Selon Amnesty International, l’interpellation et l’arrestation des journalistes togolais Ferdinand Ayité et Joël Egah constituent “une atteinte à leur droit à la liberté d’expression”. Voici la publication de cette ONG sur le sujet.
“Togo-La détention arbitraire de deux journalistes confirme la volonté de faire taire les voix dissidentes
A la suite de la détention le week-end dernier de deux journalistes togolais accusés d’outrage à l’autorité pour des propos tenus dans une émission diffusée sur YouTube, Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International a déclaré :
« La détention arbitraire des journalistes Ferdinand Ayité et Joël Egah est une atteinte à leur droit à la liberté d’expression. Les autorités cherchent à faire taire les voix critiques envers le pouvoir.
« Ils ont été placés en détention uniquement pour avoir tenu des propos dans l’émission « L’autre journal », diffusée sur YouTube, par lesquels ils critiquaient deux ministres du gouvernement actuel.
Ils ont été placés en détention uniquement pour avoir tenu des propos dans l’émission « L’autre journal », diffusée sur YouTube, par lesquels ils critiquaient deux ministres du gouvernement actuel.
« Ces arrestations ont eu lieu alors que la presse critique envers le pouvoir est fréquemment harcelée depuis le début de l’année. Elles interviennent également cinq mois après la révélation que le nom du journaliste Ayité faisait partie de la liste des personnalités togolaises susceptibles de faire l’objet de surveillance via le Projet Pegasus, Les journaux respectifs de Ayité et Egah ont par ailleurs été suspendus par les autorités, à plusieurs reprises.
« Les propos tenus par ces deux journalistes ne devraient pas fonder leur arrestation ni aucune poursuite pénale. Alors que les délits de presse ont été dépénalisés depuis près de 20 ans au Togo, la liberté de la presse est en danger dans le pays. Ferdinand Ayité et Joel Egah doivent être immédiatement libérés, et la mise sous contrôle judiciaire de Isidore Kouwonou doit être levée. »
Complément d’information
Ferdinand Ayité, directeur de publication du journal « L’Alternative », et Joël Egah directeur de publication du journal « Fraternité » ont été placés sous mandat de dépôt le 10 décembre après leur convocation et audition deux jours auparavant par la Brigade de recherche et d’investigation (BRI) à Lomé, la capitale togolaise, à la suite d’une dénonciation pour outrage à autorité et diffamation, et diffusion de propos mensongers, selon leur avocat.
Ils sont détenus dans les locaux de la BRI. Le présentateur de l’émission, Isidore Kouwonou, est accusé de complicité d’outrage à autorité, diffamation, et diffusion de propos mensongers, et a été placé sous contrôle judiciaire.
Les délits de presse ont été dépénalisés en 2004, mais l’article 3 du Code de la presse adopté en 2020 exclut les réseaux sociaux de son champ d’application. En revanche, le droit à la liberté d’expression est protégé par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples, que le Togo a ratifié.
Les sanctions contre des journaux critiques se multiplient depuis le début de l’année au Togo. Par exemple, le 9 mars 2021, « L’Alternative » a été suspendu pour quatre mois, après que la chambre administrative de la Cour suprême a confirmé la suspension imposée en février par la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HAAC). La sanction fait suite à une plainte d’un ministre concernant un article qui alléguait qu’il aurait falsifié des documents”.
Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International