Aucun avocat guinéen n’officiera ce lundi 15 mai 2023 auprès des tribunaux et cours du pays. Le Conseil de l’Ordre des Avocats en a décidé ainsi pour montrer leur inquiétude face aux incursions du pouvoir politique dans les décisions de justice, une situation préjudiciable non seulement aux citoyens, mais également à la profession d’avocat.
C’est dans un long courrier en date du 11 mai dernier que Monsieur le Bâtonnier, Me Mamadou Souaré DIOP a dénoncé au nom du barreau de Guinée les dysfonctionnements de l’appareil judiciaire du pays. Sans aucun ménagement à l’égard des magistrats, il écrit que « la magistrature ne peut rimer avec la couardise. Les magistrats ne doivent en aucun cas être des pleutres, sauf à changer de profession ».
Le barreau révèle que concernant plusieurs dossiers dans lesquels sont impliqués des acteurs politiques ou de la société civile, la justice donnent constamment l’impression d’être simplement un « instrument entre les mains des détenteurs du pouvoir politique ». Face à cet état de chose, les avocats guinéens ne peuvent rester indifférents car, estime-t-ils, « sans une justice indépendante, la profession d’avocat est condamnée à une mort inéluctable ».
Le problème de l’indépendance de la justice à l’égard du pouvoir politique, notamment de l’exécutif n’est pas spécifique à la Guinée. La justice sénégalaise subit également les mêmes reproches dans le dossier Sonko actuellement.
Au Togo, la célérité avec laquelle deux journalistes critiques avaient été récemment condamnés par la justice a remis au goût du jour la question de cette indépendance “dépendante” des juges.
Il faut dire que lorsque le système démocratique n’est pas bien huilé, l’appareil judiciaire en prend inévitablement un gros coup. Le barreau de Guinée a décidé de s’attaquer à ce problème en raison de son ampleur sur les décisions rendues.
Vivement qu’il n’y ait pas de dissidence au milieu de la corporation afin de ramener les juges sur le chemin d’une justice équitable et réellement indépendante.