Depuis le décès du Maréchal Idriss Déby Itno, le 20 Avril 2021, qui a régné plus de 30 ans sur le Tchad, les militaires se sont clairement emparés du pouvoir politique en désignant son fils, le Général Mahamat Déby comme Chef d’Etat. Contre toute attente, ce coup d’Etat est passé comme du couteaux dans du beurre, le Président français Emmanuel Macron s’étant dès le lendemain, affiché “fièrement” aux côtés du Chef de cette junte militaire.
La série d’évènements qui se suivent au Tchad depuis la disparition d’Idriss Déby, étonnent tous les esprits épris des idéaux démocratiques. Alors que celui-ci rempilait pour un sixième mandat décroché à la suite d’élections l’ayant proclamé vainqueur avec plus de 79% des suffrages, il a été soudainement fauché sur le champ de bataille, selon les informations officielles. Le dispositif constitutionnel a été à l’époque battu en brèche pour positionner son fils Mahamat Déby comme Chef d’Etat. Il s’agit en substance ni plus ni moins d’un coup d’Etat militaire.
Pourtant, le tollé international que suscite ce genre de pathologie démocratique, notamment venant de la France, n’a jamais eu lieu. En toute vraisemblance, le nouveau régime militaire tchadien avait reçu l’aval de la France qui, par ses lobbies, a cloué le bec à tous les autres partenaires pouvant se prononcer sur cette situation. Les mêmes évènements qui suscitent des sanctions tout azimut ailleurs, ont été, de façon surprenante, simplement avalisés au Tchad.
A l’époque, Mahamat Déby avait promis des élections pour remettre le pouvoir politique aux civils. Mais actuellement, il se révèle que ces élections ne pourront se tenir qu’en 2024.
En effet, suite à un « Dialogue de réconciliation nationale » boycotté par les principaux partis d’opposition et les mouvements rebelles armés, le jeune général de 38 ans vient de se voir accorder une prolongation de deux ans de la période de transition au terme de laquelle le Tchad pourrait espérer un retour à l’ordre constitutionnel. Cependant, cerise sur le gâteau, le Général Mahamat Déby s’octroie la possibilité de se présenter aux élections présidentielles devant mettre fin à la période de transition, reniant son engagement pris devant l’Union Africaine en Avril 2021.
Il parait évident que dans ces circonstances, le règne des Déby a encore de beaux jours devant lui au Tchad. Et précisons que ces évènements se déroulent en plein 21ème siècle sous le regard silencieux et complice de ceux qui se disent « garants des principes démocratiques universels ». Le Tchad n’est-il finalement pas une sorte d’ovni dans le paysage démocratique ?
Barth K.
5 thoughts on “Tchad–Un ovni dans l’univers démocratique”