La CEDEAO reste docile à la France!

Emmanuel Macron, le Président de la République française, avait déjà annoncé les couleurs vendredi, lorsque répondant à une question liée à la suspension de RFI et de France 24 au Mali, il avait rageusement promis de passer un coup de fil au président en exercice de la CEDEAO, à qui, il donnerait très probablement, des instructions sur des mesures punitives à prendre contre ce pays dont les dirigeants se montrent de plus en plus audacieux et trop attachés à la souveraineté de leur pays.

Ainsi, comme il fallait bien s’y attendre, la CEDEAO qui avait dépêché son médiateur à Bamako en vue d’arrêter de façon consensuelle, la durée impérative de la transition, a subitement durci sa position avec une farouche rigidité, au cours des échanges à Bamako, 12 mois ou rien.

Pendant ce temps, les autorités maliennes ont proposé 36 mois, puis 29, et enfin 24, sans que cela ne fasse bouger la délégation de l’instance communautaire d’un iota. Cette même communauté qui venait de fermer les yeux sur une durée de 36 mois au Burkina Faso, et ne s’excite guère sur le cas guinéen où rien, jusqu’à présent, n’est encore proposé, s’est plutôt rigidifiée contre les maliens.

Il est alors clair que même les esprits les plus abrutis sont fondés à conclure à un effet immédiat du coup de fil de Macron à Nana Addo Akoufo sur cette inamovible position de la CEDEAO. Et l’on imagine aussi volontiers qu’un coup de fil similaire a dû être passé dans la foulée à Alassane Dramane Ouattara, le président ivoirien, particulièrement engagé dans ce dossier malien et dont le poulain, Jean Claude Kassi Brou, est l’actuel président de la commission de la CEDEAO.

Que faut-il donc de plus pour les dirigeants de la transition au Mali afin qu’ils comprennent définitivement que la CEDEAO va rester cohéremment docile à la France qui, seule, décide du sort à réserver à ce pays pourtant supposé être souverain?

Ceci est d’autant plus vrai que la protestation de Macron chez Addo Akufo ne peut rester sans suite. Quelle aurait été la contrepartie de cette audace de suspension des médias de l’État français au Mali si la délégation de la CEDEAO était parvenue gentiment à un accord comme si de rien n’était?

Les dirigeants maliens sont plus que jamais face à leur destin. Il leur appartient désormais de noter que la voie de l’héroïsme ne rime pas avec la docilité et le conformisme. La vie est un choix et tout choix lucide doit pouvoir s’assumer jusqu’au bout, même quand les vagues se déchaînent en cours de parcours.

Luc Abaki

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