Le Parlement européen a adopté, jeudi 11 septembre 2025, une résolution ferme (2025/2862(RSP)) sur le cas d’Abdoul Aziz Goma, citoyen irlando-togolais détenu depuis décembre 2018 à Lomé. Les eurodéputés dénoncent une détention arbitraire, des actes de torture et un procès jugé inéquitable, tout en réclamant sa libération immédiate et son évacuation sanitaire.
Arrêté pour avoir « assisté les manifestants locaux dans le cadre de manifestations précédant les élections », M. Goma a été condamné en février 2025 à dix ans de prison « au terme d’un procès d’une journée », aux côtés de treize autres personnes. Le Parlement dénonce un verdict rendu « dans un contexte de graves préoccupations quant au caractère équitable de la procédure ».
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Selon la résolution, M. Goma a subi « de graves tortures », été « longuement détenu au secret » et passé « plus de six ans en détention provisoire dans des conditions inhumaines ». Depuis le 27 août dernier, il observe une grève de la faim pour protester contre sa situation. Son état de santé est jugé alarmant, avec des « dommages neurologiques, une sciatique prononcée et une mobilité réduite nécessitant une assistance médicale urgente ».
Le texte rappelle que le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire avait déjà conclu, en 2023, à la violation de ses droits fondamentaux, notamment « la liberté de réunion, la liberté d’association et le droit à un procès équitable ». De plus, la prison civile de Lomé, décrite comme « extrêmement surpeuplée » avec des « conditions enfreignant les normes internationales », avait fait l’objet d’une recommandation du Comité de l’ONU contre la torture en 2019, appelant à sa fermeture.
Au-delà de ce cas individuel, les eurodéputés estiment que « les arrestations arbitraires de citoyens, en particulier d’activistes de la société civile, amoindrissent la confiance de la population envers les institutions et accentuent les tensions politiques ». La résolution qualifie même l’affaire Goma de « symptomatique du grave recul de la démocratie au Togo », rappelant les modifications constitutionnelles de 2024.
Le Parlement européen « condamne fermement l’arrestation arbitraire » de M. Goma et « invite instamment les autorités togolaises à le libérer immédiatement et sans conditions », tout en exigeant l’annulation de sa condamnation et la garantie de sa sécurité. Enfin, il appelle l’Union européenne et ses États membres à recourir « aux voies diplomatiques pour résoudre ce cas » et à appuyer « les efforts visant à renforcer l’indépendance de la justice et l’état de droit au Togo ».
À Lomé, toutefois, l’on ne partage pas cette lecture. Selon des indiscrétions proches du pouvoir, les autorités dénoncent une « instrumentalisation » et une « tentative d’ingérence » visant à contraindre le Togo à renier son propre code pénal et à céder à des pressions étrangères jugées contraires aux principes du droit international, lequel consacre la souveraineté judiciaire des États.