Le candidat de LRM (La République en Marche) s’engage à faire adopter dès l’été une loi sur le pouvoir d’achat, après sa victoire hier au second tour de la présidentielle en France.
En 2017, les premiers mois d’Emmanuel Macron à l’Elysée lui avaient permis, selon ses mots, de poser les bases de son ambition de « transformer en profondeur le pays ». Loi modifiant en profondeur le code du travail par ordonnances, remplacement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) par un impôt sur la fortune immobilière, baisse de l’aide personnalisée au logement de cinq euros par mois, ouverture de la SNCF à la concurrence…
Autant de réformes initiales qui ont marqué son quinquennat et fait le lit des critiques de l’opposition tout au long de son mandat. Alors cinq ans après, à quoi ressemblerait le début d’un second quinquennat d’Emmanuel Macron ? Sur la méthode, le président sortant a promis, durant sa campagne, qu’il souhaitait « changer dès le lendemain de l’élection » en « associant davantage nos compatriotes, dans la durée, en leur donnant une place comme véritables acteurs ». Il a même assuré avoir l’intention de mener « un nouveau grand débat permanent ».
Après une succession de crises, des « gilets jaunes » à la guerre en Ukraine, en passant par le Covid19, M. Macron estime que « la société est tellement fracturée, parfois désorientée », qu’il faut désormais « de la bienveillance » dans la mise en œuvre des « réformes de société ou économiques ». Ces dernières semaines, il a plaidé également pour davantage de concertation « au niveau local ». Sur le fond, Emmanuel Macron a défini plusieurs « chantiers prioritaires » qu’il souhaite lancer « dès cet été » ou au cours de l’année à venir, s’il est élu. Parmi ceux-là, la lutte pour le pouvoir d’achat, qui a été un des thèmes majeurs de cette campagne. M. Macron a promis sur TF1, le 13 avril, de faire adopter, « dès cet été, une loi exceptionnelle pour le pouvoir d’achat », qui permettra notamment de ré-indexer toutes les retraites sur l’inflation – située aux alentours de 4 % –, ou d’alléger les charges pour les indépendants.
Le candidat de La République en marche (LRM) promet aussi que ce texte contraindra les entreprises qui obtiennent de bons résultats à verser un « dividende salarié » par deux moyens : « soit de l’intéressement participation, soit le versement d’une prime de pouvoir d’achat ». Cette prime – également appelé « prime Macron » – avait été créée en 2019 pour répondre aux revendications des « gilets jaunes ». Elle permet aux employeurs de verser aux salariés gagnant moins de trois fois le smic une prime exonérée d’impôts pour le salarié et de cotisations sociales pour le patron. Elle était plafonnée jusqu’ici à 1 000 euros, M. Macron souhaite rehausser ce niveau jusqu’à 6 000 euros.
« Ristourne à la pompe »
Avec ces deux options, le candidat « veut faire en sorte que, lorsque les actionnaires s’enrichissent parce que l’activité est bonne, le patron soit obligé de verser soit un intéressement participation, soit la prime pouvoir d’achat jusqu’à 6 000 euros », atil expliqué sur France Bleu, le 14 avril. Pour lutter contre la hausse des prix de l’énergie, M. Macron compte aussi « maintenir un bouclier pour le prix du gaz et de l’électricité » et la « ristourne à la pompe » effective depuis le 1er avril « pour maintenir et tenir le prix du gazole et de l’essence si les prix devaient continuer à s’envoler ».
Sur cette question du pouvoir d’achat, M. Macron souhaite également augmenter, rapidement après son élection, celui des fonctionnaires. Alors que la ministre de la fonction publique, Amélie de Montchalin, avait annoncé en mars que le point d’indice, servant à calculer le traitement des agents, serait revalorisé « avant l’été », le président candidat souhaite aller plus loin s’il est réélu.
Sur Franceinfo, le 15 avril, il a annoncé que, « à l’été », le futur gouvernement sera chargé de « faire une réforme complète des grilles et de l’organisation de la fonction publique. Et ensuite, il y aura une revalorisation du point de telle sorte qu’il permette d’accompagner les éléments de pouvoir d’achat. » Ensuite, M. Macron compte lancer sa réforme des retraites, qui est l’une de ses mesures phares, mais aussi l’une des plus controversées de son programme.
Alors qu’initialement il souhaitait rehausser l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans et le faire dès la fin de l’été, le candidat a dû évoluer durant l’entre deux tours face aux critiques. Sur la méthode, d’abord, il souhaite désormais lancer la réforme plutôt « dès l’automne prochain » en privilégiant « la concertation avec les partenaires sociaux ». Sur le contenu, il souhaite repousser désormais de quatre mois par an l’âge de départ pour arriver à 64 ans « en 2027-2028 » et mettre en place « une clause de revoyure » pour examiner s’il faut aller jusqu’à 65 ans « à l’horizon 2031 ». Il ambitionne également, dans ce projet de loi sur le pouvoir d’achat, d’augmenter la « pension minimale de retraite à taux plein à 1 100 euros », contre 980 euros actuellement.
Une « nouvelle méthode »
M. Macron se fait plus flou sur les échéances de ses autres « chantiers prioritaires ». Dans une interview au Figaro, au début d’avril, il a promis de lancer les réformes sur l’école, la santé, l’autonomie et la justice « dès la première année », sans plus de précisions. Sur l’école et la santé, il promet, là aussi, « une nouvelle méthode » faisant appel à une « large concertation » des acteurs de ces deux milieux pour « adapter les solutions aux réalités de terrain ».
Pour l’éducation, M. Macron compte notamment augmenter « de manière significative » le traitement des enseignants et « définir avec eux de nouvelles missions ».
Et sur la santé, après deux ans de crise sanitaire, il promet de renforcer « la politique de prévention », « la simplification de l’hôpital et de sa gouvernance » et l’amélioration de « l’accès aux soins en urgence ».
Enfin, sur la diplomatie et les affaires étrangères, le chef de l’Etat sortant compte poursuivre la tradition des présidents élus en se rendant rapidement à Berlin pour rencontrer le chancelier allemand, Olaf Scholz. En mai 2017, il avait déjà réservé sa première visite à sa prédécesseure, Angela Merkel.
Source: Le Monde du Dimanche 24 et Lundi 25 Avril