Sale temps au Togo ! Le quotidien du pays est rythmé par des morts atroces. Le grave accident de la circulation du 28 juin a coûté la vie à seize commerçantes à Bako. Elles qui étaient en route pour aller animer le marché de Gléï dans l’Ogou. A ce drame, il faut ajouter la bavure militaire du 10 juillet qui a ôté la vie à sept adolescents à Margba dans le Tône et le massacre du 15 juillet dans le Kpendjal précisément à Blamonga, Lalabiga, Bombengou, Sougtangou. Figurez-vous que le gouvernement jusque-là n’a pu déterminer exactement le nombre de victimes.
Les sources officielles ne parlent que d’une vingtaine de morts. Devant ce que les Forces Armées Togolaises qualifient « d’attaques complexes et coordonnées », on comprend aisément le grand malaise et la fatalité face à ces épreuves. Là, il faudra mieux s’armer, appeler à la solidarité du peuple pour vaincre l’ennemi invisible.
Concomitamment, il se joue sous nos yeux un mélodrame au sein de l’appareil judiciaire avec les Greffiers. Incontournables à tout point de vue dans la machine judiciaire, les Greffiers du Togo sont presque abandonnés à leur triste sort. Ravagés par le trop gros volume de travail avec des salaires trop dérisoires, ils meurent en silence. Pas plus que la semaine dernière, un autre s’en est allé : Me Tchedie Sama Essodjolo, Greffier à la Cour d’Appel de Lomé. Tout homme est mortel. Mais la précarité dans laquelle baigne ce corps est alarmante et faire dire que certains auraient pu être sauvés.
Et que dire qu’il suffit de voter leurs statuts particuliers toujours dans les placards de l’Assemblée Nationale pour faire avancer un peu leur cause. Pourtant, les textes de la République sont assez clairs et explicites : Article 84 de la Constitution : «La loi fixe les règles concernant : l’organisation des tribunaux judiciaires et administratifs et de la procédure devant ces juridictions, le statut des magistrats, des officiers ministériels et des auxiliaires de justice ».
Le greffier est un auxiliaire de justice. Article 4 du Statut Général de la Fonction Publique : « Le présent Statut Général ne s’applique : ni aux magistrats, officiers ministériels et auxiliaires de justice dotés de statuts spéciaux ou autonomes fixé par la loi conformément aux dispositions de la constitution ». Les Greffiers qui jusqu’ici n’ont pas leurs Statuts particuliers sont finalement régis par quel texte? Où sont les statuts particuliers des Greffiers ?
Après avoir déployé les gros moyens pour les faire taire, ces Greffiers sont pour la plupart à bout de souffle et souffrent en silence jusqu’à l’irréparable. Pourtant, la solution est bien à portée. Vivement que le gouvernement mette fin au chemin de croix des Greffiers. Savez-vous au moins que sans Greffiers, pas de procès ?
Honoré ADONTUI/Titre Original: Les Greffiers togolais n’en peuvent plus