La place des filières scientifiques et technologiques dans les reformes éducatives au Togo

Les filières scientifiques et technologiques, une priorité ?

Il est devenu courant, voire systématique, de voir certaines voix s’élever contre les réformes qui mettent en avant les filières techniques et technologiques, sous prétexte qu’elles relégueraient les autres disciplines — notamment littéraires ou sciences humaines — au second plan. Une telle lecture est non seulement réductrice, mais aussi déconnectée des exigences actuelles du développement économique et social de nos pays africains.

Dans un contexte de transformation structurelle de nos économies, où les défis majeurs sont liés à l’employabilité, à la compétitivité industrielle, à la digitalisation et à la modernisation de l’agriculture, les filières scientifiques et technologiques ne sont pas un choix idéologique, mais une réponse stratégique. Ce sont elles qui forment les artisans, les techniciens, les ingénieurs et les innovateurs dont le pays a besoin pour créer de la valeur, bâtir des infrastructures, transformer nos ressources et réduire notre dépendance extérieure.

Cela ne signifie en aucun cas que les autres filières sont négligées. Le développement d’un pays repose sur un équilibre : la culture, les langues, les sciences sociales, l’éducation civique ….sont essentielles à la construction d’un citoyen complet. Mais le pilotage d’une économie productive, tournée vers l’innovation et la transformation locale, exige un renforcement délibéré de l’enseignement technique et professionnel, longtemps marginalisé.

Les critiques devraient donc s’interroger sur la pertinence de certains cursus classiques face aux besoins réels du marché du travail. L’enjeu n’est pas de hiérarchiser les filières, mais de les réarticuler intelligemment autour d’une vision nationale de développement. Miser sur la science et la technique aujourd’hui, c’est investir dans la souveraineté économique de demain.

L’éducation technique et scientifique ne doit plus être perçue comme une filière de relégation mais comme une voie de l’excellence, au même titre que les autres. Le gouvernement, à travers les réformes engagées dans l’enseignement secondaire et la formation professionnelle, s’inscrit dans cette dynamique de modernisation, avec l’appui constant de ses partenaires techniques et financiers.

Il est également essentiel de questionner le rôle de l’université dans cette dynamique. Loin de certaines critiques parfois théoriques, l’enseignement supérieur est invité à sortir de son cloisonnement, à revisiter la finalité de ses productions et à inscrire ses recherches dans une logique d’impact et d’innovation. L’élévation académique ne doit pas se résumer à la soutenance de mémoires ou de thèses qui, pour la plupart, peinent à enrichir les politiques publiques.

Il est donc légitime de poser la question : l’université africaine est-elle réellement au service du développement ?

Un véritable développement passe par une vision pragmatique et intégrée du système éducatif, où chaque filière contribue, de manière complémentaire, à bâtir une nation compétitive, résiliente et souveraine

Plutôt que d’opposer les filières, il faut penser en termes de complémentarité. Le développement de l’Afrique exige une ingénierie technique solide, soutenue par une réflexion éthique, culturelle et sociale assurée par les sciences humaines. C’est cette alliance lucide entre savoir-faire technique et vision intellectuelle qui bâtira une Afrique forte et indépendante.

Par ailleurs au Togo, les citoyens togolais attendent toujours la concrétisation de la promesse faite en 2023 concernant la construction de lycées scientifiques dans toutes les régions éducatives du Togo. Alors que l’éducation est un pilier essentiel pour le développement de notre nation, il est crucial de comprendre les raisons des retards dans la réalisation de ces infrastructures tant attendues. Les jeunes Togolais méritent d’avoir accès à des établissements de qualité qui leur permettront de se former dans les meilleures conditions et de préparer l’avenir de notre pays. Le ministre en charge de l’Education est vivement interpellé ainsi que l’ensemble du gouvernement.

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