Communiqué :
Compte rendu de la visite d’une délégation élargie du Comité pour la libération de tous les prisonniers politiques du Togo à M. Djimon ORE, président du FPD, au SCRIC
Ce mercredi 5 mai 2021, une délégation du Comité pour la libération de tous les prisonniers politiques du Togo, élargie aux représentants des partis politiques : Parti des Togolais et Santé du peuple, a été reçue, sur sa demande, au Service Central de Renseignements et de l’Investigation Criminelle (SCRIC) à l’effet d’y rencontrer M. Djimon ORE, président du Front des patriotes pour la démocratie (FPD).
Composée d’une vingtaine de membres, la délégation, à son arrivée au SCRIC aux environs de 15H, s’est vue demander par les responsables, au portail de cette unité de la gendarmerie, de désigner quatre représentants dont deux de la société civile et deux des partis politiques pour rencontrer M. Djimon ORE, ce qui fut fait.
A son entrée dans les locaux du SCRIC, M. Djimon ORE a été extrait de son lieu de détention pour rencontrer les quatre membres de la délégation pendant près d’une demi-heure, en présence de deux officiers qui ont assisté à toute la rencontre.
Après que les quatre représentants l’aient informé être venus au nom d’une vingtaine de responsables mandatés par leurs organisations et qui, venus pour le rencontrer, attendaient au dehors, en face du SCRIC, M. Djimon ORE a d’abord tenu à témoigner à la délégation sa double surprise, d’une part qu’on l’ait autorisé à rencontrer la délégation, d’autre part que cette délégation soit aussi nombreuse.
Puis il a relaté les circonstances de son enlèvement sans mandat à son domicile, le jeudi 29 avril dernier, la fouille de ses chambres, ses documents emportés tout en insistant sur le traumatisme que tout ceci causa à ses enfants, la plupart en bas âge, qui y ont assisté.
Il a ensuite informé la délégation que son avocat, Me AGBAHE, a assisté aux cinq interrogatoires qui lui ont été faits à la Gendarmerie ainsi que celle qui a eu lieu au Cabinet du procureur de la République auquel il a été présenté ce mardi.
Enfin, il s’est étendu sur les seuls griefs qui ont été retenus contre lui à savoir les critiques qu’il a formulées lors des propos qu’il a tenus à l’occasion des débats sur le bilan des 61 ans d’indépendance du Togo. « C’est tout ! » a-t-il tenu à insister.
Pour sa part, la délégation a tenu à informer M. Djimon ORE des circonstances de sa création à l’occasion des arrestations de M. Gérard DJOSSOU et de Mme Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON et du Mémorandum qu’il a rendu public pour défendre les prisonniers politiques et exiger leur libération immédiate et sans condition. Puis elle lui a indiqué être venue s’assurer de la préservation de son intégrité physique et s’enquérir de ce qu’il a été torturé ou non, ce à quoi il a répondu n’avoir subi aucune violence physique depuis sa détention, informant également que les membres de sa famille se sont organisés pour lui rendre régulièrement visite et lui apporter à manger trois fois par jour, le matin, à la mi-journée et le soir.
Puis, la délégation a exposé le sens de sa démarche qui a pour objet de lui apporter concrètement un témoignage de solidarité et de soutien tout en l’assurant de la vigilance qu’il s’est engagé à observer dans le suivi des phases ultérieures de la procédure en cours à son encontre.
La délégation, après des mots d’encouragement et de compassion à son endroit, s’est retirée tout en remerciant les officiers de gendarmerie présents d’avoir favorisé cette rencontre.
A sa sortie, la délégation des quatre membres a rendu compte au reste de la délégation attendant à l’extérieur du SCRIC des échanges qu’elle a pu avoir avec M. Djimon ORE et les officiers de gendarmerie.
Tout en se félicitant de ce qu’il a pu être autorisé à rencontrer M. Djimon ORE, le Comité pour la libération de tous les prisonniers politiques du Togo, qui continue à voir dans l’arrestation et la détention de M. Djimon ORE, un acte arbitraire portant atteinte aux libertés d’opinion et d’expression et une tendance récurrente à la criminalisation de l’expression de toute pensée critique ou dissidente participant de l’instrumentalisation de la Justice togolaise, tient à saisir cette occasion pour renouveler :
— d’une part son exigence de voir libérer immédiatement et sans condition M. Djimon ORE, un responsable politique qui n’a fait qu’exprimer son point de vue dans un libre débat sur le bilan des 61 ans d’indépendance du Togo à l’occasion de sa commémoration ;
— d’autre part son appel au peuple togolais tant à l’intérieur du pays que de sa diaspora pour qu’il reste vigilant et mobilisé pour arracher la libération immédiate et sans condition de M. Djimon ORE et de tous les prisonniers politiques du Togo, libération pour laquelle il combat depuis sa constitution au mois de novembre 2020.
Fait à Lomé, le 6 mai 2021
Pour le Comité,
Le Coordonnateur,
Professeur David DOSSEH