Le Conseiller de Agbéyomé Kodjo arrêté le 17 mai dernier reste en détention. Paul Missiagbéto comparaissait vendredi devant le Tribunal de Lomé où une peine de 4 ans de prison a été requise contre lui.
Accusé de diffusion de fausses nouvelles, ce proche du candidat de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) voit son titre de détenu politique confirmé. Avec les autres personnes arrêtées dans le cadre des manifestations et autres, Faure Gnassingbé engrange une belle moisson de détenus politiques.
48 mois de prison ferme. C’est la peine requise contre Paul Missiagbeto, Conseiller de Agbéyomé Kodjo et ancien président de la Jeunesse du Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD), lors de sa comparution vendredi en correctionnelle devant le Tribunal de première instance de Lomé. Accusé d’outrage aux autorités et diffusion de fausses nouvelles, le détenu avait été arrêté manu militari le 17 mai 2021 à son domicile dans des circonstances dénoncées par ses proches. Il a ensuite séjourné une vingtaine de jours au Service central de recherches et d’investigations criminelles de la Gendarmerie nationale (SCRIC) avant d’être déposé. Le jugement sera prononcé le 27 août prochain. La détention politique est confirmée.
Même si les autorités judiciaires affirment le contraire, tout porte à croitre que Paul Missiagbéto est victime de la cabale lancée contre son parti et le candidat de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) depuis la dernière élection présidentielle. Déjà à son arrestation, les responsables de son parti ont évoqué un déni de droit et une détention abusive. « Comment peut-il être possible que le SCRIC s’ingénie actuellement à réprimer un homme politique qui relaie des informations dont il n’est pas l’auteur et déjà relayées par des milliers des personnes non inquiétées? », avait déploré le parti qui martelait qu’il s’agit d’une persécution politique aussi bien pour ce proche collaborateur du président du parti que de toute la DMK.
En effet, depuis le début de cette affaire, rien n’a filtré sur le ou les auteurs des informations relayées par Paul Missiagbéto. Qui sont-ils ? D’où opèrent-ils et à quelles fins ont-ils fabriquées ces fausses nouvelles ? La justice n’a apporté jusque-là aucune réponse à ces questions. Elle s’est visiblement limitée à la personne du Conseiller de Agbéyomé Kodjo, et la sentence annoncée ne fait que confirmer qu’il s’agit bel et bien d’une détention dont les raisons sont plus politiques que visant à faire justice aux personnes « blessées » par la diffusion de cette information.
« Toute personne qui publie, diffuse ou reproduit, par quelque moyen que ce soit, des nouvelles fausses aux fins visées à l’article 688 et toute personne qui refuse d’opérer le retrait immédiat de ces informations ou d’en rendre l’accès impossible est punie d’une peine d’emprisonnement d’un (01) à trois (03) an(s). L’auteur des nouvelles fausses visées à l’alinéa précédent est puni d’une peine d’emprisonnement de trois (03) à cinq (05) ans », renseigne l’article 665 du nouveau Code Pénal. En d’autres termes, l’auteur de l’information ayant conduit Paul Missiagbéto doit être lui-aussi recherché. Cela permettrait de « clouer le bec » à ceux qui estiment que le politique a été visé pour ses opinions.
Dans une autre dimension, cette détention fait ressurgir des doutes sur la volonté réelle de Faure Gnassingbé et ses collaborateurs de procéder à la libération des détenus politiques. Il est vrai que le gouvernement peut chercher à couvrir le temps de détention du prisonnier politique en le condamnant à une peine supérieure au nombre de jours passé en détention, mais avec la réquisition du Procureur général, on peut craindre le pire.
Cette affaire rappelle également le tristement célèbre dossier des incendies des marchés de Kara et de Lomé. La similitude dans ces deux dossiers se trouve dans le fait que les vrais coupables ne sont jamais inquiétés, mais pour des raisons purement politiques, d’autres personnes sont poursuivies, arrêtées et détenues dans des conditions déplorables. L’autre similitude, c’est qu’à l’image des détenus dans l’affaire des incendies, Faure Gnassingbé se constitue, avec les détenus de la génération 2017 une monnaie d’échange. On se rappelle que lors des négociations de 2018 sous l’égide de la CEDEAO, le pouvoir avait marchandé la libération des détenus politiques. La libération de personnes innocentes arbitrairement détenues avait été présentée comme une mesure de bonne volonté. On n’est évidemment pas loin du même scénario.
Source: Liberté