Ce mercredi à Lomé, le gouvernement togolais a convié les médias nationaux et internationaux à une rencontre d’information sur les récents événements survenus dans la capitale les 6, 26, 27 et 28 juin. À la table d’honneur, quatre ministres : Awaté Hodabalo (Administration territoriale), Calixte Madjoulba (Protection civile), Isaac Tchiakpé (Enseignement technique) et Pacôme Adjourouvi (Droits de l’Homme). Objectif : rétablir, selon les autorités, « la vérité des faits » face à ce qu’elles qualifient de « désinformation massive sur les réseaux sociaux ».
Devant les journalistes, le ministre de l’Administration territoriale, Awaté Hodabalo, a ouvert la séance en évoquant une « situation sociopolitique artificielle » née, selon lui, d’une attaque numérique orchestrée par des « compatriotes de l’extérieur ». Il a accusé certains Togolais résidant à l’étranger d’avoir incité la jeunesse à la violence à travers les réseaux sociaux. « Ce que nous avons vécu les 6, 26, 27 et 28 juin est la conséquence des appels à la haine, à la désobéissance civile, à la déstabilisation des institutions de l’État et au renversement de l’ordre public », a-t-il soutenu. Il a toutefois relativisé l’ampleur des incidents, affirmant que les actes de vandalisme se sont limités à « deux quartiers » de Lomé, contrairement aux images diffusées en ligne.
Pour appuyer ses propos, plusieurs extraits de vidéos issues de TikTok ont été diffusés à la presse. Elles montraient des influenceurs appelant à descendre dans la rue. Le gouvernement considère ces contenus comme des preuves d’« incitation à la violence » et affirme que des procédures judiciaires sont en cours. « Qu’ils soient au pays ou à l’étranger, ils seront interpellés », a assuré le ministre Madjoulba.
Curieusement, aucune séquence montrant les actions des forces de sécurité n’a cependant été diffusée, alors même que plusieurs vidéos de violences policières circulent sur Internet. Interrogé sur ce point, le ministre de la Protection civile a plutôt salué la conduite des forces de l’ordre. « Sans leur professionnalisme, nous ne serions peut-être pas ici en train d’en parler », a-t-il déclaré. Il a également nié toute implication des agents dans les décès constatés après les manifestations, notamment les corps retrouvés dans la lagune de Bè et au 4e lac. « C’est déplorable que certains tentent de faire porter cette responsabilité aux forces de l’ordre. Des enquêtes sont ouvertes. Évitons les conclusions hâtives », a-t-il insisté.
Sur la présence alléguée de miliciens lors des manifestations, le ministre Madjoulba a botté en touche : « Moi, je n’ai pas connaissance de cela. Mais si miliciens il y a, l’enquête nous le dira. »
Prenant la parole à son tour, le ministre Isaac Tchiakpé a rappelé le cadre légal encadrant les manifestations publiques au Togo. « Si certains désirent déstabiliser les institutions de la République, c’est la responsabilité de l’État de restaurer l’ordre public. Si vous souhaitez contester, il faut le faire dans un cadre légal. Rien ne justifie le recours à la violence pour revendiquer dans un État de droit », a-t-il martelé.
Le gouvernement a par ailleurs réaffirmé son engagement à organiser les élections à la date prévue, assurant que toutes les dispositions ont été prises pour garantir un scrutin paisible et transparent.
Tout au long de la rencontre, les membres du gouvernement ont dénoncé une campagne de désinformation en ligne, opposant ce qu’ils ont appelé le « Togo virtuel » au « Togo réel ». Ils ont mis en garde contre la manipulation des réseaux sociaux et appelé les citoyens à faire preuve de discernement. En conclusion, le ministre Awaté a salué « la maturité de la majorité des Togolais » qui, selon lui, ont refusé de céder à la spirale du chaos. « On ne gouverne pas un pays à partir de TikTok », a-t-il lancé.