CFA, soit 69,16 % du Produit Intérieur Brut (PIB). Ce ratio se rapproche dangereusement du seuil des 70 % fixé par l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) », a souligné l’ex-député, mettant en évidence les dangers économiques auxquels le pays fait face.
Les droits de l’homme bafoués, selon Ouro-Djikpa Tchatikpi
Ouro-Djikpa Tchatikpi, ex-bras-droit de Tikpi Atchadam, a longuement abordé les violations des droits humains sous le régime de Faure Gnassingbé. Il a pointé du doigt les emprisonnements arbitraires et la répression systématique de toute forme d’opposition. « Le pire, c’est que leur nouvelle constitution ne fait même pas cas des droits de l’homme. En gros, les droits de l’homme ne sont plus des droits constitutionnels au Togo », a-t-il déploré.
Nathaniel Olympio appelle à l’unité de l’opposition
Nathaniel Olympio, porte-parole du front « Touche pas à ma constitution », a clôturé la série des interventions en évoquant les perspectives d’avenir. Selon lui, seule une union solide de l’opposition, avec une stratégie claire et un objectif commun, pourra permettre de renverser ce régime. Il a rappelé les propos de Faure Gnassingbé à son ascension au pouvoir, où il déclarait : « Lui, c’est lui, moi, c’est moi ». En d’autres termes, Faure Gnassingbé avait promis de faire mieux que son défunt père. « Mais apparemment, il ne fait pas mieux. C’est un retour de 35 ans en arrière. L’opposition, la vraie, doit parler d’une seule voix », a insisté le président du Parti des Togolais.
Au-delà des interventions, cette conférence-débat a été un espace d’échange et de réflexion. De nombreux universitaires, comme le Prof. Magloire Kuakuvi, le Prof. Michel N’buéké Adovi Goeh-Akue, et le Prof. Gbikpi-Benissan, ont encouragé l’opposition à revoir ses stratégies. Ces derniers ont souligné l’importance d’une remise en question collective pour pouvoir affronter le pouvoir en place avec efficacité.
Précisons que l’organisation de cette conférence a été semée d’embûches. Aucun lieu public n’a accepté de l’accueillir, les propriétaires craignant des interventions des forces de l’ordre. « Ces obstacles sont des interdictions déguisées », dénonce la cellule de communication du front.
Humm… C’est bien de dénoncer, mais c’est mieux d’annoncer… On vous attends… Ne nous faites pas trop attendre.