Les dernières manifestations au Sénégal ayant fait cinq morts, trouvent leur origine dans le fait que beaucoup doutent de l’indépendance de la justice sénégalaise, selon Alioune Tine, le Directeur du thint-tank ouest-africain africajom Center.
Dans une interview qu’il a accordée à Rfi, le co-fondateur de la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAA), est largement revenu sur la justice de son pays qui, selon lui, joue un rôle dans la crise sociopolitique.
L’inculpation et l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko (accusé par une jeune femme de viol) ont suicité des troubles dans le pays. Bilan: au moins une demi-dizaine de personnes sont décédées. L’opposant a été libre, mais placé sous contrôle judiciaire.
“On n’a jamais eu aussi peur au Sénégal que lors des manifestations de ces derniers jours”, estime le défenseur des droits de l’homme, pointant ensuite du doigt les responsabilités de la justice.
En effet, Alioune Tine relève que ” …le grand problème que nous avons, c’est la question de l’indépendance de la justice. C’est toujours l’opposition qui est accusée. Alors forcément, les gens se disent que c’est une justice partisane. Et dans un contexte politique, dans lequel Sonko est une espèce de star de la jeunesse – parce que c’est une jeunesse souverainiste, radicale – et Sonko est antisystème, il a des rappeurs… “.
Le Directeur du thint-tank ouest-africain africajom Center enchaîne : “Et sans compter aussi, il faut le dire, il y a pas mal de religieux qui le soutiennent, parce qu’il a une certaine intégrité morale, il est très pieux, il articule un discours sur la question de la bonne gouvernance… Donc tout cela fait qu’ils le prennent pour quelqu’un d’exemplaire. Et bien sûr, la pandémie de Covid-19 est un facteur aggravant ! Il y a eu le couvre-feu qui a été très long et les gens n’ont pas pu travailler. Depuis pratiquement l’indépendance, on n’a jamais vu autant de violence !”.
Les adversaires politiques accusent le président Macky Sall d’utiliser la justice pour régler des comptes aux détracteurs de son régime. Les arrestations, puis leur libération plusieurs mois plus tard, des opposants Karim Wade et Khalifa Sall sont citées en exemple.
Le successeur d’Abdouylaye Wade est aussi soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat en 2024. Ce serait bien, lui conseille Alioutine Tine, “que le préisdent de la République dise qu’il s’en tient aux deux mandats. Parce que ce n’est pas explicite, mais la question du troisième mandat a exacerbé aussi les tensions polituques”.
Ce vendredi 11 mars 2021, le Mouvement de défense de la démocratie (M2D), un Collectif de l’opposition, demande à observer un jour de deuil en mémoire des victimes des troubles sociopolitiques.