À plusieurs reprises, depuis plusieurs mois, nous n´avons pas cessé de tirer la sonnette d´alarme quant à la détention arbitraire de plusieurs dizaines de Togolais arrêtés pour des raisons politiques. Nous avons surtout, chaque fois que l´occasion nous le permettait, insisté sur les conditions inhumaines de détention qui sont les leurs. D´autres voix et canaux d´information togolais comme étrangers n´ont cessé de dénoncer l´abus de pouvoir du régime togolais, de partager la même inquiétude concernant les conditions de détention et surtout concernant la santé déficiente des détenus, et demander leur libération. Parmi tous ces malheureux dont la santé aujourd´hui laisse à désirer à cause des tortures subies et des mauvaises conditions de détention, Aziz Goma est sans nul doute le prisonnier politique dont la thématisation de l´état de santé était plusieurs fois à la Une de nos publications. Ce jeune homme bien portant avant son arrestation il y a presque trois ans, est aujourd´hui méconnaissable et est obligé de se déplacer à l´aide d´une chaise roulante. Son état était devenu si inquiétant ces derniers jours que son médecin traitant a dû le faire hospitaliser pour qu´il puisse bénéficier des soins appropriés.
Les différentes publications nous avaient renseignés sur les différents maux dont souffre l´Irlando-togolais Aziz Goma. Les actes de torture exercés sur ses membres inférieurs et principalement sur les orteils, les pieds, les talons et la plante des pieds sont certainement à la base des différentes maladies des nerfs dont il se plaint aujourd´hui. Les incessantes douleurs et surtout le gonflement des pieds avaient fini par inquiéter le patient Aziz lui-même et convaincre son médecin d´une hospitalisation en urgence. Alors depuis 4 jours le prisonnier politique Aziz Goma se trouve dans une clinique de la place pour des traitements plus intensifs. Rappelons que les frais occasionnés par son traitement sont à sa charge bien qu´il soit rendu malade en prison; et comme il est incarcéré et n´a plus de revenus, il est est obligé de compter sur sa famille restée en Irlande, et surtout sur des bonnes volontés amies dans la diaspora.
Nous avons tous en mémoire les noms des 7 prisonniers déjà morts en détention dont le dernier n´est autre que Kéliba Amadou Kassim. Si parmi les prisonniers décédés, Mourane Taïrou et Séybou Alilou ont trouvé la mort dans leurs cellulles suite aux tortures, Yakoubou Moutawakilou, SG du PNP-Kpalimé, également sauvagement torturé, succombera peu de temps après sa libération. Quant aux trois autres, Saïbou Moussa, Alassani Issaka et Soulémane Djalilou, hospitalisés au Cabanon du CHU Sylvanus Olympio, c´est là où ils rendront leur dernier souffle. Les détenus savent désormais que leur vie dépend de la bonne volonté de ceux qui avaient décidé de leur arrestation. Et comme nous venons de le démontrer sept (7) de leurs frères d´infortune ne sont plus de ce monde, dont trois furent hospitalisés au Cabanon du CHU.
Depuis vendredi l´inquiétude et la psychose se sont emparées des dizaines de prisonniers politiques, co-détenus de Aziz Goma. Pourquoi son médecin traitant a-t-il décidé de le faire hospitaliser? Le gonflement de ses pieds cache-t-il une autre maladie plus grave ou s´agit-il d´un mal passager? Voilà des questions que se posent les incarcérés politiques en faisant un effort pour ne pas penser au pire, et en souhaitant une prompte guérison à l´Irlando-togolais. Dans nos publications antérieures nous avions déjà évoqué l´état de santé de la plupart des prisonniers qui n´est pas des plus enviables. Allons-nous continuer à compter des morts, ou bien les autorités de fait du Togo ont-ils encore un brin d´humanité en eux pour enfin penser à leur libération?
Nous ne cesserons pas de dénoncer l´indifférence et l´hypocrisie des représentants des pays occidentaux chez nous. Les ambassadeurs d´Allemagne, des USA, de la France etc… ne peuvent pas dire qu´ils ne savent pas ce qui se passe d´inacceptable dans le domaine de la violation massive des droits de l´homme au Togo. Ou ont-ils décidé de regarder ailleurs pendant que les plus forts imposent leur loi aux plus faibles? C´est ça la civilisation et la démocratie dont ils se disent porteurs?
Samari Tchadjobo
Allemagne
Mr Tchadjobo, les mots nous manquent
Combien de morts faut-il encore, la vie n’est t-elle plus sacree sur la terre de nos aieux