Idrissou Akibou (photo) n’est plus à présenter. Il est le Directeur de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion (DPR). Dans une interview accordée au confrère Letabloidtogo et à iciLome, dans le cadre de la journée de réflexion organisée vendredi dernier par l’Union chrétienne des jeunes gens (UCJG) dans l’optique de l’amélioration des conditions de détention dans les prisons du Togo, il revient sur de la gestion générale des détenus dans le contexte du coronavirus, des difficultés, des nouvelles mesures introduites. Bonne lecture.
Difficultés de gestion
« Les difficultés que nous avons actuellement, je crois que c’est à l’instar de ce que toutes les nations subissent avec l’avènement de la Covid-19 ; donc nous ne sommes pas épargnés au niveau du ministère de la Justice. Nous avons le privilège de constater qu’au niveau de nos autorités, du ministère de la Justice, il y a une oreille attentive qui est là lorsque nous venons concernant certains rapports relatifs à l’amélioration des conditions de détention, nous sommes bien écoutés et nous avons des suites favorables qui nous sont accordées et que nous répercutons sur les détenus. Je peux dire quand même qu’il y a des difficultés, certes, mais une oreille attentive est à notre disposition pour pallier ces difficultés ».
Nouvelles dispositions dans les prisons
« Avec l’avènement de cette maladie, un certain nombre de dispositions ont été prises par les autorités pour mettre plus ou moins à l’aise les détenus dans notre pays. D’abord il faut éviter que les détenus soient contaminés, d’où la nécessité d’un communiqué interdisant les visites de toutes personnes au niveau des prisons, et avec ses conséquences puisqu’il faut pouvoir combler le vide des visites ; donc il faut faire en sorte que les détenus soient nourris convenablement. Les autorités ont pris toutes ces mesures là pour qu’il n’y ait pas un ressenti de la suspension des visites. Il faut reconnaître aussi que le cadre de détention a été amélioré parce qu’avec l’avènement de cette pandémie, nous avons eu le privilège de pouvoir désinfecter régulièrement le cadre de sorte qu’aujourd’hui dans toutes les prisons, il y a un assainissement total qui est constaté et les mesures d’hygiène sont respectées parce que les responsables des prisons ont été instruits pour faire en sorte que les détenus ne puissent pas obstruer les voies de canalisation dans les prisons pour empêcher que les eaux ne puissent circuler. Je crois qu’à la date d’aujourd’hui quand même, tout ça là est respecté.
Nous avons connu avec l’avènement de cette maladie une sorte de transformation ou bien une nouvelle façon de gérer les prisons, parce qu’aujourd’hui, il est question de recevoir les déferrements deux fois par mois. Quand nous prenons les cas de Lomé que nous envoyons au niveau de Tsévié et ainsi de suite, ça fait beaucoup de tracasseries, mais tout ça là, c’est dans l’optique de protéger le détenu dans notre pays. Il faut reconnaître aussi qu’avec cet avènement de la pandémie, nous avons pris des dispositions pour que les nouvelles personnes qu’on déferre en prison ne puissent pas être en contact avec les personnes qui y étaient déjà. Donc il faut passer par les cellules d’isolement où il faut faire deux semaines ou trois en fonction de votre statut sanitaire avant de regagner (les cellules normales). Ensemble avec la Coordination (Coordination nationale de gestion de la riposte, CNGR, Ndlr), ces mesures-là sont vraiment contrôlées et jusqu’aujourd’hui nous pouvons dire que ça va au niveau des prisons par rapport à la pandémie que nous vivons aujourd’hui ».
Prison civile de Tsévié transformée en prison-hôpital
« Il a été fait de la prison civile de Tsévié une prison-hôpital. Ça veut dire que toutes les personnes qui seront atteintes par cette maladie vont être envoyées, pour leur traitement, au niveau de la prison civile de Tsévié. C’est pourquoi d’ailleurs tous les détenus au niveau de cette prison-là ont été transférés dans d’autres prisons pour laisser le cadre libre. Donc aujourd’hui quand nous recevons les détenus au niveau de Lomé – il y a plusieurs unités d’enquêtes préliminaires -, pour une première phase, du 1er au 15 par exemple, nous les laissons au niveau de Lomé, ils subissent les textes, si tout est bon, on les fait intégrer dans la grande salle et la deuxième semaine, toutes les personnes (détenus, Ndlr) qui vont arriver, nous les envoyons au niveau de la prison civile de Tsévié. Ils vont faire les textes sur place là-bas, et quand tout le contrôle est bon et qu’il y a pas de problème, nous les ramenons ici. Ca fait que ces derniers temps, nous sommes obligés de faire beaucoup de tracasseries dans le cadre du déplacement des détenus. Tout ça là, nous en sommes conscients, c’est dans l’intérêt du détenu et il faut le faire ».
Gestion de la nourriture avec coupure des visites
« Avec l’avènement de la pandémie, il est question de prendre des produits parce que les autorités ont décidé que tous les détenus soient testés. Donc il faut pouvoir leur donner de la nourriture convenable. Il y a un petit déjeuner et deux repas qui sont offerts au niveau de nos prisons, parce qu’il faut prendre les produits, et pour pouvoir le faire, il faut bien manger. Les autorités en ont pris conscience et cet effort a été fait pour que les détenus ne puissent pas se sentir laissés pour compte, mais au contraire ils puissent participer aussi au développement de notre pays ».