Togo- Qu’appelle-t-on échec d’une manifestation contre la dictature?

Dans cette tribune, l’universitaire et militant des droits humains Togoata Apédo-Amah déconstruit l’idée selon laquelle l’interdiction d’une manifestation équivaut à son échec. Pour lui, la peur qu’inspire une mobilisation populaire à un régime autoritaire révèle déjà la force de la contestation.

QU’APPELLE-T-ON ÉCHEC D’UNE MANIFESTATION CONTRE LA DICTATURE ?

Les gens se méprennent souvent dans le domaine politique lorsqu’ils portent des jugements à la va-vite sur les manifestations publiques interdites visant à dénoncer les abus et exactions du régime de terreur. La norme antidémocratique est l’interdiction systématique de toute expression publique de ras-le-bol du peuple contre ses dirigeants incompétents.

Ceux qui ne voient que la surface des choses, se privent de la découverte de la profondeur des choses. En effet, interdire une manifestation qui fait peur, et qui n’a pas pu effectivement avoir lieu, n’est pas un échec en soi.

Pourquoi n’est-ce pas un échec ? Il suffit de constater à tous les carrefours et autres points sensibles des milliers de policiers, gendarmes et militaires dont la présence, alors qu’ils ont autre chose à faire, est la conséquence de la réussite de la manifestation où les corps habillés ont pris la place, malgré eux, des civils. Même des domiciles sont encerclés pour empêcher des manifestants potentiels de sortir pour protester. Eh bien, le succès d’une manifestation se juge aussi à l’importance des entraves mises en œuvre pour l’en empêcher.

La peur qu’inspire une manifestation pacifique à une dictature, est déjà un succès en soi. Interdire est un aveu de faiblesse quand le pouvoir lui-même est illégal et illégitime.

Ayayi Togoata APÉDO-AMAH

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