LA CEDEAO, SURVIVRE OU DISPARAÎTRE ?

La CEDEAO est en pleine contradiction.


Au nom du principe de la souveraineté, la CEDEAO n’avait pas pu imposer, à Accra, à ses États membres, la limitation de mandat présidentiel. Le Togo et la Gambie avaient refusé.

Au nom du principe de la souveraineté, la CEDEAO n’a jamais rien dit dans l’organisation frauduleuse des élections dans les pays de son espace.

Quand la cour de justice prend des décisions, des États membres de la CEDEAO n’exécutent pas, la CEDEAO ne dit rien.

Et la Commission et la conférence des Chefs d’État défendaient aveuglément le principe de la souveraineté. Les cas du Togo (coup d’état constitutionnel, urnes volées pendant les élections, élections frauduleuses, feuille de route non respectée etc ) Côte d’Ivoire (coup d état constitutionnel, arguties juridiques, troisième mandat etc), Guinée (coup d’état constitutionnel, troisième mandat, violations des droits humains etc ) sont les plus récents et les plus emblématiques. Et dans tous ces cas, la CEDEAO, par sa Commission, la conférence des chefs d’État, a pris des décisions pour accompagner le maintien de l’ordre établi. Elle a été incapable de dire le droit et d indiquer la bonne voie.

Et aujourd’hui la même institution vient donner des injonctions au Mali et prendre des sanctions. Sur quoi se base-t-elle ?

L’injustice ne peut pas s’ ériger en norme.

Quand on prend connaissance des sanctions de la CEDEAO, on peut se demander :
Quelle est la nature de cette institution ?
Qui la dirige vraiment ?
Qui sont les donneurs d’ ordre ?
Est-ce une institution pour le bien-être des Etats de la sous région ?

Cette crise révèle le visage de l’institution qui après plus de quarante ans, ne sait toujours pas où elle va et manque de grandes et de vraies figures surtout au XXI e siècle.

C est, d’ailleurs, peut être la fin d’une institution qui est comme une coquille vide et qui a besoin d’être repensée sur de nouvelles bases.

Une intégration économique dans le cas d’espèce de la CEDEAO a nécessairement besoin d’une intégration politique. Et penser l’intégration politique ne peut pas faire économie de repenser le principe de souveraineté dans un espace politique plus grand.
La CEDEAO, tout comme l’UA sont des institutions à repenser. Ces institutions dénoncent le colonialisme mais gardent jalousement certains reliquats du colonialisme : les frontières problématiques, la souveraineté qui crée des micros États sans réel pouvoir. Ces institutions brandissent les idées de solidarité, du panafricanisme mais elles sont loin d’être des institutions panafricaines. Le formalisme a pris le dessus et elles sont des copies, mais pire encore de mauvaises copies de l’original.
Obéissant au principe de la zombification, pour employer les mots du Philosophe Ka Mana, elles travaillent pour d’autres. Sont-elles alors autonomes ? Que fait, par exemple, l’UEMOA dans l’espace géographique CEDEAO ? Et c’est cette UEMOA qui veut créer l’Eco pour remplacer le CFA ? On dirait que tout se dévoile.

La crise malienne n’est pas uniquement une crise interne aux maliens mais elle devient une crise sous régionale au plan institutionnel et elle peut être une chance si le Mali reste déterminé et soutenu par d’autres hommes et femmes visionnaires.

Le panafricanisme peut avoir une chance d’être repensé.

Si à vin nouveau, outres neuves, alors on ne peut pas penser la création d’espace politique plus grand avec les vieux principes non réinterprétés.
L’Afrique a une véritable chance d’offrir quelque chose au monde à condition de résister à la pensée par procuration et en questionnant son histoire et son patrimoine culturel et anthropologique.

Le principe de la souveraineté doit être repensé à de nouveaux frais sinon aussi bien la CEDEAO tout comme l’UA seront de simples outils manipulés par d’autres puissants.
Et c est dommage pour l’ Afrique.

Quand on lit les sanctions de la CEDEAO contre le Mali, on peut se demander si l’Afrique manque d’hommes et de femmes capables de conseiller véritablement nos chefs d’État pour des institutions libres et autonomes.

Quand l’écart entre le dire et le faire va continuer dans la vie des intellectuels, des universitaires qui sont souvent autour du pouvoir et dans la vie même des autorités alors nous aurons toujours des sociétés bloquées en Afrique, des sociétés qui manquent de vision et qui ne mettent pas le bien-être des citoyens au coeur de leurs préoccupations.

Ce qui se passe est grave et cela n’est pas un signe de renaissance africaine.

Mais, et si c’était le moment où Soundiata se relève ? Alors l’espoir d’une renaissance peut être au bout avec une nouvelle vision qui redonne tout son sens au politique et qui fait de la politique un plan pour organiser réellement un lieux vivre-ensemble.
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Roger Ekoué FOLIKOUE

0 thoughts on “LA CEDEAO, SURVIVRE OU DISPARAÎTRE ?

  1. Bravo à cette sortie qui explique clairement la situation sauf que les torchons et les serpillières sont dans la même machine à laver.
    Nous espérons à un début du bien faire de la CEDEAO avec ces sanctions

  2. Bravo à cette sortie médiatique sauf que les torchons et les serpillières sont toujours restés dans la même machine à laver et nous espérons à un début de “bien faire” de la CEDEAO tant décriée
    Wait and see

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