Jeudi 30 septembre dernier, l’insécurité grandissante à Lomé depuis plusieurs années a fait une nouvelle victime. Un jeune homme dans la fleur de l’âge dont le seul malheur a été d’aller retirer à la banque une quinzaine de millions de FCFA. Touché mortellement par ses ravisseurs, il a été admis au CHU Campus avant de rendre l’âme. A ce jour, officiellement, aucun des braqueurs n’a été arrêté. Pourtant, le drame s’est déroulé dans un rayon d’environ deux kilomètres du palais présidentiel, l’ambassade des Etats Unis, l’Etat-major des FAT et d’autres services et locaux hautement stratégiques.
Selon le film du drame déroulé dans un communiqué par le ministre de la sécurité et de la protection civile, il s’agit de deux malfrats parlant anglais qui ont attaqué deux employés d’une société de transfert de numéraire qui viennent d’effectuer un retrait d’argent et en escale à la CNSS pour un suivi de dossier. « À peine arrivés à l’entrée de la CNSS et alors qu’ils étaient en train de garer leur moto, ils ont été approchés par deux individus s’exprimant en anglais qui les ont intimidés avec une arme, leur intimant l’ordre de remettre le sac contenant une somme de quinze millions huit cent quatre-vingt-sept mille cinq cents (15.887. 500) francs CFA », a informé le ministre de la sécurité et de la protection civile.
Devant la résistance du porteur du sac (le nommé TCHINOU Elom, âgé de 32 ans, agent de transfert de numéraires), souligne le ministre, l’un des malfrats lui tire à bout portant à la poitrine avant de s’emparer dudit sac et de prendre la fuite avec l’aide du second binôme qui tirait des coups de feu en l’air pour repousser toute tentative d’intervention.
Évacué aux urgences du CHU Campus, le jeune homme atteint par balle, succombera plus tard des suites de ses blessures, a déploré le Général Yark Damehane. « Alertée des faits, la Police Nationale s’est immédiatement transportée sur les lieux aux fins de constatations. Une enquête est ouverte en vue de l’identification et de l’interpellation des auteurs de ce braquage », a-t-il ajouté. Mais comme bon nombre de togolais le savent déjà, les conclusions des enquêtes ouvertes après les braquages sont rarement communiquées. Un constat qui d’ailleurs ne fait que concourir à la dégradation de la situation sécuritaire préoccupante du pays.
L’évidence est donc que l’insécurité a pris une telle ampleur ces dernières années que les togolais semblent désormais s’habituer aux bruit des tirs des braqueurs. Mais le dernier épisode de jeudi a suffisamment montré que ces individus sans foi ni loi n’ont plus aucune crainte des dispositions sécuritaires du pays. Sinon comment les braqueurs ont-ils pu si facilement s’échapper d’un rayon fait d’immeubles hautement sécurisés ?
En 2018, pour justifier les retards pris par les forces de sécurité pour appréhender les braqueurs, le Ministre de la sécurité, Yark Damehame avait évoqué l’insuffisance du dispositif sécuritaire et des moyens. « Je préfère que vous dites insuffisances du dispositif sécuritaire. Maintenant il nous appartient en fonction de ce que nous enregistrons ces derniers temps de changer notre méthode de travail… La technologie rend aujourd’hui un peu difficile le travail de la police et de la gendarmerie. Avant il n’y avait pas de téléphone portable et on avait de quoi circonscrire certains événements. Aujourd’hui les gens peut-être par whatsapp se retrouvent. Et peut-être nos moyens sont en deçà de l’avancée de la technologie », a expliqué l’ancien directeur général de la Gendarmerie nationale. Est-ce à dire que depuis rien n’a changé alors même que la situation continue de se détériorer ? Chose curieuse, le Ministre avait également indiqué que plus de 90% des braqueurs sont connus des services de la gendarmerie et ont déjà fait la prison. La question qui se pose alors est de savoir également comment des individus reconnus récidivistes sont laissés dans la nature sans aucune surveillance et finissent par commettre des délits parfois pire que leurs précédents.
Tout compte fait , il semble que les braqueurs sont capables aujourd’hui de frapper n’importe où au Togo. Il nous souvient d’ailleurs, que l’année dernière, ils ont attaqué une société située à une centaine de mètres du ministère de la Sécurité et de la Protection civile. En août dernier, c’est le ministre de l’économie maritime, de la pêche et de la protection côtière, Edem Tengue, malgré sa garde rapprochée, qui a été braqué à son domicile par des individus jusqu’à présent officiellement non-identifiés. Ainsi va le Togo où les opérateurs économiques sont appelés à venir investir.
Source : Fraternité
Triste, en effet.
Ils dépensent des milliards de fonds publics pour l’armée et pour surveiller la population dans le seul but de maintenir ceux qui sont la, mais sont incapables de doter la police et la gendarmerie de moyens adéquats. Qui plus est, certains de ces “braqueurs” feraient partie des forces de sécurité de de l’armée.
Ces braqueurs sont des militaires, ne soyons pas naïfs !!!
J’ai entendu la même chose d’un ami togolais qui se trouvait à l’époque dans l’enceinte de l’ancien aéroport de Lomé le jour du spectaculaire et sanglant braquage de 2014, je lui ait dit mon scepticisme quand au fait qu’une poignée d’hommes armés se livrent à des tirs pendant 30 minutes dans la zone de l’aéroport qui pullule de policiers, gendarmes et militaires ont continué après du côté de Hedzranawoe avec leur butin colossal sans avoir subi de riposte ni même poursuivis avant de se volatiliser dans la nature ? Je vous rappelle que ce braquage inédit fût le précurseur d’une très longue série d’attaques à main armées inédites (le genre d’attaque qui ne se produisait jusque là qu’à Cotonou et Lagos) parfois très violentes comme le braquage quelques années après d’un bureau de change de commerçants maliens au marché d’Assigame qui a tourné à la boucherie avec 8 morts (essentiellement Maliens, Guinéens et Nigeriens) dont un membre du groupe de braqueurs rattrapé lynché par la foule.
Il m’a dit de source sûre que non seulement il y a certains membres des forces de sécurité qui flirtent avec les réseaux de grands braqueurs (togolais comme ressortissants des pays de la sous-région) pas comme exécutants directs mais comme soutiens logistiques (armes, informations, hébergement) mais aussi l’inefficacité chronique des forces de sécurité pour réduire considérablement ce phénomène est dû à une guerre des clans entre différents securocrates au sein du régime qui mine le bon fonctionnement du ministère de la sécurité.
Il m’a dit aussi que les dessous de ces attaques sont bien connues des limiers des forces de sécurité ainsi que leurs tenants et aboutissants mais que le ministère de tutelle ne communique jamais dessus car les révélations feront l’effet d’une bombe vu que les pistes établies vous font remonter jusqu’à de gros poissons dont les noms ne seront jamais révélés à l’opinion public tant les conséquences seront désastreuses pour l’état qui dépense sans compter pour organiser beaucoup de colloques, séminaires et conférences pour attirer toujours plus de gros investisseurs étrangers.