Après le départ de François Bayrou de Matignon, le journaliste togolais, Komlanvi Ketohou décrypte l’effondrement progressif du macronisme, miné par l’instabilité politique intérieure et l’isolement diplomatique croissant de la France.
Le 9 septembre 2025
Emmanuel Macron vient encore une fois de crasher avec sa bouée de sauvetage : François Bayrou.
La chute du Premier ministre français ce 8 septembre laisse un champ de ruines plus vaste que celui provoqué par la démission de Michel Barnier en décembre 2024.
Au-delà des noms, c’est l’image même de la France macronienne qui se fourvoie dans ce qu’il faut bien nommer « une crise politique majeure ».
En moins d’un an, deux Premiers ministres ont été balayés par l’Assemblée, révélant l’incapacité de l’exécutif à bâtir une majorité durable.
Macron a voulu gouverner “au centre”, mais ce centre s’est effondré sous le poids des fractures sociales et de la fragmentation politique.
La faiblesse du président ne se résume pas aux équations internes.
Elle reflète un affaiblissement international de la France.
Déplumée sur la scène mondiale, Paris accumule les déconvenues diplomatiques.
En Afrique, elle a perdu des alliés ; en Ukraine, elle s’est engluée sans influence réelle ; face à Donald Trump, Macron apparaît ridiculisé ; au Moyen-Orient, la France s’efface devant Washington et Doha.
Ce cafouillage international rejaillit à l’intérieur : un exécutif perçu comme débordé. Des Français éprouvés par l’inflation et des gouvernements renversés à répétition. Une assemblée menacée de dissolution et un Président convié à la démission.
La chute de Bayrou devient ainsi le symptôme d’une présidence consumée par des contradictions tous azimuts.
À deux ans de la fin du mandat, Macron enchaîne les gymnastiques sans horizon lisible.
Tant que l’ancien pensionnaire de l’ENA n’aura pas retrouvé un souffle, la fin de son quinquennat sera marqué du sceau de l’impuissance, au risque de céder aux appels de ses détracteurs qui l’invitent à rendre le tablier.
Komlanvi KETOHOU