Cinq prisonniers béninois, en détention depuis plusieurs années sans jugement, ont recouvré leur liberté au cours de ces deux dernières années. Écroué depuis février 2004, Clément, chauffeur de son état, est libéré le 30 novembre 2021.
Issa a quant à lui bénéficié d’une liberté provisoire le 11 juillet dernier, après avoir purgé vingt bonnes années de prison sans jugement pour une affaire de bagarre avec son père. Un peu comme Ulrich qui a de son côté purgé 18 ans et 6 mois de détention préventive, lui qui a été arrêté le 21 février 2005. David Ndukwe a passé 10 ans de détention préventive avant d’être libéré.
Ces prisonniers qui ont en commun d’avoir été oubliés dans les geôles durant des décennies, ont enfin pu respirer un air de liberté qui leur manquait tant et qu’ils doivent à un certain Joël Aïvo, constitutionnaliste, Professeur des universités et homme politique au Bénin. En avril 2021, il a lui-même été condamné à 10 ans de prison ferme pour «complot contre la sûreté de l’État» et «blanchiment de capitaux». Ce coup du sort ne l’a manifestement pas affecté, puisque malgré sa situation de détenu, il a mis ses acquis en droit constitutionnel au service des oubliés de la justice de son pays. Des prisonniers oubliés qui finissent leur vie dans le plus déshumanisant des mépris, on en connaît au Togo, et Dieu sait s’ils sont nombreux.
Nos prisons renferment en leur sein des gens injustement gardés. Nos prisons ont leur Clément, David et autres Ulrich qui ne seront jamais libérés, aussi longtemps qu’aucun Joël Aïvo ne leur sera envoyé par le plus grand des hasards pour les extirper de ce labyrinthe dont beaucoup reviennent plus pervertis qu’il n’y étaient entrés. Toutes ces âmes en peine méritent pourtant d’être secourues. Comme toutes ces victimes de l’affaire « Tigre Révolution », dont la plupart sont des militants et sympathisants du Parti national panafricain (PNP), formation politique dont le leader Tikpi Atchadam a eu le malheur de défier idéologiquement le séculaire et fossilisé pouvoir des Gnassingbé. Il y a ceux qui pour la même raison continuent de souffrir le martyre malgré leur défectueux état de santé ainsi que l’appel à l’aide d’organisations de défense des droits de l’homme. Que dire de ces autres condamnés d’office qui, pour avoir critiqué le régime des Gnassingbé, paient et continuent de payer une insolence que ne saurait tolérer un régime fermé à toute remise en question.
La fin du calvaire de tous les souffre-douleurs dont le seul péché est d’avoir osé manifester leur volonté de voir un régime autre que tyrannique, un régime qui ne soit pas entre les mains d’une même famille, d’un même clan n’est pas pour tout de suite.
Au Bénin, on voit au moins les lignes bouger. Ce n’est pas gagné au Togo. Dommage.
Source : Journal « Le Correcteur »