L’éligibilité du Togo au programme Compact du Millenium Challenge Corporation (MCC), mécanisme de développement économique, est, selon la première ministre Victoire Tomegah Dogbé, « le fruit d’un travail intensif, d’un engagement à tous les niveaux sous le leadership du Président de la République », et « également la preuve de la reconnaissance des efforts du Togo par les USA ». Après l’approbation le 8 décembre du Conseil d’Administration des USA de ladite éligibilité, c’est le Président américain Joe Biden lui-même qui en a fait l’annonce officielle le 14 décembre lors du « Leaders Summit », le forum d’affaires organisé à Washington du 13 au 15 décembre, et qui a rassemblé les dirigeants de 49 pays africains et de l’Union Africaine. Sécurité, économie, santé ou encore changement climatique ont été au menu des discussions.
A cette annonce de l’accès du Togo à ce qu’il convient d’appeler le Graal, Faure Gnassingbé n’a pas caché sa joie, assurant au passage que « le Togo reste pleinement engagé à poursuivre la mise en œuvre d’une gouvernance consacrée à la consolidation d’une croissance inclusive, car nous ne laisserons personne de côté», a-t-il tweeté. Du Secrétariat à la Présidence de la République, chacun y est allé de son petit commentaire, de sa petite joie, feinte ou non. Le programme MCC jusqu’ici hors de portée du Togo, ne l’est donc plus. Preuve en est la réalisation des réformes dans des domaines tels que la bonne gouvernance (libertés civiles, contrôle de la corruption, efficacité des pouvoirs publics, État de droit et liberté d’information), la liberté économique (inflation, qualité de la régulation, politique commerciale, respect de l’équité genre dans l’économie, droits fonciers, accès aux crédits et opportunités d’emploi) et le renforcement du capital humain (dépenses dans l’éducation primaire, taux d’achèvement de l’éducation primaire des filles, entre autres..). On se croirait presque dans un conte de fées savamment servi par le Togo et les USA à seule fin de flouer les Togolais qui doivent sans doute tomber de leur chaise en apprenant que leur pays a été récompensé pour sa promotion des libertés civiles, son contrôle de la corruption ou encore son efficacité des pouvoirs publics. Des maux qui gangrènent tout le pays de la cave au grenier et auxquels aucun remède n’a pas encore été trouvé à ce jour.
Comment ne pas tomber des nues face à la nouvelle que l’exécutif togolais a régulé l’inflation, pratiqué une politique commerciale et favorisé des opportunités d’emplois, ou encore lutté contre la corruption ? Le Togo magnifié n’est pas le réel, et se trouve à mille lieues de celui où vivent les citoyens incapables de manifester sans craindre d’être incarcérés, d’émettre des avis contraires à celui du pouvoir fossilisé transmis de père en fils. On craint que ce programme quinquennal dont on dit qu’il va impacter divers secteurs au profit des populations, booster l’accès des jeunes aux opportunités internationales, réduire la pauvreté et permettre la digitalisation des services, ne passe par pertes et profits, comme à chaque fois où les enveloppes sont débloquées au profit des populations, sans que rien soit fait en aval. On croyait l’Administration américaine beaucoup plus sérieuse. Maintenant, elle a montré à quel point elle est prête à aller à des compromissions de bas étage.
DKM
Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info