Liberté de la presse : Le Togo, toujours le mauvais élève

“Malgré un paysage médiatique pléthorique, les médias d’Etat ont encore du mal à fournir des informations de service public au Togo. Le degré de liberté de la presse dépend de l’environnement politique”, a déclaré l’ONG française Reporters Sans Frontière (RSF), dont le dernier classement de la liberté de la presse indique que le Togo a nettement reculé cette année.

Avec 234 journaux et magazines, 94 radios et une dizaine de chaînes de télévision, le Togo dispose d’un paysage médiatique riche. Les journaux les mieux établis, comme le privé Liberté et le public Togo-Presse, ont le tirage le plus élevé. La seule chaîne de télévision publique, la Télévision Togolaise, a la plus grande audience. “Néanmoins, malgré l’abondance de médias, y compris l’apparition de nouveaux sites en ligne, la plupart d’entre eux fonctionnent sous une forte influence politique ”, a indiqué l’ONG.


Contexte politique

Selon RSF, la situation de la liberté de la presse au Togo dépend de l’environnement politique. “Lors des campagnes électorales, l’autocensure est particulièrement courante chez les journalistes, qui sont soumis à des pressions. L’État et les personnalités politiques exercent une forte influence sur le traitement de l’information. Le parti au pouvoir nomme tous les directeurs des médias publics, ainsi que le président de l’agence de régulation des médias”.

Cadre juridique

La liberté de la presse est reconnue et garantie par l’État. Depuis 2004, la loi sur la presse n’impose plus de peines de prison pour les violations, mais la loi est souvent contournée. Le langage adopté en 2020 garantit l’indépendance du journalisme et l’accès des journalistes à l’information, à condition de respecter les “informations classifiées de défense”. L’accès à l’information reste difficile pour les journalistes, en particulier ceux des médias privés qui critiquent les autorités, notamment en ce qui concerne l’actualité gouvernementale.

Contexte économique

Les médias sont confrontés à des problèmes financiers majeurs, une situation qui s’est aggravée avec la pandémie. L’Observatoire togolais des médias, autorité morale au plus haut niveau réglementaire, ne dispose pas des financements pour être véritablement efficace.

Contexte socioculturel

Bien que les journalistes puissent aborder presque toutes les questions sans crainte de représailles, ils préfèrent éviter les sujets considérés comme tabous, tels que la corruption, les affaires militaires, le président et sa famille.

Sécurité

La sécurité des journalistes reste une préoccupation au Togo, en particulier pour les journalistes d’investigation qui rendent compte de la corruption ou des affaires gouvernementales. Ils peuvent subir des représailles directes et graves, comme cela a été évident lorsque deux directeurs de publication ont été détenus pendant plusieurs semaines en 2021. Les journalistes subissent régulièrement des pressions ou se voient offrir des avantages pour adopter une position favorable à l’agenda du régime. S’ils résistent, ils font l’objet d’une surveillance intense, comme en témoignent les révélations de l’affaire Pegasus.

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